POLITIQUE- PERSONNALITES- BOUHADJA SAID
(c) Tsa/Fayçal Metaoui, mardi 9
octobre 2018
Saïd Bouhadja, 80 ans, est président de l’Assemblée populaire
nationale (APN), depuis mardi 23 mai 2017. Il est le onzième à occuper ce poste
depuis la première Assemblée nationale de 1964 qu’a présidée Hadj Mohamed Benalla pendant dix mois. Une Assemblée dissoute après le
coup d’État militaire de Houari Boumediène contre
Ahmed Ben Bella.
Entre
janvier 1992 et mai 1997, un Parlement non élu a légiféré d’une manière
exceptionnelle. Il a été dirigé par Redha Malek, puis
par Abdelkader Bensalah.
Lors de
son élection à la tête de la chambre basse du Parlement, Saïd Bouhadja a obtenu 356 voix sur 480, face à trois candidats
: Nora Ouali du RCD, Lakhdar
Benkhellaf de l’Union Ennahda-El
Adala-El Bina et Smail Mimoune du MSP.
Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, avait défendu la
candidature de Said Bouhadja,
en louant ses qualités de combattant de la guerre de libération nationale. «
C’est un Moujahid, un militant connu qui donne une bonne image du parti »,
avait-t-il argumenté, suggérant que ce choix était « une directive » du
président Abdelaziz Bouteflika.
Cette
candidature a également été soutenue par le RND, par TAJ, par le MPA et par les
députés Indépendants, les mêmes qui aujourd’hui demandent le départ du
président de l’APN.
Un collaborateur de Ali Kafi, chef de la Wilaya historique II
En 1997, Said Bouhadja a présidé la
commission des Affaires étrangères de l’APN. En 2002, il a été désigné
vice-président de la chambre basse du Parlement à l’époque de Karim Younes, qui
a présidé l’Assemblée, avant de démissionner en juin 2004, après l’élection
présidentielle durant laquelle il avait fait la campagne du candidat Ali Benflis, principal rival d’Abdelaziz Bouteflika.
Natif de
la région de Collo, dans la wilaya de Skikda, Said Bouhadja était, durant la guerre de libération nationale,
collaborateur du colonel Ali Kafi, chef de la wilaya
historique II (Nord Constantinois), entre 1956 et 1959.
Ali Kafi, qui était l’un des représentants de la Wilaya II au
congrès de la Soummam, avait remplacé, à ce poste, Lakhdar
Bentobal, lequel avait succédé à Zighout
Youcef, mort au combat en 1956.
L’APN
porte actuellement le nom de Zighout Youcef. Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, Said Bouhadja était l’un des
dirigeants, au niveau de Constantine, de l’organisation de la Jeunesse du FLN
(JFLN).
Il a
contribué également à la création de l’UNJA, Union nationale de la jeunesse
algérienne, en 1975. Durant les années 1970 et 1980, il a occupé le poste de Mouhafed du FLN, alors parti unique, dans plusieurs wilayas
comme Batna, Annaba, Oran et Béchar.
Licencié
en droit, Said Bouhadja a
été désigné au Bureau politique (BP), instance d’exécution du FLN, au milieu des
années 1990 à l’époque d’Abdelhamid Mehri et de Boualem Benhamouda. En 1999, Said Bouhadja a dirigé à Skikda
la campagne pour la présidentielle « du candidat du consensus » Abdelaziz
Bouteflika.
Mise à l’écart à l’époque de
Amar Sâadani
En 2005,
Abdelaziz Belkhadem, alors secrétaire général du FLN,
l’a chargé de l’organique et de la communication au sein de la direction du
parti. A l’arrivée d’Amar Sâadani en remplacement
d’Abdelaziz Belkhadem, en 2013, Said
Bouhadja est graduellement mis à l’écart, remplacé
par Hocine Khaldoun.
Membre
permanent du Comité central (CC) du FLN, Said Bouhadja est réputé proche d’Abdelaziz Belkhadem.
Il a également de bons rapports avec Ali Benflis,
candidat à deux reprises à l’élection présidentielle en 2004 et 2005.
En 2014,
Saïd Bouhadja n’a, toutefois, pas hésité à soutenir
la décision du président Abdelaziz Bouteflika de mettre fin aux fonctions
d’Abdelaziz Belkhadem de son poste de ministre
d’État, conseiller spécial à la présidence de la République. Il lui a reproché
d’avoir commis des « fautes politiques » comme la participation à une activité
de l’opposition (université d’été du Front du Changement de Abdelmadjid Menasra) et de ne pas faire de différence entre « son poste
et ses opinions personnelles ». Adepte de « la solidarité entre générations », Said Bouhadja a plaidé pour « le
rajeunissement » du FLN et pour « la transmission de l’esprit et du message novembriste » lors du Xème congrès du parti en 2015.
Rompre avec « l’opposition
permanente »
Lors des
différentes crises internes du FLN, depuis 1995, Said
Bouhadja a toujours plaidé pour le respect de la
discipline partisane et pour la mise de côté des intérêts personnels au profit
de ceux du parti. Le linge sale ne doit pas, selon lui, être étalé en public,
dans la rue.
« Le FLN
doit maintenir sa position comme principale force politique du pays », a-t-il
dit, lors d’un débat télévisé. En 2015, il avait soutenu Amar Saâdani contre « les redresseurs » menés par Abderrahmane Belayat, en appelant à respecter la légitimité et les
textes du parti et à rompre avec « l’opposition permanente ».
Lors de son investiture à la tête
de l’APN, il a appelé les députés à consolider la relation avec les citoyens
et« d’être en contact continu avec eux pour prendre en charge leurs préoccupations
». « Nous sommes tenus de suivre l’évolution de la vie politique et économique
dans le pays et d’exercer le contrôle populaire sur l’action du gouvernement
par les instruments que nous offre la Constitution », a-t-il déclaré. A
plusieurs reprises, il a rappelé qu’il appartenait aux députés d’imposer « le
prestige et le respect » du Parlement à travers leurs interventions publiques
et leurs actions. Said Bouhadja
n’a jamais occupé un poste de ministre ni postulé pour la direction du FLN.