COMMUNICATION- ENQUETES ET REPORTAGES- GROUPE DE PRESSE ANIS
RAHMANI
(c) bourse-dz.com, dimanche
11novembre 2018
En faisant la une de l’actualité, Anis Rahmani
a ouvert le débat sur l’argent des médias. Passé du statut d’une journaliste
à El Khabar et divers titres arabophones, Anis Rahmani
est aujourd’hui à la tête d’un empire.
Le patron d’Ennahar est-il réellement un homme
riche? La réponse est sans doute par l’affirmative. Grâce au système instauré
par le colonel Fawzi, qui a géré pour le compte du DRS,
les affaires de la presse, Anis Rahmani a gagné en
richesse et surtout en puissance. L’argent public distillé par l‘Anep a permis aux propriétaires du
groupe Ennahar
d’amasser des fortunes
colossales et de développer un business qui se situe en dehors du territoire des
médias et de la communication.
Le 19 septembre 2007, Anis Rahmani -de son vrai
nom Mohamed Mokeddem- et Souad Azouz
fondent la société El Athir Presse qui va administrer le journal Ennahar El Djadid. Depuis sa création, le journal arabophone a
enregistré une croissance soutenue. Et même s’il a connu une contraction de son
activité en 2015 et 2016, Ennahar a continué à
dégager des bénéfices.
Ainsi, le journal a réalisé un chiffre d’affaires de
102 milliards de centimes de dinar en 2016, dégageant 2,3 milliards de centimes
de bénéfices. En 2015, il a réalisé un chiffre d’affaires de 133 milliards de
centimes et 21 milliards de centimes de bénéfices. Une baisse de régime si l’on
prend les deux années 2013 et 2014 comme référence où le journal a fait
respectivement 140 et 145 milliards de centimes de chiffre d’affaires,
dégageant 12 puis 10 milliards de centimes. Une forte croissance par rapport à
2011 et 2012 où les bilans de l’entreprise affichent 94 et 117 milliards de
centimes de chiffre d’affaires pour des bénéfices tout aussi importants : 9,5
puis 11,5 milliards de centimes.
Certes, le taux de profitabilité de l’entreprise
évolue en dents de scie (entre 2 et 15%) mais, sa rentabilité financière
(résultat net/capitaux propres) est en constante progression, passant de 7% en
2011 à 20% en 2016.
Or, ce qu’il faut souligner au sujet de cette
entreprise c’est qu’elle est fortement endettée. Elle a réévalué deux fois le
bâtiment qui abrite son siège à Said Hamdine, sur les hauteurs d’Alger, en 2012 et 2013, pour
contracter 40 milliards de centimes de crédits afin de financer les
investissements nécessaires au lancement de la chaîne de télévision Ennahar TV et d’autres sociétés.
En tout cas, si les actifs du journal ont atteint 113
milliards de centimes en 2016, ses capitaux propres, et malgré leur progression
constante, n’ont pas dépassé les 23,5 milliards de centimes au bout du même
exercice. L’entreprise devait encore 31 milliards de centimes aux
banques. Et bien l’entreprise est rentable sur laquelle les annonceurs privés
misent beaucoup, elle reste exposée aux aléas de la conjoncture économique et
politique marquée par une baisse des investissements publics et donc
de la publicité de gérée par l’ANEP dont El Athir
presse est important partenaire commercial.
Il convient de noter que qu’en date du 4 juin 2018,
Anis Rahmani a accordé à son associé Souad Azouz le droit de signature en qualité de co-gérant.
Les deux patrons de la société El Athir
Presse ont, depuis juin 2013, préféré séparer l’activité du journal et celle
des chaines TV. Ainsi, ils créent l’entreprise dénommée Ennahar
TV avec un capital social qui a progressé jusqu’à atteindre 10 millions de
dinars.
Ayant comme gérant Anis Rahmani,
la société Ennahar TV est le fruit d’une
consolidation d’un groupe constitué d’une somme d’entreprises appartenant à lui
et son épouse Souad Azouz. On parle ici de Big Yacine, Sept Com bien sûr El Athir Presse, la société mère
du journal Ennahar.
L’entreprise éditrice de la chaîne de
télévision connait une appréciable croissance. En 2015, elle a
réalisé un chiffre d’affaires de 100 milliards de centimes, quadruplant son
chiffre d’affaires de 2013 qui n’était que de 25 milliards de centimes. Quant
aux bénéfices, ils ont baissé dans un mouvement inverse à 2,5 milliards de
centimes après avoir atteint 10 milliards de centimes en 2013. Et ce, à cause
des investissements engagés durant l’exercice 2015 : plus de 64 milliards de
centimes.
Grâce à une masse de publicité provenant
essentiellement du secteur privé, Ennahar TV réalise
un chiffre d’affaire avoisinant 1 milliard de dinars. Et en dépit des résultats
négatifs de la
chaîne Laki, Ennahar Tv génère un bénéfice très
appréciable.
Conscient de l’importance du contrôle de toute la
chaîne du business de la presse et du multimédia, Anis Rahmane
a créé, tout seul, en juillet 2016, la société Shine
Pub Media. Son siège social est abrité par le bâtiment du groupe Ennahar à Said Hamdine. Cette société au capital social de 100.000 dinars,
est dédiée à l’activité de la publicité.
Une partie des bénéfices réalisés par la société El Athir, éditrice du journal Ennahar,
a été réinvestie dans d’autres secteurs. Anis Rahmani
s’est orienté vers le business du transport pour ne pas dépendre des revenus de
l’Anep et des autres recettes publicitaires. Il s’est
alors lancé dans la société Sept Com, dont le capital est détenu par la Sarl El
Athir. Sept Com a comme principal business, le
service Taxi et la location des voitures. Elle s’est récemment impliquée dans
le principe Uber, pour concurrencer Yassir, à travers
l’application Lahagni.
Cette société a explosé dans ses activités grâce à la
publicité régulière qui est assurée par le groupe Ennahar.
En mai dernier, Sept Com a fait l’objet d’une extension de l’activité et devra
désormais s’orienter vers d’autres services de transport.
Cette tendance à diversifier les activités est une
constante chez le propriétaire d’Ennahar. Le 16
février 2011, alors que tous les pays arabes étaient déstabilisés par la
violence parrainée par le Qatar, Anis Rahmani décide
de fonder une société baptisée Centre des Recherches et Sécuritaire CRSS. Dotée
d’un capital social de 100.000 dinars, la société avait pour activité, le
consulting en informatique, le conseil juridique, études de marché et sondages,
ainsi que l’assistance à la conception des programmes de formation.
CRSS ne va pourtant pas faire long feu. Elle va
déposer ses bilans en date du 13 juin 2012.
Mais, en dehors des médias, l’affaire la plus
rentable de Anis Rahmani est
sans doute la société Big Yacine, un véritable
monstre aux tentacules qui s’accrochent aussi bien aux activités de voyage
qu’aux services de location de voiture à court et long terme. Les parts
sociales de cette société sont détenues par Anis Rahmani
et Souad Azouz.
Avec un chiffre d’affaire qui dépasse les 20
milliards de centimes, cette société est articulée sur le prêt pour financer
ses acquisitions. Mais, en dehors des immobilisations corporelles, Big Yacine n’a aucun actif dans le mobilier.
Boostée par la publicité continue sur Ennahar, cette société est candidate à une croissance
exponentielle.
Récemment, Anis Rahmani et
Souad Azouz se sont lancés à l’international en
fondant une société en France, dédiée à l’activité média.