DEFENSE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
SALAH CHEKIROU- « L’OTAGE »
L’otage. Roman de Salah Chekirou. Editions
El Qobia, Birkhadem/Alger 2017. 1 800 dinars, 351 pages
Elle.....Suzanne Planturier, Suzie pour les
amis, une canadienne de Montréal, infirmière de son état : D’aventure en
aventure. Au départ, elle croyait vivre une grande et belle histoire d’amour.
Mais, cela ne dura que.......cinq années. Son compagnon, un Canadien médecin de
son état , Sylvain Beauregard, la quitte pour aller soigner , loin d’elle,
très loin, les malades démunis du monde . Dépression....Psy’.....Elle se
retrouve affectée dans un service de soins palliatifs d’un autre hôpital de
Montréal. Elle re-découvre la vie, la
vraie vie et, surtout, des raisons de ne pas désespérer.,
et surtout l’espoir de re-découvrir...l’amour, même s’il est numérique.
Lui, 8 000 km plus loin, ......Dahmane , un Algérien de Hassi El Ghella, technicien des
télécoms’ : De peur en peur. Dans un pays qui verse peu à peu dans la violence et sous la coupe (non officielle mais bel et
bien présente, tout particulièrement dans les quartiers populaires des villes , les villages
et la campagne) des terroristes islamistes.
Les années 90 ! Une guerre civile ne
disant pas son nom. La mort qui pourchasse tout le monde. Les massacres
collectifs, la lutte anti-terroriste....La quête du « pouvoir »...le
pouvoir, l’abîme, le trou noir, le crime, le désastre et la honte...
Pour fuir la peur et la terreur, Hamdane part
au Canada. Il rencontre (en fait, il avait déjà établi un lien virtuel –
en « tchatchant »- grâce à
internet) Suzie et il l’épouse . Cinq années de
bonheur, deux enfants et la paix des corps et des esprits. Dieu que le Canada
est accueillant !
Puis, comme tout Algérien, ne voilà-t-il pas
qu’il a des « envies » d’Algérie......Revoir la maman. D’abord , un séjour -avec femme et enfants - de rêve aux Andalouses
.....puis, le départ au village natal.
Le cauchemar va débuter sur le chapeau des
roues : Papiers confisqués par les « tangos » du coin... obligation
de réparer du matériel de télécommunications.... arrêté par les forces de
sécurité.... enlevé par des terroristes ......Cela ne va s’arrêter à ça.
Suzanne voulant s’enfuir avec ses enfants est , elle
aussi, enlevée par un groupe de terroristes
et séparée de ses deux enfants. Moutabaridja à la peau blanche et douce
« comme du yaourt », considérée comme butin de guerre » (ghanima
harb) . Devenue « esclave », comme beaucoup d’autres femmes kidnappées, elle est brutalisée ,
exploitée, violée par le chef puis livrée aux autres....Aucune limite à la
sauvagerie. Au nom d’un Islam d’une autre dimension....
Un jour , elle
retrouvera (dans un maquis des monts du Tessala) son époux , lui aussi otage (un otage utile, en tant
qu’ « ingénieur », spécialiste des télécoms). Ils s’enfuiront.
Il périra. Après vingt cinq mois séquestrée
dans le maquis terroriste, elle repartira (« extradée » et
soupçonnée d’aide aux terroristes , pour avoir
« participé » à la mise en place d’une infirmerie ) au
Québec......mais sans ses enfants, Sajid Jean
et Okba Romuald ....disparus. Certainement, elle reviendra, un jour, les (re-) chercher. Un autre livre dans
une Algérie cette fois-ci réconciliée ? Elle a , de
nouveau, beaucoup d’espoir, car........tenez-vous bien, elle s’est convertie à
l’Islam......demandant même à son futur (et ex -compagnon) époux , le canadien
bon teint .....de se convertir avant.Une drôle de
chute, n’est-ce pas ? Syndrome de Stockholm ? Elle ne nous dit pas si
elle va porter désormais le Djilbab.
A signaler une annexe avec des « Notes
et Contexte historique » en fin d’ouvrage. Très riche...Mais notes trop
nombreuses et contexte trop fouillé. On s’y perd.
L’Auteur :
Longtemps journaliste en Algérie, près de 35 ans , résidant
actuellement au Canada , écrivain, auteur , déjà, de plusieurs livres en
Algérie ; livres publiés aussi à l’étranger, dont « Le grain de sable
» traitant de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf et « Le
Tycoon et l’empire des sables » traitant de l’affaire Khalifa (livre
rapidement « épuisé » car « ramassé » par ???? des
librairies et des dépôts de distribution). L’auteur était alors directeur de
l’édition au sein de la Sn. Anep.Il ne fera pas long feu.
Extraits : « Tout
au début de cette effervescence religieuse, il falait l’orienter ou la
stopper ; mais le temps avait fait son œuvre et ce fut ainsi que la bêtise
incontrôlable s’érigea en intelligence, et la force remplaça l’idée motrice conduisant toute une
nation vers un rituel préhistorique au
sein duquel les frontières ente le bien et le mal n’étaient pas encore
clairement définies » (p 55), « Il est des particularités dans
l’utilisation des klaksons des véhicules chez les conducteurs algériens,
bizarres : on se salue à coups de klakson, on fait la fête à coups de
klakson,on étale sa vantardise à coups de klakson,on s’insulte à coups de klakson,
on drague à coups de klakson, on s’invite, on s’interpelle, on se parle, on
communique, on s’avertit à coups de klakson.. » (p 109),
Avis : Long, très long, trop long ....et très
cher.......roman.Une histoire qui se traîne dans des longueurs , parfois avec
des digressions souvent inutiles. Il est
vrai que l’auteur est un amoureux du détail .Journaliste un jour, journaliste
toujours ! Et, l’utilisation de termes (inconnus chez nous)
franco-canadiens ne facilitent pas la lecture, obligeant à avoir un Dico’ près
de soi....sans être certain de trouver de significations, l’Académie française
n’ayant pas encore décidé .Un ouvrage surtout destiné aux
Canadiens...québécois, par le biais des multiples digressions et
explications sur le fonctionnement des institutions et de la société
algérienne. Et, aux Algériens par le biais des multiples digressions et
explications sur le fonctionnement des institutions et de la société canadienne
qui, elle aussi, a connu
,dans son passé, des moments « pas roses » suite à l’emprise
de l’Eglise.
Appel à l’éditeur bien plus qu’à
l’auteur : Attention aux « coquilles ». Ce n’est pas parce que
c’est la langue française qu’il faut la
« mal-traiter ». Problème de respect des lecteurs....qui payent .
Citations : « Si tu cours après le bonheur, jamais tu ne le rejoindras. Si tu
t’assoies pour l’attendre, jamais il n’arrivera. Si tu le cherches
, jamais tu ne le trouveras. Va simplement sur ton chemin et au moment
où tu t’y attendras le moins, tu rencontreras le bonheur ... » (p
38), « Les Algériens sont devenus des zombies, depuis que le pays s’est
embourbé dans cette horrible guerre ! Plus personne ne réagit devant la
mort. Plus personne ne se sauve de la mort. C’est plutôt la mort qui pourchasse
tout le monde » (p 181), « Pour quelqu’un qui subissait la torture
physique et le diktat de l’oppression, c’était toujours la première gifle qui
faisait le plus mal. C’était celle qui rabaissait, qui plongeait dénudé, qui
écorchait. Elle éloignait sa victime des proportions de l’estime de soi »
(p 280), « Dans les société en guerre, il n’y avait pas que les faux
dévôts , ceux qui guerroient, le dénuement, les privations, les restrictions
des libertés, les violations des droits de la personne qui étaient les ennemis
avérés de l’humanité ;il y avait aussi les profiteurs qui trouvaient ,
dans ces situations exceptionnelles, un terreau favorable pour se développer
« (p 319)