HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN KHALFALLAH AMIRA GEHANNE- « LE NAUFRAGHE DE LA LUNE »
Le naufrage de la Lune . Roman de Amira-Géhanne Khalfallah. Editions Barzakh ,
Alger 2018, 800 dinars,215 pages
Un roman d’aventures et d’amour sur fond
d’Histoire. Tout se déroule à la fin du
17è siècle :En Algérie. En France.
A Versailles alors en construction, d’abord.
Versailles , avec un jeune roi qui dépense sans compter pour le théâtre, la
musique, la danse ....la belle « bouffe » et les jeunes maîtresses
...... et la préparation de l’invasion de l’Algérie avec un débarquement-surprise, en 1664 .
Jean-François est un médecin en attente de reprendre la mer.....Grand amoureux
des Indes qu’il a visité, de Marie-Hélène , une comédienne qu’il aime mais qui n’aime que le
théâtre (mysogyne) de Molière......et des
compositions musicales de Lully.
De l’autre côté de la Grande bleue, il y
a Gigéri
(Jijel) , petit port de pêche vivant paisiblement,
presque hors du monde, mais heureux malgré tout. Il y a, aussi, vivant à la campagne sous la protection de
sa vieille tante , Neffa, ,
la jeune , la belle, la rebelle .....et célibataire (car trop instruite pour
tous les prétendants, car elle sait lire et écrire et parler plusieurs langues grâce à son père ,
un célèbre marabout ) :Thiziri .
22 juillet 1664. La petite ville pacifique
est pilonnée jusque tard dans l’après-midi . La ville est prise, mais la résistance ne
cesse pas. L’Ordre de Malte s’en ira accrocher une croix an haut du minaret de
la mosquée (Note : « Sous le règne de Louis XIV, son ministre , le Cardinal Mazarin, revient au projet
d’occupation de l’Afrique du Nord. Parmi les ports de débarquement suggérés par
l’espionnage militaire : Bûna-Annaba est retenu
ainsi que Stora (Skikda) et Bidjâya.
Finalement, la tentative a lieu sur Djidal.
L’expédition est commandée par le Duc de Beaufort , de
juillet à Octobre 1964 ; c’est l’échec » (Said
Dahmani, 2001).
Il est fait appel aux Turcs de la Régence
d’Alger ...avec , bien entendu, le gros risque de les
voir s’installer définitivement après leur victoire sur les occupants franaçais. Et, c’est ce qui se passa : «Les Gigériens accueillent les janissaires d’Alger dans un
mélange de tristesse et de soulagement, mais ne cachent plus leur inquiétude
car cette alliance leur coûte leur liberté. Tout le monde sait que les
Turcs ne repartiront plus » .
Un envahisseur a pourtant échappé à la
déroute des envahisseurs et à la chasse à l’homme qui a suivi. Blessé , Jean –François, le médecin est recueilli par la
famille de Thiziri. Soigné, adopté.....il ne tarde
pas à épouser cette dernière. « Converti » publiquement (par la
vieille Neffa qui le protégeait des janissaires à la
recherche de soldats français rescapés, d’autant qu’il avait été dénoncé par un
« renégat ») , il s’appelle désormais Raïss
Mahmoud....un pêcheur respectable et respecté....... un taiseux . Aucun mot sur
sa vie d’avant ne le trahissant, ..... et
amoureux fou de Thiziri à qui il a fait plusieurs
beaux enfants.......mais arrivant difficilement à oublier les fastes de
Versailles et, surtout, la musique de Lully...... « La culture , c’est ce qui nous reste après avoir tout
oublié », n’est-ce pas ?
L’Auteure : Née
en Algérie . Vit au Maroc depuis 2007. Diplômée de
biologie.....et journaliste. Premier roman
Extraits : « A
Versailles, on ne mange pas parce qu’on a faim. On joue à manger. Tout est jeu,
divertissement et plaisir. Les services (de la cuisine) se suivent, ne se
comptent même plus » (p 38) .
Avis : Un
livre parcouru de « tableaux ». On comprend mieux le style lorsqu’on
sait qu’elle a déjà écrit pour le théâtre et la marionnette......Un roman (le
premier) qui leur emprunte les techniques
Citations : « La bouche n’est jamais fatiguée, le bouche, elle, ment tout le
temps » (p 30), « Le plus important n’est pas ce que l’on voit mais
ce que l’on ne voit pas »(p 100)