FINANCES-
BOURSE- BOURSE D’ALGER FIN 2018- INNOVATION
Le dernier règlement de la Banque d'Algérie, relatif aux conditions
d’exercice par les banques et établissements financiers des opérations
bancaires relevant de la finance participative (conforme à la Charia) ouvrira
la porte à la Bourse d'Alger pour se lancer dans l'émission des Soukouks, a indiqué Alger (début novembre 2018) e directeur général de
la Société de gestion de la bourse des valeurs, Yazid
Benmouhoub. «Cela fait partie de l'innovation
financière et des éléments qui jouent en faveur de l'inclusion financière. Une
fois qu'on arrive à attirer les fonds circulant hors le circuit bancaire vers
le secteur formel, les banques, étant elles-mêmes des intermédiaires en
opérations de bourse, on aura construit une passerelle vers la Bourse d'Alger»,
a-t-il déclaré lors d'une conférence-débat organisée par l'Institut national
des études stratégiques globales. Ce règlement va donc «nous ouvrir les portes
à la Bourse pour le lancement de titres conformes à la Charia (Soukouks)», a-t-il poursuivi. Cependant, la Bourse, qui
n'est pas régulée par la Banque centrale mais par la Cosob
(Commission de surveillance des opérations en Bourse), aura également besoin
d'un amendement du Code de Commerce pour pouvoir introduire ce genre de titres.
Parmi les autres réformes introduites par les pouvoirs publics en vue de
relancer la Bourse d'Alger, le responsable a notamment cité la nouvelle loi
relative aux collectivités locales qui devrait doter les communes d'une plus
grande autonomie financière en les autorisant, par exemple, à aller rechercher
des financements sur le marché. Interrogé pour savoir si l'adoption du
financement non conventionnel allait encore freiner l'émergence de la Bourse,
il a souligné que ce mécanisme de financement était le plus indiqué pour une
réponse urgente à la conjoncture financière difficile que traversait le pays.
«Vu l'urgence du moment et le marché restreint de la Bourse, on ne pouvait pas
compter sur la Bourse pour dépasser cette conjoncture financière. Le
financement monétaire est une solution particulière à un problème particulier,
mais on doit profiter de ce laps de temps pour booster l'activité boursière»,
a-t-il recommandé.
Sur l'introduction attendue en Bourse de AOM Invest
Spa, une PME privée exerçant dans le tourisme thermal, M. Benmouhoub
a affirmé que cette société «vient d'obtenir son visa d'entrée en Bourse auprès
de la Cosob et nous travaillons maintenant pour son
introduction à partir de décembre prochain». Deux autres PME devraient entrer
en Bourse en 2019, a-t-il encore avancé, en notant que ces sociétés vont
pouvoir augmenter leurs capacités de financement et bénéficier, en plus, de
plusieurs avantages fiscaux. Il a ainsi invité les PME algériennes à franchir
le pas vers la Bourse d'Alger et profiter de tous ces avantages. Alors que la
rémunération sur l'épargne bancaire (taux d'intérêt), imposable à partir de la
somme de 50.000 DA, varie entre 2,75% et 4%, la rémunération boursière
(dividendes d'actions) varie quant à elle entre 6,75% et 11%, a soutenu le même
responsable. Il a souligné, chiffres à l'appui, que l'épargne bancaire n'a progressé
que de 2% entre 2016 et 2017 passant de 2.089 milliards (mds) de DA à 2.138 mds
de DA. Mieux encore, la rémunération boursière, contrairement aux rendements
bancaires, est non soumise à l'imposition et exonérée de l'IRG et de l'IBS.
Après plus de vingt ans d’existence, la Bourse d’Alger, créée en 1997, ne
compte aujourd'hui dans son portefeuille que cinq titres que sont Saïdal, El-Aurassi (publiques),
Alliance Assurances, NCA Rouiba et Biopharm (privées), avec une capitalisation boursière
inférieure à 40 mds de DA, un encours des obligations du Trésor autour de 700
mds de DA et quelques 13.000 investisseurs actionnaires. «Sur trois millions
d'entreprises activant en Algérie, dont environ 700.000 PME, cinq sociétés
seulement sont cotées en Bourse et aucune PME n'y figure !», a regretté M. Benmouhoub en ajoutant que la Bourse ne finançait
l'économie nationale qu'à hauteur de 0,01%. Sur les origines de ce manque
d'attractivité de la Bourse, M. Benmouhoub a pointé
du doigt plusieurs facteurs dont la politique de bonification des taux
d'intérêt bancaires qui aurait eu, selon lui, un effet d'éviction sur la
Bourse, l'absence d'analystes financiers capables de faire des études sur la
rentabilité des titres boursier mais surtout le faible rôle joué par les fonds
d'investissements, censés préparer les entreprises pour accéder au marché
financier.