ENERGIE- MINES- PHOSPHATE- GISEMENT
BLED EL HADBA/TEBESSA
Un accord de
partenariat entre les groupes Sonatrach et Asmidal-Manal et les groupes
chinois dirigés par la société Citic pour la
réalisation d’un projet intégré d’exploitation et de transformation du
phosphate et du gaz naturel des gisements de la région de Bled El Hadba a été
signé hlundi 26 novembre 2018, à Tébessa, lors d’une cérémonie présidée par
le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
L’accord a été paraphé par le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, et le PDG de la
société Citic, Chen Xiaoijia,
à la direction de transfert du gaz dans la localité de Oglet Ahmed, à 22 km de Bir
El Ater, distante de 106 km au sud du chef-lieu de
wilaya.
Ce projet intégré d’exploitation et de
transformation du phosphate et du gaz naturel, dont la partie algérienne
détient 51%, contre 49% pour la partie chinoise, est réparti entre le gisement
de Bled El Hadba à Tébessa sur 2045 hectares, la plateforme de Oued Kebrit à Souk Ahras s’étendant
sur 1484 ha, celle de Hadjar Essoud
à Skikda sur 149 ha et le port de Annaba sur 42 ha,
selon la fiche technique du projet, rapportée hier par l’APS.
Mobilisant un volume d’investissement de 6
milliards de dollars, le complexe de phosphate, dont la mise en exploitation
est prévue en 2022, créera 3000 postes de travail directs alors que ses
chantiers de réalisation à travers les quatre wilayas assureront 14 000
postes d’emploi, selon le même document. Ce complexe de phosphate garantira des
revenus en devises à hauteur de 1,9 milliard de dollars/an.
Au cours de la cérémonie de signature, le
projet intégré d’exploitation et de transformation du phosphate a été présenté.
Etaient présents à cette cérémonie, outre les autorités locales civiles et
militaires des wilayas concernées par le projet, les ministres de l’Intérieur,
des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, de l’Energie,
Mustapha Guitouni, et de l’Industrie et des Mines, Youcef Yousfi.
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia
a indiqué hier à Tébessa que le projet intégré de transformation du phosphate
de la région de Bled El Hadba est de nature à «relancer
l’économie dans toute la région est du pays».
Intervenant lors de la cérémonie de signature
de l’accord de partenariat pour la concrétisation de ce projet, entre les
groupes Sonatrach et Asmidal-Manal et les groupes chinois dirigés par la société Citic, M. Ouyahia a assuré que la
signature de cet accord est «un premier pas dans la
réalisation du grand projet qui devra relancer l’économie de toute la région
est du pays».
«Cette signature constitue une étape dans la
concrétisation de ce projet qui engage 4 wilayas de l’est du pays», a
ajouté le Premier ministre. A Ouyahia a également
affirmé que ce projet constitue un «saut qualitatif» dans
les relations algéro-chinoises, soulignant que ce
partenariat dans un «grand et très important
projet» renforce et consolide les relations
bilatérales.
Détaillant les chantiers de ce projet entre
aménagements, amenée d’eau industrielle, doublement et électrification de la
voie ferrée, le Premier ministre a précisé qu’avec l’entrée en service de ce
méga projet, la production de l’Algérie en phosphate, qui avoisine actuellement
1 million de tonnes/an, passera à 10 millions de tonnes/an.
L’Algérie est le troisième pays à l’échelle
mondiale en matière de réserves de phosphate, a encore affirmé M. Ouyahia, assurant que «tous les moyens seront
mobilisés pour la réalisation du projet de transformation du phosphate». Lors
de son dernier déplacement à Tébessa, le ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi, qui avait souligné l’importance du gisement
du phosphate de Bir El Ater
dont les réserves sont estimées à 2,2 milliards de tonnes, a décliné la
stratégie de l’Algérie dans ce secteur.
Les projections parlent d’une production de 10
millions de tonnes avant de passer à 30 millions de tonnes qui engrangeront des
recettes en devises avoisinant les huit milliards de dollars par an. L’Algérie,
dans une conjoncture de crise économique, veut reprendre sa place dans le gotha
mondial des producteurs de phosphate.
Documentation : Quand l’Algérie et les
Etats-Unis approvisionnaient le marché mondial
L’auteur
de Phosphates
algériens,
(Annales de géographie 1925), Jacques Levainville,
avait écrit que la consommation mondiale en 1913 était de 6 792 000
de tonnes. 3 198 000 tonnes ont été livrés par les Etats-Unis et
2 516 000 tonnes par l’Algérie (sous occupation française, ndlr).
Selon lui, en Algérie, les affleurements forment deux bandes, «l’une d’elles traverse
entièrement l’Algérie d’est en ouest. Alors que l’extrémité occidentale de
l’autre n’atteint pas le méridien d’Alger. La bande septentrionale constitue
des îlots sur les deux rives de la Medjerda et dans les bassins de Guelma. Elle
couvre de grandes surfaces dans le Ferdjiouas, dans
les hautes pleines de Sétif, la Medjana et les
Bibans, puis pénètre dans la Kabylie des Babors. La
bande méridionale s’étend des monts de Tébessa et du pays des Nememchas aux chaînes de l’Aurès et du M’zab ; elle se prolonge probablement sous une grande partie
de la dépression des chotts et peut-être sous la région des Daïlas
recouverte par le quaternaire. Les gisements algériens sont donc considérables».
TUNISIE-MAROC
La
production tunisienne de phosphate, au terme des 9 premiers mois de l’année
2018, s’est élevée à 2,6 millions de tonnes, soit une baisse de 25% par rapport
à la même période de l’année dernière, a indiqué le site Kapitalis
en octobre dernier, citant la direction de la Compagnie des phosphates de Gafsa
(CPG).
«Cette faible
production de phosphate durant les neuf premiers mois de cette année compromettra
sérieusement l’objectif que le gouvernement a fixé pour ce secteur, à savoir le
niveau de 6 millions de tonnes», commente le journal électronique.
En 2017, le volume de phosphate produit par la Tunisie avait atteint les 4,5
millions de tonnes.
A titre de
comparaison, en 2010, la Tunisie avait produit près de 8,2 millions de tonnes
de phosphate. «Depuis la révolution, la moyenne annuelle de production
tunisienne de ce minerai n’a jamais dépassé les 4,5 millions de tonnes.» «Et
cette baisse de production a logiquement entraîné la perte de marchés
importants, notamment l’Inde et le Brésil, qui ont été obligés de
s’approvisionner ailleurs que dans notre pays, et contraint la Tunisie à
concentrer ses ventes de phosphate sur la clientèle européenne», estime la
même source qui souligne que «durant les récentes années, on a estimé à
plus de 2 milliards de dollars – soit près de 6 milliards de dinars tunisiens !
– le volume du manque à gagner que la Tunisie a enregistré».
Le royaume
chérifien occupe depuis longtemps les premières places de la production
mondiale, devant la Chine et les Etats-Unis. La production annuelle de
phosphate du Maroc, qui pille aussi le phosphate du Sahara occidental, était de
30 millions de tonnes ces dernières années.
En 2017, il a
expédié 1,5 million de tonnes en provenance de la RASD. Plusieurs rapports
l’ont accablé. Le royaume chérifien devait passer à un volume de production
plus important pour s’établir à 50 millions de tonnes en 2017, selon l’Office
chérifien des phosphates (OCP). Le Maroc est le troisième producteur mondial de
phosphates et y réalise un chiffre d’affaires de plus de 6,7 milliards de
dollars. L’Algérie produit actuellement environ 1,5 million de tonnes.