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Sitelle kabyle

Date de création: 29-10-2018 10:25
Dernière mise à jour: 29-10-2018 10:25
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ENVIRONNEMENT – OISEAU- SITELLE KABYLE

Le 11 octobre 2018, vers 10h45, l’équipe emmenée dans le massif forestier des Beni Afer (Taher, Jijel) par le professeur Bellatrèche Mohamed, de l’Ecole nationale des sciences agronomiques d’El Harrach (ENSA), a fait une heureuse et formidable découverte. L’équipe a en effet pu observer plusieurs individus de la Sittelle kabyle, l’oiseau emblématique de l’Algérie, dans un nouveau site.

Ce petit oiseau, endémique à cette région du pays et qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, n’était connu auparavant que dans 4 sites de la Petite Kabylie des Babors. Sita ledandi, son nom scientifique, avait été découvert jusque-là dans le massif forestier du djebel Babor (Sétif) en 1975, puis dans les forêts du Gerrouch à Jijel (1989), ensuite à un mois d’intervalle dans les forêts de Tamentout et Djima entre Sétif et Jijel (1990).

La Sitelle kabyle doit son nom scientifique à Jean-Paul Ledant, alors enseignant à l’ENSA, qui l’a observée la toute première fois en 1975, un peu par hasard, dans la sapinière au sommet du djebel Babor. Une découverte qui va stimuler l’ornithologie en Algérie.
Jeudi dernier, lors d’une prospection ornithologique que le Pr Mohamed Bellatrèche et son fidèle assistant Mohamed Lellouchi, accompagnés des forestiers de Taher et Oudjana, ont pu observer et constater formellement la présence de la Sitelle dans le massif de Beni Afer. Une grande forêt de chênes-lièges, de chênes afarès et de chênes zéens, à cheval sur les communes de Oudjana et de Chahna (Taher, Jijel). Un peu plus à l’est, donc des sites où elle avait été observée.

La découverte est importante

L’espèce, considérée comme un bon indicateur écologique, donc de la santé des milieux qu’elle fréquente, a longtemps été considérée comme inféodée au Sapin de Numidie du djebel Babor, lui-même endémique. «Les découvertes suivantes ont permis, elles, de nouveaux travaux de recherche consacrés à la Sittelle et de recueillir ainsi de nouvelles données sur sa bio-écologie et sa biogéographie dans les années 1990. Cependant, les prospections réalisées depuis n’ont pas permis de retrouver l’oiseau, mais il faut compter aussi avec les conditions sécuritaires de l’époque qui rendaient ces lieux inaccessibles aux chercheurs», a déclaré le professeur Bellatrèche à El Watan. Cela signifie aussi que «les prospections ornithologiques en Algérie sont loin d’être terminées, ajoute M. Bellatrèche, et qu’il faut relancer le débat sur l’écologie et les recherches ornithologiques».

Autre indication majeure de cette découverte, l’aire de la Sittelle kabyle est donc très fragmentée avec 5 sites très éloignés et séparés les uns des autres par des espaces complètement anthropisés. Ce qui fait d’elle une espèce très menacée, puisque même son habitat est fragilisé par la surexploitation des ressources, la fréquentation des hommes et des bêtes et les incendies.

 

Sittelle kabyle mâle : Principales caractéristiques morphologiques

SLIM SADKI /EL WATAN ET WIKIPÉDIA

 Redécouverte le 11 octobre 2018 dans le massif des Béni Afer (Jijel) par des chercheurs de l’ENSA et des forestiers (voir El Watan du 22 octobre 2018), la sittelle kabyle est une espèce classée en danger par l’UICN, l’Union mondiale pour la conservation de la nature.

De taille moyenne, mesurant environ 12 cm pour une masse de 18 g environ, ses parties supérieures du corps sont gris bleuté, les parties inférieures d’une couleur chamois pâle tirant vers le gris.

Le mâle se distingue de la femelle par l’avant noir de sa calotte. L’espèce est sédentaire ; elle se nourrit d’arthropodes en été, de graines en hiver. La saison de reproduction a lieu vers mai-juin. Le nid, bâti dans un trou d’arbre, abrite une ponte de trois ou quatre œufs, couvés par la femelle. Les oisillons sont nourris par les deux parents.

La sittelle kabyle est l’unique espèce d’oiseaux endémique d’Algérie. Son nom scientifique rend hommage à Jean-Paul Ledant, le naturaliste amateur belge qui a découvert l’oiseau un peu par hasard enoctobre1975, il y a 43 ans, dans la sapinière sommitale du Djebel Babor (Sétif). La nouvelle de cette découverte surprend grandement le monde de l’ornithologie et fait l’objet d’une couverture médiatique internationale.

La découverte de l’espèce est d’abord relayée dans Le Monde (28 juillet 1976), puis reprise par la presse mondiale et dans des revues plus spécialisées comme Science et Vie ou La Vie des Bêtes ; elle fait également l’objet d’une interview sur Radio France. Les autorités algériennes nourrissent un vif intérêt pour l’oiseau : en 1979, elles organisent un Séminaire international sur l’ornithologie algérienne du 5 au 11 juin et la même année, la poste algérienne consacre un timbre à la sittelle kabyle, d’une valeur faciale de 1,40 dinar et représentant un mâle adulte sur un tronc, tête en bas.

Dans son habitat, la sittelle kabyle ne peut être confondue avec aucun autre oiseau. La sittelle kabyle ressemble fortement à la sittelle corse (Sittawhiteheadi), mais la calotte noire diffère chez les mâles : celle de l’espèce kabyle couvre l’avant de la tête, contre toute la tête chez l’insulaire.

Elle peuple certains reliefs de la Kabylie orientale, où elle a été recensée dans quatre localités isolées les unes des autres par des zones impropres à sa survie. Elle a été découverte pour la première fois sur le mont Babor, puis elle a été repérée dans le Guerrouch, au sein du Parc national de Taza, en juin 1982. Des effectifs plus réduits sont découverts en 1990 dans deux autres localités proches de ce parc, à Tamentoutet à Djimla