FINANCES
- FINANCES PUBLIQUES- COUR DES COMPTES- RAPPORT 2016 (III/III)
La Cour des comptes a relevé, dans
son rapport d’appréciation sur l’avant-projet de loi portant règlement
budgétaire de l’exercice 2016, que “l’ensemble des clubs professionnels ont
enregistré des résultats déficitaires les cinq dernières années bien qu’ils
aient bénéficié de subventions annuelles durant la période 2011-2016 d’un
montant global de 5 812 784 135,61 DA”. “Les subventions accordées ont été
affectées à des fins autres que celles pour lesquelles elles ont été prévues”,
note le document dont Liberté détient une copie. En effet, avec le lancement du
professionnalisme en 2011, l’État avait décidé d’accompagner les clubs pros en
leur accordant une subvention annuelle de 2,5 milliards de centimes par club, à
titre de fonds de roulement, soit 80 milliards par an (32 clubs). Cette aide
devrait cesser à la fin de l’année 2018, selon les décisions du Conseil du
gouvernement en avril 2011. Cependant, l'État avait fixé en 2011 les modalités
d'octroi de ces subventions et surtout les chapitres de leur utilisation.
Tout cela est codifié dans le décret exécutif n°14-368 du 15 décembre 2014
fixant les conditions et les modalités de l'octroi de l'aide et de la
contribution de l'État et des collectivités locales aux clubs sportifs
professionnels. “L'aide et la contribution consenties par l'État et les
collectivités locales visent à prendre en charge les missions incombant au club
professionnel dans les domaines suivants : la participation du club sportif
professionnel aux compétitions officielles internationales, reconnues par la
fédération sportive nationale d'affiliation, la formation et le
perfectionnement des jeunes talents sportifs ainsi que leur insertion scolaire
ou professionnelle, la création de centres de formation des jeunes talents
sportifs, à l'organisation et la participation aux stages de préparation et de
regroupement des sportifs, à la détection, la prospection et l'orientation des
jeunes talents sportifs, à la contribution et la promotion du fair-play, à la
protection et au suivi médical des sportifs, à la participation aux actions de
dépistage, de prévention et de lutte contre le dopage, à la participation et la
prévention et la lutte contre la violence sous toutes ses formes dans les
infrastructures sportives”, explique le décret en question.
Et d'ajouter : “Les formes de l'aide de la contribution de l'État et des
collectivités locales peuvent prendre notamment les formes suivantes : les
contributions d'équipement et de fonctionnement, les apports en matériels à
travers l'attribution ou l'achat de matériel couvrant notamment les besoins de
transport, des équipements sportifs et techniques exprimés par le club sportif
professionnel concerné, la mise à disposition temporaire d'infrastructures
sportives sur des bases conventionnelles, la réalisation d'infrastructures
sportives pour leur exploitation par le club sportif professionnel, à l'octroi
prioritaire de créneaux horaires pour l'utilisation des infrastructures
sportives, la rémunération et/ou mise à disposition d'entraîneurs sur des bases
conventionnelles dans le cadre des lois et règlements en vigueur, la mise à
niveau des infrastructures sportives, l'achat de titres d'accès aux
installations sportives, l'accès au foncier, l'achat d'espaces publicitaires
lors des manifestations sportives, les prêts bancaires conformément aux lois et
règlements en vigueur, l'hébergement des équipes des jeunes catégories, la
prise en charge totale ou partielle des frais d'assurances liées à l'exploitation
des infrastructures sportives publiques, la prise en charge des frais de
déplacement des équipes et de leurs encadrements technique et administratif par
voies aérienne ou terrestre à l'occasion de manifestations et compétitions
sportives à l'intérieur du pays et à l'étranger dont les modalités et
conditions d'application sont fixées par arrêté conjoint du ministre chargé des
sports et du ministre chargé des finances.” En outre, “le club sportif
professionnel peut bénéficier du financement des travaux d'aménagement, de
réhabilitation et de mise à niveau des infrastructures sportives relevant de
l'État et des collectivités locales lorsqu'elles lui sont concédées”. À aucun
moment, le décret n'évoque la possibilité pour les clubs de payer les salaires
des joueurs avec cet argent des pouvoirs publics. Or la majorité des clubs a
détourné cet argent provenant soit de l'État (2,5 milliards de centimes pour
chaque club) pour payer des salaires des joueurs ou des entraîneurs sous les
yeux de l'administration centrale (MJS) qui ne se soucie guère de l'utilisation
de cette manne. Par ailleurs, la Cour des comptes a relevé également, dans son
rapport d’appréciation, que “14 clubs professionnels n’ont pas payé les
cotisations de la Sécurité sociale et de l’IRG d’un montant de 3,607 milliards
de dinars. Certains clubs ne procèdent pas à la déclaration, en violation des
dispositions des articles 66 et 67-4 du code des impôts directs et taxes
assimilées. La Cour des comptes a également observé le non-respect de la convention
conclue entre la FAF et la Cnas relative aux
modalités de règlement des dettes des clubs professionnels”. Liberté avait déjà
révélé à ce titre en juillet dernier que la dette des clubs professionnels
avait atteint 400 milliards de centimes depuis l’avènement du professionnalisme
en 2011. Une source digne de foi a révélé en effet à Liberté que “le
contentieux de la Cnas n’a toujours pas été réglé en
raison du manque de professionnalisme des clubs qui refusent toujours de payer
les cotisations de la Cnas de leurs employés, à
savoir les joueurs et les différents membres des staffs”. “En six ans, la dette
des clubs pros auprès de la Cnas a tout simplement
quadruplé. Si en 2012, elle était de plus de 100 milliards de centimes,
désormais elle est de plus de 400 milliards, c’est énorme”, révélait notre
interlocuteur.