ENVIRONNEMENT- INFORMATIONS
PRATIQUES- RISQUE SISMIQUE EN ALGERIE- CGS
Suite au séisme de Chlef du 10 Octobre 1980, le Centre National de Recherche
Appliquée en Génie Parasismique (C.G.S) a été créé par le décret 85-75 du 13
avril 1985 ; il est devenu opérationnel en janvier 1987, sous tutelle du
ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, avec pour missions principales de
Développer la recherche dans les différents domaines du génie parasismique,
d’Entreprendre les études nécessaires pour l’évaluation et la réduction du
risque sismique, de contribuer au développement et à la diffusion de la
réglementation technique de la construction et en particulier la réglementation
parasismique et, enfin, d’informer et former les cadres techniques nationaux à
la pratique du génie parasismique et de la réduction du risque sismique. En un
mot, le CGS, au travers d’activités de recherches, d’études d’évaluation et de
réduction du risque sismique, de formation et d’information, servait de «pivot»
et de référence concernant la réduction du risque sismique au niveau national.
Par ailleurs, le CGS a été chargé de réaliser des laboratoires dotés
d’installations d’essais performantes pour développer la recherche
expérimentale en génie parasismique inexistante en Algérie. (ces
laboratoires, situés à Sebala, El Achour, sont
opérationnels depuis 2011). Le Centre a un statut d’Etablissement public à
caractère Scientifique et Technologique (EPST). Il est organisé en quatre
divisions de recherche (Aléa sismique, Microzonage
sismique, Génie Sismique, Réglementation et Réduction du Risque Sismique) et
deux départements logistiques. (Administration et Finances, Technique). Il
compte un effectif global de 140 agents, dont 52 chercheurs et 28 ingénieurs,
et dispose d’équipements scientifiques d’une valeur de l’ordre de 2 milliards
de dinars. Dans le domaine de la recherche en génie parasismique, le Centre a
produit depuis 1987 plus de 350 publications ou rapports de recherche sur les
thèmes liés au génie parasismique et à la Réduction du risque sismique en
Algérie. Le C.G.S gère le réseau national d’accélérographes déployé à travers
les zones sismogénes du nord du pays pour enregistrer
les mouvements sismiques. Ce réseau compte aujourd’hui 300 stations
installées qui ont permis la collecte d’environ 900 enregistrements de séismes
et de leurs répliques, contribuant ainsi à la constitution d’une première
banque de données accéléromètriques nationale. Par
ailleurs, un réseau complémentaire de sismographes et d’appareils mobiles a été
acquis pour une meilleure caractérisation des séismes qui se produisent en
Algérie. Ce réseau, déployé dans la région de Boumerdès
pour enregistrer les répliques du séisme du 21 mai 2003, a permis de localiser
exactement la position de la faille en mer. Toutes ces études et l’exploitation
des enregistrements ont permis au C.G.S d’affiner la carte nationale de zonage
sismique ainsi que la détermination des forces sismiques de calcul figurant
dans les règles parasismiques algériennes RPA. En matière d’élaboration de la
réglementation technique de la construction, le C.G.S a procédé aux différentes
révisions des règles parasismiques algériennes (1988, 1999 et 2003). Il a
élaboré 28 DTR (Documents Techniques Règlementaires) relatifs à la conception,
au calcul et à l’exécution des constructions et a procédé à l’actualisation
(révision) de certains d’entre eux. Par ailleurs, il a produit 4 guides
techniques relatifs aux maisons individuelles en zones sismiques, aux méthodes
de réparation et de renforcement des bâtiments, aux constructions sur sols
gonflants (Wilaya d’Illizi) et à l’information du public sur la conduite à
tenir en cas de séisme. Dans le cadre de l’élaboration des plans d’occupation
des sols (POS), le C.G.S s’est vu confier et ce, depuis 2001, une mission
d’audit technique des études géotechniques d’urbanisation réalisées par les
laboratoires. Ces audits ont permis d’améliorer progressivement la qualité des
résultats notamment en relation avec les prescriptions du règlement
parasismique. Les informations collectées ont aussi permis de créer une banque
de données géotechniques. A ce jour, plus de 600 études géotechniques ont
été auditées.
La réalisation des laboratoires du CGS est pour beaucoup dans l’évolution de règles
parasismiques. Les équipements installés comportent, entre autres, une table
vibrante (ou simulateur de séismes) capable de reproduire des séismes réels et
d’étudier leurs effets sur des modèles réduits de structures pesant jusqu’à 60
tonnes ainsi qu’une dalle d’essai et un mur de réaction permettant d’étudier
dans le détail des modèles de structures à échelle réelle soumis à des charges
dynamiques. L’exploitation de ces laboratoires permettra de développer
l’approche expérimentale, indispensable à une meilleure compréhension des causes
et des mécanismes complexes à l’origine de l’endommagement des structures (et
en particulier des systèmes constructifs utilisés en Algérie) soumises aux
effets dynamiques d’origine sismique. Les résultats de cette expérimentation
permettront en particulier aux chercheurs nationaux d’adapter la réglementation
parasismique aux conditions spécifiques qui contrôlent la construction en zone
sismique et de réduire les pertes humaines et matérielles des événements à
venir. Au regard des performances techniques de niveau international des
équipements installés, ces laboratoires sont uniques en Afrique et dans le
monde arabo-islamique. Il est à signaler que ce projet de laboratoires avait
fait l’objet d’un parrainage des ministres arabes de l’Habitat et de l’Urbanisme,
réunis à Alger en avril 1982. Ce parrainage s’est traduit, par la suite, par
l’octroi d’un prêt du FADES de 11 millions de dollars US pour l’acquisition des
équipements. Dans ce cadre, ces laboratoires ont une vocation et un caractère
arabe et méditerranéen, et ont une potentialité à servir à une échelle
régionale, voire internationale. Il y a lieu également de signaler que c’est en
tenant compte de la réalisation de cet investissement stratégique que l’Algérie
a proposé et obtenu la création du «Centre Arabe pour la prévention du risque
sismique et des autres catastrophes naturelles», avec siège à Alger, en
escomptant une forte interaction de ces deux institutions au profit de toute la
région arabe. La disposition de ces nouveaux moyens de recherche expérimentale
donne à la recherche nationale en génie parasismique et au domaine de la
construction une nouvelle dimension et de nouvelles perspectives de
développement.
Les bâtiments déjà construits auxquels
s’intéresse le CGS pour étudier leur vulnérabilité au séisme sont les bâtiments
dits ‘’stratégiques’’, c'est-à-dire ceux qui, non seulement ne doivent pas
s’effondrer en cas de séisme, mais ne doivent subir (éventuellement) que des
dommages légers et rester fonctionnels (opérationnels) pour permettre aux
services qu’ils abritent de participer pleinement à la gestion de crise et aux
opérations de secours, sauvetage et mise à l’abri. Il s’agit des
bâtiments administratifs principaux, des casernes de la protection civile et
des services de sécurité, des hôpitaux et infrastructures de santé, centres de
télécommunications, etc. Au vu des coefficients de sécurité beaucoup plus
importants pour ce type de bâtiments par rapport aux ouvrages courants, et vu
que la plupart d’entre eux ont été construits avant la promulgation des règles
de construction parasismique, la majorité d’entre eux sont classés comme
«vulnérables» et font l’objet de recommandations en fonction de critères
technico-économiques et de faisabilité, telles que les bâtiments à démolir et
reconstruire, à renforcer, en donnant une esquisse de renforcement, avec coût
approximatif, à développer ultérieurement par un bureau d’études spécialisé et
à évacuer par les services ayant une ‘’fonction stratégique’’ et à affecter à
une fonction ‘’non stratégique’’». Pour ce qui est des ouvrages de travaux
publics, il y a lieu de signaler qu’un règlement parasismique pour les ouvrages
d’art ‘’RPOA 2008’’ a été promulgué en 2009 et sert depuis lors à la conception
et au calcul de dimensionnement des ponts neufs en zone sismique. Auparavant,
il était tenu compte de l’effet des séismes par le biais de formules
forfaitaires donnant de manière simplifiée les forces horizontales de calcul
dues au séisme. Les ponts sont aussi classés, entre autres, en fonction de leur
importance dans l’acheminement des secours en cas de séisme majeur dans la
région considérée et de considérations liées à la redondance des moyens de
communication terrestres.
Pour l’ensemble des constructions neuves faisant intervenir
les acteurs traditionnels de l’acte de bâtir, à savoir, le propriétaire ou
maître de l’ouvrage, l’entrepreneur, le bureau d’études concepteur et maître
d’œuvre en charge du suivi de la réalisation, et le CTC (Organisme de contrôle
technique de la construction), les règles parasismiques et les autres
règlements techniques applicables sont globalement respectés, avec néanmoins
quelques insuffisances au niveau de la qualité d’exécution des ouvrages.
Concernant les constructions dites ‘’individuelles’’, celles ayant eu,
conformément à la loi 04-05 d’août 2004 modifiant la loi sur l’urbanisme et
l’aménagement de 1990, un permis de construire régulier avec des plans
d’architecture et de structure signés par un architecte et un ingénieur génie
civil agréés, se voient, à priori, créditées d’une bonne probabilité de
conformité aux règlements de conception et calcul en vigueur. Restent des
doutes légitimes quant à la qualité d’exécution du fait que les
‘’auto-constructeurs’’ font rarement appel au concours de techniciens ou
ingénieurs pour assurer le suivi de réalisation. Pour ce qui est des
constructions illicites, donc réalisées sans permis, elles font rarement, ou
insuffisamment, appel aux professionnels. C’est un pari risqué, car elles
constituent le gros contingent des constructions vulnérables au séisme.