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Récit Mohamed Balhi- "Dey Hussein, dernier souverain d'El Djazair...."

Date de création: 06-12-2018 18:31
Dernière mise à jour: 06-12-2018 18:31
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HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT MOHAMED BALHI- « DEY HUSSEIN, DERNIER SOUVERAIN D’EL DJAZAIR.... »

Dey Hussein, dernier souverain d’El Djazair, 1818-1830. Récit historique de Mohamed Balhi, Anep Editions, Alger 2018, 241 pages(dont 76 de  photographies et reproductions de tableaux de peinture d’époque), 1 250 dinars.

 

Hussein, fils d’El Hassan est né sous le règne de Moustapha III, durant la sixième guerre russo-turque (1768-1774) , en février 1768,  à Sandoukly, en Asie Mineure, de parents ayant une situation aisée ; son père, un Turc, était un officier d’artillerie. Il a passé son cursus scolaire dans sa ville natale avant de rejoindre, à l’âge de vingt-quatre ans, Constantinople (Smyrne....ou Izmir) , pour s’engager dans le corps des topchis et gombarradjis, ces canonniers et bombardiers qui constituaient la force de frappe du sultan Selim III.

Alger, 1817/1232 ! Janissaire célibataire (il y a, au 14 juin 1830,date du débarquement français,  15 141 janissaires dont 7 674 Turcs et 7 467 Koulouglis)  , il est élevé au deylick de la Régence. Mai 1818/1232, l’ancien Khodjet el-Kheyl est nommé Dey

1830 : Il a soixante- six ans, une longue barbe blanche, une petite stature et un embonpoint certain. Ce n’était pas un monarque jouisseur et brutal.  Il était pieux et tolérant. Très (ou trop) opiniâtre (c’est ce qui a « entraîné sa ruine » selon Bensamoun, le gérant du consulat de Toscane à Alger)  . Il est vrai qu’il s’était assuré une certaine stabilité  après avoir assisté, depuis son arrivée à Alger,  à une succession ininterrompue de huit deys...et à un nombre impressionnant de beys de l’Est morts assassinés (18 sur un total de 25 pour Constantine)

30 avril 1827 :une journée houleuse et déterminante pour l’avenir de l’Algérie. Il y a le fameux « coup d’éventail ». En fait, « un coup de la tapette à mouche »..... Un incident provoquée par le consul Deval (un homme de « moralité douteuse, un proxénète....qui s’acoquina longtemps avec le Dey » selon William Shaler )  pour faire monter la tension entre les deux pays. Blocus français de trois ans .Et, il paraît que le bey de Tunis –mais pas le peuple tunisien et encore moins les populations locales qui s’apprêtaient à résister - savourait en secret sa joie de voir amoindrie un voisin jugé « bien insolent et arrogant ».Et, il aurait été même sollicité pour avoir sous sa coupe , pour le compte de la France, les provinces de  Constantine et d’Oran.....

14 juin 1830 : les troupes françaises débarquent à Sidi Fredj.40 000 hommes ;

5 juillet 1830, 9 heures du matin : jour sombre pour la Régence. Tractations et capitulation du Dey. Le long blocus avait réduit ses forces, diminué les ressources et suspendu les opérations maritimes .De plus, une très mauvaise stratégie de défense face à l’invasion (le Dey « était trop confiant en sa puissance » et en son gendre, Ibrahim Agha, devenu chef militaire bien  « nul en stratégie militaire » et n’avait pas écouté les conseils de Ahmed Bey ) et de résistance à l’ennemi car il y a eu « la  perte des valeurs militaires de la régence à la suite de recrutements de criminels devenus des soldats parmi les janissaires  »  (selon Hamdan Khodja) ....et, bien sûr,  comme toujours, pas mal de trahisons ou de ralliements à l’envahisseur (Bourkaib, Khodja, Bouderba, Ben Guechoute, Belkoubabti......) .

La nuit coloniale avec ses tueries et ses pillages venait de commencer dans  le non-respect total de la parole donnée....... et alors que les Turcs  sont, pour la plupart (d’abord les célibataires) renvoyés en Anatolie, que les corsaires s’exilent à Tétouan (nord du Maroc) entre autres,  le Dey , après s’être « réfugié » à Dar el Hamra (la maison qu’il avait faire construire à la basse Casbah et qu’il habitait avant d’être dey) avec sa famille   s’en ira ...à Naples , avec 72 personnes dont 40 femmes (où « il fit grande  sensation ») , puis à Livourne (« hébergé dans la villa de Bushnac et Bacri ») . Il visitera Florence, Pise (« invité à un dîner dansant »)  ,  puis  Paris (où « il ira à l’Opéra »...et «  demandera  réparation  et un chèque à titre de pension, mais sa demande fut rejetée ») puis , le 17 septembre 1833, à Alexandrie  avec seulement 32 personnes à sa suite.

 Fin de course. Il y meurt –au sortir de la mosquée où il a été faire sa prière - le 30 octobre 1834 (ou 1838)....sans descendance mâle....et sans ( on ne le sait pas exactement) avoir eu le temps d’accomplir un Hadj.

A noter que toute la famille était inscrite au consulat de France au Caire sur le registre des « protégés français »

Le reste de l’Histoire appartient aux Algériens .

 

 

L’Auteur : Natif de Biskra, sociologue de formation, longtemps journaliste (dont « Algérie Actualités ») , éditeur (Anep) ... auteur de plusieurs ouvrages consacrés au patrimoine et à l’histoire

Extraits : « L’île aux mouettes, en phénicien, puis Al –Djazaeir, les îlots en arabe et, enfin, en turc, Gezayir-i Garp pour désigner la Régence d’Alger » (p 17), « La chute d’Alger n’a épargné ni hommes ni biens ;les prémices de la colonisation, la vraie, ont été désastreuses pour la ville et ses édifices les plus symboliques » (pp 27-28),   « L’éventail, en réalité un chasse-mouches..... » (p 111)  , « Ibn Abi Dhiyâf déplore le sort dramatique engendré selon lui par le régime turc à Alger qui, en refusant de s’intégrer dans le pays  et en maintenant les autochtones à l’écart du pouvoir, a conduit le pays à sa perte » ( Hamdan Khodja , p 133)

 Avis : Ouvrage très (trop ?) bien documenté, aux références précieuses.....mais  peut-être trop nombreuses et trop longues. Ce qui est sûr, c’est qu’on en apprend des choses.....non sur le peuple algérien mais sur la Régence et sur la gouvernance.

Citations : « L’encre du traité est à peine fraîche que les premiers abus commencent » (p...)  , « Un dey d’Alger est, de son vivant, le monarque le plus absolu et le mieux obéi du monde ;mais son règne est toujours précaire, et pour lui, une mort naturelle est un accident » (Selon William Shaler, Paris 1830, p 49) « Alger est tombée en 20 jours, mais le pays n’a été conquis qu’après 50 ans de résistances farouches » (p 167)