SANTE-
MALADIE- DÉPRESSION
SUJET ÂGÉ
La
dépression du sujet âgé est un problème de santé publique, une pathologie
fréquente, sous-diagnostiquée dans les 3⁄4 des cas. Non ou incorrectement
traitée dans 60 à 70% des cas, elle est habituellement considérée comme une
conséquence du vieillissement.
Le
diagnostic est du Dr Abdelkrim Messaoudi, chef du
service de psychiatrie au CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, également doyen de la
faculté de médecine de l’université Mouloud Mammeri. Intervenant à l’occasion
d’une journée d’étude organisée mi-novembre 2018, ce spécialiste de la santé
mentale a fait savoir que cette pathologie est souvent masquée, sans tristesse
exprimée et de sémiologie peu apparente.
Le défaut
de diagnostic est lié, dit-il, à la difficulté à exprimer la douleur morale et
la symptomatologie, ainsi qu’à la méconnaissance de la clinique particulière de
la dépression du sujet âgé : «Le tableau est souvent trompeur, évoluant de
manière torpide et souvent masqué par d’autres symptômes : instabilité,
agressivité, colère, somatisations fréquentes, hypocondrie, démotivation, sensation
douloureuse de vide intérieur, repli sur soi, isolement, angoisse, confusion,
troubles mnésiques, conduite suicidaire…», ajoute-t-il.
Selon
l’intervenant, 20% des sujets âgés repérés comme déprimés reçoivent un
traitement inadapté (anxiolytiques ou dosages trop faibles d’antidépresseurs).
Une prise
en charge optimale de la dépression peut améliorer de façon rapide la qualité
de vie des patients, ce qui représente l’objectif principal des soins donnés
aux personnes âgées, a-t-il indiqué. Le Dr Messaoudi
considère que la dépression nerveuse est insuffisamment traitée, ce qui a pour
conséquence l’augmentation du taux de suicides, surtout après 80 ans.
Facteurs de risque multiples
S’agissant
des facteurs de risque, il dira qu’ils sont multiples. Entre autres : des
antécédents personnels et familiaux de dépression, maladie somatique chronique
et/ou invalidante, tumeurs (50%), maladie de Parkinson (20 à 30%), diabète
(30%), AVC (30 à 50%), IDM (16 à 18%), HTA (10 %). Autres facteurs pouvant
contribuer à la chute mentale : l’isolement social et affectif, les
événements de vie stressants (veuvage, deuil, pauvreté, problèmes
financiers…..), perte d’autonomie, des facteurs biologiques (diminution des
neurotransmetteurs cérébraux, risque génétique mal connu, maladies somatiques,
relations familiales difficiles).
Quelle est
l’efficacité globale des antidépresseurs dans le traitement de la dépression de
la personne âgée ? «L’intérêt des antidépresseurs dans le traitement de la
dépression de la personne âgée semble faire aujourd’hui l’objet d’un consensus
international.
Des
méta-analyses d’essais comparatifs randomisés comparant des antidépresseurs à
un placebo ont montré que les antidépresseurs étaient efficaces dans le
traitement de la dépression de la personne âgée. Néanmoins, dans certaines
études, la différence d’efficacité entre certains antidépresseurs et le placebo
apparaît faible, voire non significative au plan statistique».
Et
d’ajouter: «Le rapport efficacité/tolérance guide le choix thérapeutique, Sauf
cas particuliers, les Inhibiteurs spécifiques de recapture de la 5HT (ISRS),
les inhibiteurs de recapture de la 5HT et de la NA (IRSN) et les
antidépresseurs de la classe ”autres antidépresseurs” sont prescrits en 1re
intention en raison de leur meilleure tolérance, de leur faible risque
d’interactions médicamenteuses et de leur faible toxicité en cas de surdosage
accidentel ou d’ingestion volontaire».
A
l’inverse, les effets secondaires anticholinergiques
périphériques (risque d’iléus paralytique, de rétention urinaire et de glaucome
aigu, sécheresse buccale avec altération de l’état dentaire) et centraux
(confusion mentale), le risque d’arythmie cardiaque (justifiant la pratique
d’un ECG) et la létalité lors d’une ingestion volontaire qui sont associés à la
prescription des imipraminiques a contribué à une
forte diminution de leur prescription aux populations âgées, conclut ce
psychiatre.