HISTOIRE-
PERSONNALITES- MESSALI HADJ
(c) par Abdelkader Guerine, écrivain /Le
Quotidien d’Oran,, samedi 8 décembre 2018. Extraits
Messali El Hadj
est un homme politique algérien de la première heure. Il est né à Tlemcen le 16
mai 1898. Son grand-père maternel était cadi et membre de la confrérie des
Derkaoua. Son père, cordonnier de fonction, est d'origine koulouglis (d'un père
turc et d'une mère algérienne). Sa mère, elle, est issue d'une famille
d'origine andalouse. Les Messali étaient des fermiers qui possédaient une
propriété de quelques hectares. Messali El Hadj travaillait la terre lors de
son jeune âge.............
À sept ans, il est inscrit dans une école primaire française. Selon son père,
en apprenant le français, son enfant pourra se défendre vis-à-vis des Français
pour demander ses droits. Depuis son enfance, Messali a des capacités
d'observation et de mémorisation importantes. En 1916, il quitte l'école, il
s'attache au sport et à la musique. Il continue toujours de passer à la zaouïa
Derkaoua. En 1917, il effectue son service militaire à Bordeaux avant de migrer
à Paris après la Première Guerre mondiale. Là, il fréquente le Parti communiste
français (PCF) et se marie avec une Française, Émilie Busquant, qui sera sa
compagne pendant tout son parcours de militant. Ils auront deux enfants : Ali
(1930-2008) et Djanina (1938).
Vite, il quitte le PCF......... Il fonde alors l'Etoile Nord-Africaine avec un
ensemble d'émigrés intellectuels. C'est une association qui défend les droits
des peuples maghrébins qui vivent sous la domination de la France. Messali est
élu président de l'ENA en 1926. ...........................................En
1927, Messali dresse la base d'un programme étendu pour l'ENA avec d'autres
compatriotes, en voici les points les plus importants :
- L'indépendance totale des trois pays, Algérie, Tunisie et Maroc.
- L'unité du Maghreb.
- La terre aux fellahs.
- Création d'une assemblée constituante au suffrage universel.
- La remise en toute priorité à l'État des banques, des mines, des chemins de
fer, des ports et de tous les services publics que détenait la France.
Le sigle de l'ENA porte les couleurs et l'étoile du drapeau national actuel.
L'emblème national sera confectionné par l'épouse de Messali et brandi
plusieurs fois lors de manifestations pacifiques au cours des années suivantes.
Devenue gênante pour les autorités françaises, l'ENA est finalement dissoute en
1936. .........
Messali crée le Parti du Peuple Algérien (PPA) en 1937. Le PPA garde les
grandes lignes du programme de l'ENA. Plusieurs fois mis en garde-à-vue,
malmené et emprisonné par la police française à cause de ses opinions opposées
à leur ambition colonialiste, Messali devient un ennemi politique et un danger
public pour l'Etat. Le PPA est finalement interdit d'action, mais ses membres
continuent d'activer dans la clandestinité. Ils lancent l'Organisation Spéciale
(OS) qui sera la branche armée du PPA. .....................................
A
la fin de la 2ème Guerre mondiale, Messali est placé en résidence surveillée,
puis transféré à Brazzaville en 1945. .......................................................
Après l'interdiction du PPA, Messali met en place le Mouvement pour le triomphe
des libertés démocratiques (MTLD) en 1946. Ce parti constitue le vivier dans
lequel vont naître les cadres de la lutte de libération nationale. ....................................................Des
éléments de cette école veot se détacher
du chef pour créer le Front de Libération Nationale (FLN) et passent à
l'offensive un certain 1er novembre 1954. Il s'agit de Boudiaf, Krim Belkacem,
Rabah Bitat, Benbella, Khider, Aït Ahmed, Ben Mhidi, Ben Boulaïd et Didouche
Mourad. Ces chefs historiques ont jugé que Messali était trop légaliste,
pacifiste, modéré, alors que tous les ingrédients pour passer au combat étaient
disponibles. Ils se plaignent de surcroît de sa méthode individualiste, de son culte
de la personnalité et de son pouvoir abusif. Mostefa Ben Boulaïd ne réussit pas
à le convaincre pour rejoindre le groupe des révolutionnaires malgré son
insistance répétée..............................................
Après l'éclatement des attentats de novembre 1954, Messali salue ces événements
en disant : «La Révolution el moubaraka est là, il faut l'aider, la soutenir et
adhérer pour qu'elle ne s'éteigne pas, sans se poser la question qui a donné
l'ordre». Mais son approbation n'était que subjective, car le leader n'a jamais
admis qu'une révolution algérienne puisse se produire sans sa présence, sans
qu'il n'en soit le meneur. C'est alors qu'il fonde le Mouvement National
Algérien (MNA), une organisation armée à caractère socialiste, pour concurrencer
le FLN, politiquement et militairement. Cependant, le refus du MNA de se
dissoudre dans le FLN entraîne la rupture entre les deux organisations. Une
lutte fratricide entre «messalistes» et «frontistes» débute au sein même du
mouvement de libération, extrêmement sanglante tant en Algérie qu'en métropole.
Le bilan de la guerre entre «frères ennemis» a fait 10 000 morts et 25 000
blessés dans les deux camps. Le gouvernement français tente cependant de
profiter des rivalités internes du mouvement nationaliste algérien.
Par ailleurs, Messali s'est toujours revendiqué comme le symbole du combat des
Algériens. En 1955, il adresse un mémoire et des lettres à la Ligue arabe, à
l'ONU et aux États-Unis pour rappeler son rôle historique et tenter de
récupérer la guerre d'Algérie. Mais son action diplomatique n'eut pas la
reconnaissance de ces nations. ................................... ;
La domination du FLN entraîne la marginalisation progressive de Messali, la
dispersion de ses partisans, puis l'étouffement total du MNA. Conséquemment, il
perd peu à peu son influence dans l'échiquier politique. Sa dernière tentative
était son essai de faire participer le MNA dans les négociations pour
l'indépendance en 1961. Mais le FLN s'y est catégoriquement opposé.
Observé comme un personnage controversé, Messali sera assigné à résidence à
Angoulême en France, avec interdiction de retour en Algérie. .........................................................................
Après l'indépendance, le FLN «jette un voile pudique» sur cette guerre entre le
MNA et le FLN. Officiellement, Messali El Hadj ne sera pas jugé. Il demandera
et obtiendra sa nationalité algérienne en 1965, mais son passeport algérien ne
lui sera accordé que vers la fin d'avril 1974, au moment où son état de santé
se dégradait. Messali décède à Gouvieux en France, le 3 juin 1974, sans avoir
pu revoir son pays natal. Il sera rapatrié et inhumé le 7 juin à Tlemcen.
Messali El Hadj a été réhabilité par le président Abdelaziz Bouteflika en 2007.
L'aéroport de Tlemcen est rénové et porte actuellement son nom.