SANTE- MALADIE – VIH/SIDA 2018
(Extraits d’un dossier
publié par « El Moudjahid » du samedi 1er décembre
2018) :
Le 1er décembre marque chaque année la Journée mondiale de lutte
contre le sida. L’occasion d’une mobilisation à travers le pays, pour informer,
prévenir et sensibiliser à une maladie qui touche plus de 41 millions de
personnes dans le monde.
Cette maladie
(le syndrome d’immunodéficience acquise) est mortelle mais traitable. Son
poids, aussi bien pathologique que social, est lourd à porter. Elle fait partie
de ces maladies taboues qu’on a beaucoup de mal à assumer dans notre société.
Aller faire un dépistage est considéré comme une honte ! Se déclarer porteur du
sida est un crime pour une société très conservatrice. Le dépistage consiste en
un test simple appelé « test ELISA », qui repose sur la détection d’anticorps
dirigés contre le VIH dans le sérum du patient. En Algérie, il existe au total
62 centres de dépistage. Tous gratuits. Il y a aussi des initiatives de
certaines associations (comme AIDS Algérie) qui organisent des campagnes de
dépistage mobiles et communautaires. Le traitement contre le sida est
disponible dans notre pays. Il est même gratuit, sans exception. Il est
distribué par des centres de référence. Mais ce traitement ne permet pas de
guérir de cette maladie. Le but des traitements anti-VIH est d’empêcher la
prolifération du virus en bloquant une des étapes de sa prolifération. Mais ces
molécules ne permettent pas actuellement de le tuer. La trithérapie n’est
efficace que si on respecte à 95% les horaires de prises sans jamais
interrompre le traitement. C’est un combat à vie pour le malade qui doit
s’astreindre à une hygiène de vie adaptée à son traitement.
Quelle est la prévalence du sida en
Algérie ?
« Il faut
savoir que toutes les personnes vivant avec le HIV en Algérie ne sont pas
recensées. Si l’on prend la proportion la plus basse, entre 0,1% et 0,5% de la
population serait infectée. Disons qu’il y a 30 000 d’Algériens qui vivent avec
ce virus. Les chiffres officiels sont encore plus bas. L’infection est
sous-diagnostiquée.
Beaucoup de
personnes découvrent leur séropositivité lors d’un accident ou lors d’une exploration
pour une autre maladie. Il faudrait qu’il y ait une culture de dépistage comme
dans les pays européens. D’autant que l’examen est libre, gratuit et anonyme.
Mais la maladie reste encore taboue parce que le sida est associé dans
l’entendement général au sexe », dira le Pr Kamel Sanhadji,
chercheur en immunologie. Le Laboratoire national de référence du VIH/Sida
(LNRV) de l'Institut Pasteur-Algérie a enregistré 723 nouveaux cas de sida
durant la période allant du 1er janvier au 30 septembre 2017 au niveau
national. « 58 nouveaux cas de séropositifs de différents âges, dont 14 cas de
nationalité étrangère, ont été enregistrés lors du premier semestre 2018,
contre 82 cas recensés durant la même période de l’année passée », a affirmé Dr
Bourkiche. Depuis la notification obligatoire en 1990
par le Laboratoire National de Référence (LNR) des cas de sida et de
séropositivité VIH, le profil épidémiologique du VIH a toujours été celui d’une
épidémie de type peu active, avec une prévalence inférieure à 0.1% dans la
population générale, mais concentrée dans certains groupes de population les
plus exposés au risque : les professionnelles du sexe, les hommes ayant des
relations sexuelles avec d’autres hommes et les consommateurs de drogues
injectables. Selon les estimations calculées sur la base des données du LNR en
charge de la notification du VIH/sida, le nombre de PVVIH est estimé à 11.300
personnes (5.200 femmes et 6.100 hommes) dont 500 enfants.
Stigmatisation, un blocage pour
l’accès aux traitements
On manque
cruellement d’outils de mesure de l’ampleur de la stigmatisation, mais des
enquêtes existent et sont régulièrement mises à jour par des associations sur
le terrain. Si l’on prend deux indicateurs simples comme commérage ou la honte,
plus de 60% des patients peuvent s’en plaindre dans notre pays. Les
associations d'aide aux malades du Sida plaident pour la défense du droit des
malades aux soins, reconnaissant que l'Etat "a assuré la gratuité des
soins et a ouvert plusieurs centres de dépistage, mais certaines spécialités
comme la gynécologie, la chirurgie générale et la chirurgie dentaire demeurent
interdites aux personnes atteintes par le virus, qui se voient exclues dès
qu'elles se déclarent porteuses du virus.
Malgré toutes
les avancées médicales, le sida reste en Algérie une maladie encore taboue. Les
personnes atteintes par le virus, qui pour la plupart ne révèlent pas leur
maladie à leur entourage, vivent dans la stigmatisation, la solitude et
souffrent d’une grande fragilité psychologique.
Aids Algérie est une association très active, à travers des actions
d’information, d’éducation et de communication auprès des populations ciblées.
Elle soutient les personnes vivant avec le VIH, et parvient à mobiliser des
partenaires nationaux et internationaux en faveur de la lutte contre le VIH et
le sida. Elle a pour but de freiner l’extension de l’épidémie à long terme,
d’inciter la population au dépistage volontaire, à développer la solidarité
avec les personnes infectées par le VIH et à créer un espace de prévention
autour des IST/VIH/SIDA..
L’association Aids-Algérie
a réalisé une étude en 2017 sur la prévalence du VIH-Sida sur des populations à
risque, notamment les jeunes et les femmes.
Cette étude,
lancée en octobre 2017, a été effectuée sur un échantillon de 1.363 personnes
entre femmes et hommes, de tous les niveaux scolaires, des quatre régions du
pays, âgés entre 15 et 24 ans. Ce qui ressort de ce travail mené par nos
experts, c’est que les connaissances des jeunes interrogés concernant les modes
de transmission du VIH Sida sont dans beaucoup de cas erronées, et pour preuve,
31,1 %, donc le tiers des jeunes concernés par l’étude, pensent que prendre un
repas avec une personne atteinte du VIH Sida peut être contagieux et que seuls
15% des jeunes algériens âgés entre 15 et 24 ans ont des connaissances
"correctes" sur les moyens de prévention du VIH Sida et que 51%
d’entre eux ont reconnu qu’ils n’utilisaient pas de préservatifs lors des
rapports sexuels sachant que l’étude a prouvé que le premier rapport sexuel
d’un jeune se fait à partir de l’âge de 17 ans. Sur un autre volet concernant
l’accès aux soins, l’étude a révélé que 43,5% des jeunes de 15 à 24 ans (47,5 %
femmes et 40,2 % hommes) ont des attitudes discriminatoires à l’encontre des
personnes atteintes du VIH Sida.
Le Plan national 2016-2020, une véritable stratégie de riposte
Le plan national
stratégique de lutte contre les IST/VIH/Sida (2016-2020) a inscrit comme
priorité, la réduction des taux de mortalité et de transmission mère-enfant,
ainsi que celui des nouvelles infections. Ce document se caractérise par trois
résultats d'impacts clés, que sont la réduction, à hauteur de moins de 5%, du
taux de mortalité et celui de la transmission mère-enfant.
Il s'agit, à ce
propos, de maintenir en vie, 90% des mères séropositives et des enfants
séropositifs. L'autre priorité consiste à ramener à moins de 500 nouveaux cas
d'infections, l'enjeu étant d'atteindre, à l'horizon 2030, l'objectif 3 du
développement durable (ODD) prônant la «bonne santé et le bien-être pour tous».
La mise en œuvre du plan anti-sida, lequel est une
«extension» du précédent (2013-2015), nécessite une estimation financière de
l'ordre de 157 millions de dollars. l'État en
endossera 95%, tandis que le montant restant sera pris en charge par le Système
des Nations unies (Onusida), ainsi que des bailleurs
de fonds internationaux. Le secteur privé devra être impliqué, s'agissant de
l'apport national, dont la contribution concernera, notamment, les actions de
prévention et de sensibilisation contre la maladie. Ce nouveau plan s'articule
autour de cinq axes principaux : la prévention, le dépistage, le traitement, le
suivi et enfin, l'évaluation de l'information stratégique. Il s'agit du
quatrième plan élaboré par l'Algérie pour endiguer la propagation de cette
pathologie, après ceux de 2002-2006, 2008-2012, et enfin celui de 2013-2015. Ce
nouveau plan «s'inscrit résolument dans les recommandations internationales, à
savoir les 90-90-90 de l'Onusida, ainsi que dans la
Déclaration d'Alger sur l'accélération du dépistage du VIH dans la région
Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), adoptée à l'issue de la rencontre
régionale organisée en décembre 2015.