HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ESSAI ABDELMADJID MERDACI- « GPRA...... »
Gpra. Un mandat historique. 19 septembre 1958- 3 août
1962. Essai de
Abdelmadjid Merdaci. Les Editions du Champ
libre, Constantine 2018, 600 dinars, 139 pages.
19 septembre 1958 ! Annonce – au Caire
(par M’Hamed Yazid) et à Tunis (par Ferhat Abbas)
simultanément - de la formation du
Gouvernement provisoire de la République algérienne, Gpra.
Ppa-Mtld, Os, Fln, Cce, Aln, Cnra....puis Gpra (une
recommandation –dit-on - de Hocine Ait Ahmed datant d’avril 1958) . La Révolution algérienne venait d’enrichir le dictionnaire de sigles qui devinrent asez
vite les plus fameux du siècle.
Le Gpra fut un
acteur majeur de l’indépendance nationale, ayant mené de main de maître les
négociations avec la France.......Avec trois gouvernements successifs ( les deux premiers formés le 9 septembre 1958 et 18 juin
1960 et présidés par Ferhat Abbas et le
dernier présidé par Benyoucef Benkhedda
d’août 1961 à août 1962) .....ayant vu comme ministres et conseillers ou
représentants les noms les plus flamboyants de la Révolution et du mouvement national.Des
guerriers, des diplomates et des intellectuels .Siègeant
d’abord au Caire puis à Tunis , ayant
connu bien des crises ou des frondes, internes ou externes, inhérentes à toute
gouvernance de combat , il fut ,aussi, en fin de parcours, objet de
conflit.... et son président est « obligé » (suite à la fameuse
« crise de l’été 1962 » qui avait fait des centaines de victimes ,
suite à de violents affrontements, dans
les rangs des djounoud de la wilaya IV) , face à
« l’Armée des frontières », de remettre (3 août 1962) ses pouvoirs.....au bureau politique du Fln
( imposé par Ben Bella à partir de
Tlemcen dès le 22 juillet ) .
Le Gpra n’a pas été
seulement un simple représentant
extérieur de la lutte de libération nationale. Il a été –au-delà des
querelles intestines et des
manipulations extérieures - un moteur important et essentiel, car, peu à peu,
en plus de l’activité politique et diplomatique inhérente à toute institution
gouvernementale de ce genre (le fait d’être à l’extérieur du pays ne l’ayant
pas gêné) , il a « inventé » ,sur le terrain, des formes originales
et intelligentes de combat (comme l’équipe
de football du Fln composé de vedettes internationales et qui a joué 58
matches à travers le monde .....les
troupes culturelles de théâtre et de musique.....les moyens d’
information comme la radio, la presse écrite et l’agence de presse ....)
, s’appuyant sur un véritable Etat car il « exerçait , du moins
partiellement , une autorité effective dans le pays » (Romain Yamentchouk) , et qui
ont amené les pays membres de l’Onu (grâce , entre autres au groupe
afro-asiatique) à se pencher sur son combat (en 1960, tout particulièrement
après les manifestations populaires de décembre ), bien des pays étrangers à le reconnaître immédiatement (le Gpra était représenté auprès de trente cinq Etatas , notamment la Chine populaire, et Pékin et Mao
avaient réservé à Ferhat Abbas un accueil grandiose) et l’ennemi à venir à la table des
négociations.....
L’Auteur : Professeur
des universités, sociologue, historien, auteur de plusieurs ouvrages dont le
plus récent est « Dictionnaire des musiques citadines de
Constantine » (présenté in « Médiatic »).
Contibuteur régulier –réputé pour son style (trop)
direct - dans la presse nationale, avec pour thème central l’histoire du
nationalisme algérien et l’histoire de la guerre de libération nationale.
Extraits : « L’imaginaire guerrier, socle d’une histoire institutionnelle
relayée par les médias et –longtemps- par les manuels scolaires s’est largement
adossé à une censure tatillonne et, au mieux, a imposé de fait un rapport
névrotique, simplificateur au passé et une progressive mais notable extinction
d’un désir d’histoire chez les plus jeunes algériens » (p 12) ,
« Que ce soit au plan interne-les compétitions du pouvoir entre dirigeants
- ou avec d’autres instances du Front ou de l’Aln-
l’état-major général- le Gpra a pu être le réceptacle
des contradictions et des appétits de pouvoir de la résistance en même temps
qu’il validait tant auprès de l’opinion nationale qu‘internationale la réalité
d’un Etat algérien » (p 14) ; « La formation du Gpra avait propulsé la diplomatie algérienne sur les
premières lignes du front » ( 93) ; « Soixante ans après sa
proclamation, le Gpra continue d’être le lieu d’un
imposant silence d’Etat. Le 19 septembre 1958 n’est pas inscrit au calendrier
des fêtes légales et il avait fallu attendre plus d’une décennie pour que la
journée du 19 mars 1962 soit établie officiellement comme « Jour de la
victoire » (p 117).
Avis : Peu
d’ouvrages et de témoignages sur le Gpra . Des dirigeants qui, le plus souvent ,
ont fait le choix de la réserve....Une sorte de
« Que sais-je » qui comble un vide. Un véritable cours d’histoire...Et, de la pédagogie à pleines pages
. Si avec tout ça , vous n’avez pas encore
(tout) compris......
Citations : « La
lutte sera longue, mais l’issue est certaine » (Extrait de la proclamation
du 1er novembre 1954, p 9) ; « Le Cnra
du Caire du 20 au 28 août 1957 est l’un des refoulés majeurs des événements
marquants de la guerre d’indépendance ......tout se passe comme s,aujourd’hui encore, des paroles, des actes de la
rencontre dans les salons d’un grand hôtel Cairote devraient encore être mis
sous le boisseau » (p 34) ; « Depuis le débarquement de Sidi Fredj,en 1830, jusqu’aux premières décennies du XXè siècle, la récurrence des résistances armées à
l’occupation suffit à établir que cette terre n’était pas française et n’avait
pas vocation à le devenir » (p 60) , « Certes , le rappel du Gpra , de ses acteurs, de son action peut avoir vertu de
réquisitoire contre le recours à la violence politique , peut reposer la
lancinante question de la légitimité, il n’en reste pas moins que la question
est de savoir qui le Gpra peut-il encore déranger ou
surprendre ? » (p 101) , « L’armée est
au service de la nation, c’est-à-dire qu’elle est sous l’autorité directe et
absolue du gouvernement qui exprime la souveraineté nationale. Elle n’est pas
la source du pouvoir selon une idée simpliste qui confond force armée et
origine du droit et du pouvoir » (p 133).