Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Roman Karim A. Bouayed- "Le berger errant"

Date de création: 08-12-2018 12:24
Dernière mise à jour: 08-12-2018 12:24
Lu: 1251 fois


POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN KARIM A. BOUAYED- « LE BERGER ERRANT »

Le Berger errant. Roman de Kamal A. Bouayed. Enag éditions . Alger 2016, 300 dinars,107 pages.

Une histoire incroyable mais vraie....selon l’auteur qui affirme l’avoir tirée de faits réels.

C’est l’histoire –incroyable- d’un encore jeune migrant, Amghar,  venu du Niger et travaillant à Djanet déjà depuis deux ans, et déjà presque parfaitement « intégré ».

Un soir, autour du feu (du camp touristique où il est employé comme aide-cuisinier) éclairant la cérémonie habituelle du thé, il  raconte......

Il raconte sa vie misérable entre un père alcoolique et une mère maltraitée.....

Il raconte le départ vers l’inconnu de ses deux grands frères qui n’ont plus donné signe de vie.....

Il raconte le meurtre de son père, n’ayant pas supporté qu’il continue à battre et à violer sa maman......une belle femme devenue, au fil des coups et après avoir accouché de huit enfants, une « vieille plante sèche »

Il raconte sa fuite à travers le désert emportant avec lui un maigre troupeau, deux chèvres, un bouc, deux moutons et deux brebis, une grosse gourde d’eau, des morceaux de viande séchée, un vieux manteau et un énorme couteau......

Il raconte sa longue, sa très longue marche...et la solitude au cœur du Sahara.....parlant aux siens, « dans l’imaginaire », engageant des conversations dans l’obscurité. « C’était ça ou sombrer dans la folie »

Il raconte sa vie de « Berger errant » durant cinq années, fuyant toute relation humaine (la peur d’être arrêté mais ,aussi, il avait choisi volontairement l’isolement devenant un « fils du désert »).......années faites d’épreuves (les vents de sable, le « grand vent » -al rih al ‘akim-,  les animaux sauvages comme les serpents, les scorpions, les chiens sauvages, les grands fennecs, les chameaux sauvages, les pillards et les contrebandiers...et même le terrorisme) et  de souffrances (la faim, la soif, la peur..)  mais ,aussi, de découvertes fabuleuses concernant aussi bien les animaux de son troupeau , un troupeau parti avec lui encore très jeune, à peine quelques mois d’âge (« on apprit à nous connaître, à nous supporter et même à nous aimer. »....car , il fallait s’unir pour mieux résister ou faire cavalier seul et se diriger droit vers une fin inéluctable) que  les difficultés.... et les beautés naturelles alors insoupçonnées du Ténéré,  un des plus durs déserts du monde  .Il y a, aussi, les peintures rupestres dans des grottes éloignées de la route traditionnelle.....montrant souvent des « bergers errants ».

Il raconte , aussi, berger errant (qui sait lire, il faut le rappeler) devenu « philosophe autodidacte », les longs moments de méditation......sur le sens de la vie , le destin , le « Mektoub »  de l’homme et l’existence de Dieu , durant le meilleur moment de la journée, la nuit....lorsqu’autour du feu, « on demeurait le regard fixe, dans un grand silence, hypnotisés par les flammes qui dansaient »

Il raconte , enfin, son retour à la maison......Parti cinq années plus tôt, en tant que jeune désemparé, il y revient –accompagné de trois animaux rescapés de l’aventure quiquennale – transformé en homme.

Mais, il est  assez vite rattrapé par le quotidien de la vie misérable de son village, tournant en rond.....Il ira tenter une autre aventure....à Djanet.

 

 

 

 

 

 

 

L’Auteur : Ingénieur et docteur en économie. Déjà auteur de deux romans dont « Le dernier des livres » (présenté in Médiatic fin 2017)

Extraits : « Le ciel a été mon toit, le sable fin mon chemin, le vent incessant ma musique, le soleil impérieux ma foi et l’immensité du vide ma raison... » (p 25), « La survie dans le Sahara était la même quelle que soit la partie où l’on se trouve » (p 45),  « Un berger errant part toujours tout seul pour son grand voyage, son aventure. En fait, vivre dans la solitude la plus absolue est l’essence même de son désir ardent de quitter sa maison et, poussé par une force irrésistible, de tout abandonner pour un mystérieux idéal » (p 46), « Cela va de soi que le maktoub avait planifié jusqu’au moindre détail le chemin de mon existence, mais je me rendis compte alors que je devais garder les yeux grands ouverts et lire ce qui était écrit sur les pages du livre de ma vie » (p 95)

Avis : Un tout petit livre qui raconte une grande aventure humaine ; celle invisible, celle de tous les jours de bien des « damnés de la terre ».Mais, trop de coquilles. Une tendance de plus en plus lourde au niveau de notre édition (de langue française) :c’est comme si la qualité technique de la langue est le dernier des soucis, offrant ainsi au lecteur francophone averti, algérien ou étranger, une piètre image de la qualité des produits éditoriaux. Comme si les grosses fautes commises au niveau des enseignes commerciales ne suffisaient pas !

Citations : « Au fond du Sahara, au cœur de ce désert où la vie n’est pas invitée, où le passé et le futur n’existent pas, où l’âme se confond au paysage inerte, même si on laisse les empreintes de sa misérable conscience sur le sable chaud et doré, il n’y a absolument personne à qui raconter les tourments de sa propre solitude » (p 31), « Le jour du départ d’un berger errant est un grand jour. On dirait un hadj qui va pour un long voyage à la Mecque » (p 47), « Le désert a finalement raison des âmes les plus hardies et les corps les plus résistants. On ne le provoque jamais, on le respecte, on le craint. Si on veut lui survivre, il faut suivre docilement ses lois, sa routine, ses conditions » (p 69), « La solitude est la conséquence d’un fait non choisi tandis que l’isolement est un choix voulu » (p 96).