ENVIRONNEMENT
– OISEAU- SITELLE KABYLE
Le 11
octobre 2018, vers 10h45, l’équipe emmenée dans le massif forestier des Beni Afer (Taher,
Jijel) par le professeur Bellatrèche Mohamed, de
l’Ecole nationale des sciences agronomiques d’El Harrach (ENSA), a fait une
heureuse et formidable découverte. L’équipe a en effet pu observer plusieurs
individus de la Sittelle kabyle, l’oiseau emblématique de l’Algérie, dans un
nouveau site.
Ce petit
oiseau, endémique à cette région du pays et qui n’existe nulle part ailleurs
dans le monde, n’était connu auparavant que dans 4 sites de la Petite Kabylie
des Babors. Sita ledandi,
son nom scientifique, avait été découvert jusque-là dans le massif forestier du
djebel Babor (Sétif) en 1975, puis dans les forêts du
Gerrouch à Jijel (1989), ensuite à un mois
d’intervalle dans les forêts de Tamentout et Djima entre Sétif et Jijel (1990).
La Sitelle
kabyle doit son nom scientifique à Jean-Paul Ledant,
alors enseignant à l’ENSA, qui l’a observée la toute première fois en 1975, un
peu par hasard, dans la sapinière au sommet du djebel Babor.
Une découverte qui va stimuler l’ornithologie en Algérie.
Jeudi dernier, lors d’une prospection ornithologique que le Pr Mohamed Bellatrèche et son fidèle assistant Mohamed Lellouchi, accompagnés des forestiers de Taher et Oudjana, ont pu observer
et constater formellement la présence de la Sitelle dans le massif de Beni Afer. Une grande forêt de
chênes-lièges, de chênes afarès et de chênes zéens, à cheval sur les communes de Oudjana et de Chahna (Taher, Jijel). Un peu plus à l’est, donc des sites où elle
avait été observée.
La découverte est importante
L’espèce,
considérée comme un bon indicateur écologique, donc de la santé des milieux
qu’elle fréquente, a longtemps été considérée comme inféodée au Sapin de
Numidie du djebel Babor, lui-même endémique. «Les
découvertes suivantes ont permis, elles, de nouveaux travaux de recherche
consacrés à la Sittelle et de recueillir ainsi de nouvelles données sur sa
bio-écologie et sa biogéographie dans les années 1990. Cependant, les prospections
réalisées depuis n’ont pas permis de retrouver l’oiseau, mais il faut compter
aussi avec les conditions sécuritaires de l’époque qui rendaient ces lieux
inaccessibles aux chercheurs», a déclaré le professeur Bellatrèche
à El Watan. Cela signifie aussi que «les prospections
ornithologiques en Algérie sont loin d’être terminées, ajoute M. Bellatrèche, et qu’il faut relancer le débat sur l’écologie
et les recherches ornithologiques».
Autre indication majeure de cette découverte,
l’aire de la Sittelle kabyle est donc très fragmentée avec 5 sites très
éloignés et séparés les uns des autres par des espaces complètement anthropisés. Ce qui fait d’elle une espèce très menacée,
puisque même son habitat est fragilisé par la surexploitation des ressources,
la fréquentation des hommes et des bêtes et les incendies.
Sittelle kabyle mâle : Principales caractéristiques
morphologiques
SLIM SADKI /EL WATAN ET WIKIPÉDIA
Redécouverte le 11 octobre 2018
dans le massif des Béni Afer (Jijel) par des
chercheurs de l’ENSA et des forestiers (voir El Watan du 22 octobre 2018), la sittelle kabyle
est une espèce classée en danger par l’UICN, l’Union mondiale pour la
conservation de la nature.
De taille
moyenne, mesurant environ 12 cm pour une masse de 18 g environ, ses parties
supérieures du corps sont gris bleuté, les parties inférieures d’une couleur
chamois pâle tirant vers le gris.
Le mâle se
distingue de la femelle par l’avant noir de sa calotte. L’espèce est
sédentaire ; elle se nourrit d’arthropodes en été, de graines en hiver. La
saison de reproduction a lieu vers mai-juin. Le nid,
bâti dans un trou d’arbre, abrite une ponte de trois ou quatre œufs, couvés par
la femelle. Les oisillons sont nourris par les deux parents.
La
sittelle kabyle est l’unique espèce d’oiseaux endémique d’Algérie. Son nom
scientifique rend hommage à Jean-Paul Ledant, le
naturaliste amateur belge qui a découvert l’oiseau un peu par hasard
enoctobre1975, il y a 43 ans, dans la sapinière sommitale du Djebel Babor (Sétif). La nouvelle de cette découverte surprend
grandement le monde de l’ornithologie et fait l’objet d’une couverture
médiatique internationale.
La découverte de l’espèce est
d’abord relayée dans Le Monde (28 juillet 1976), puis
reprise par la presse mondiale et dans des revues plus spécialisées comme Science et
Vie ou La Vie des Bêtes ;
elle fait également l’objet d’une interview sur Radio France. Les autorités
algériennes nourrissent un vif intérêt pour l’oiseau : en 1979, elles
organisent un Séminaire international sur l’ornithologie algérienne du 5 au 11
juin et la même année, la poste algérienne consacre un timbre à la sittelle
kabyle, d’une valeur faciale de 1,40 dinar et représentant un mâle adulte sur
un tronc, tête en bas.
Dans son habitat, la sittelle
kabyle ne peut être confondue avec aucun autre oiseau. La sittelle kabyle
ressemble fortement à la sittelle corse (Sittawhiteheadi), mais la
calotte noire diffère chez les mâles : celle de l’espèce kabyle couvre l’avant
de la tête, contre toute la tête chez l’insulaire.
Elle peuple certains reliefs de la Kabylie
orientale, où elle a été recensée dans quatre localités isolées les unes des
autres par des zones impropres à sa survie. Elle a été découverte pour la première
fois sur le mont Babor, puis elle a été repérée dans
le Guerrouch, au sein du Parc national de Taza, en
juin 1982. Des effectifs plus réduits sont découverts en 1990 dans deux autres
localités proches de ce parc, à Tamentoutet à Djimla