ENVIRONNEMENT- ENQUETES
ET REPORTAGES- SINGES MAGOTS DJURDJURA
(c) El Watan/ Mustapha Benfodil, lundi 3
septembre 2018
Le singe
magot (Macaca sylvanus),
appelé aussi macaque de Barbarie ou macaque berbère, est un mammifère sauvage
de l’ordre des primates. C’est une espèce endémique, c’est-à-dire qu’elle est
fondamentalement liée à un territoire. Ce singe vit essentiellement en Algérie
et au Maroc, et, dans de moindres proportions, à Gibraltar.
«Seul
macaque vivant hors d’Asie, le magot ou “macaque de Barbarie”, qui peut peser
de 15 à 20 kilos, était autrefois répandu en Afrique du Nord. Mais, disparu
depuis 1900 de Tunisie, il ne vit plus aujourd’hui qu’au Maroc dans les zones
montagneuses du Rif (Nord) et du Moyen Atlas, ainsi qu’en Algérie, surtout dans
les massifs de Kabylie.
Environ
230 macaques de Barbarie — introduits d’Afrique du Nord — vivent aussi à
Gibraltar où ils constituent une célèbre attraction touristique», indique l’AFP
(dépêche du 3 mai 2017). Et de souligner : «Aucun recensement à l’échelle du
Maroc n’a été réalisé, mais selon les estimations, les magots seraient au total
entre 3000 et 10 000 aujourd’hui, contre 17 000 il y a 30 ans, selon des
études scientifiques.»
«En Algérie, ils étaient estimés à 5500 il y a
30 ans.»
Selon la
direction du Parc national du Djurdjura (PND) que nous avons sollicitée pour
les besoins de cette enquête, une étude a été commandée en 2010 par le PND afin
d’évaluer la population de singes magots présente au sein du parc et ses zones
périphériques. Intitulée «Etude d’inventaire des troupes du singe magot»,
celle-ci a recensé un peu plus de 4600 macaques qui vivent dans le massif du
Djurdjura.
Dans cette
même zone géographique, ils sont répartis sur 102 troupes (groupes de singes
dans le jargon scientifique). Les troupes comptent entre 17 et 120 individus,
selon que l’on soit en altitude ou dans des zones moins élevées. Le secteur
d’Aït Ouabane du PND, connu pour sa forêt dense,
concentre à lui seul 45% des effectifs de singes magots présents dans le
Djurdjura. Considéré comme une espèce menacée, l’UICN, l’Union internationale
pour la conservation de la nature, a classé le singe magot sur sa liste rouge.
«Le singe magot est le seul parmi les 20 espèces différentes de macaques à être
présent en Afrique, plus précisément au Maroc et en Algérie. Il est classifié
comme espèce en danger sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN (…).
Le singe
magot peut également se retrouver à Gibraltar et il est souvent la cible de
trafics illégaux en Europe», peut-on lire sur le site de cette ONG. Dans notre
pays, le singe magot fait partie des espèces protégées en vertu du décret
n°83-509 du 20 août 1983 «relatif aux espèces animales non domestiques
protégées».
Il est
également couvert par la Convention sur le commerce international des espèces
de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), dite convention de
Washington, ratifiée par l’Algérie. A noter enfin que les troupes de singes qui
vivent en Algérie sont réparties sur sept sites : le Djurdjura, l’Akfadou, les gorges de la Chiffa,
le Pic des singes (Parc national de Gouraya), Chaabet El Akra (Kherrata), les Babors et Djebel Guerrouche
(Jijel).