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"Second front" en Europe (Août 1958)

Date de création: 01-09-2018 18:20
Dernière mise à jour: 01-09-2018 18:20
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HISTOIRE- GUERRE DE LIBERATION NATIONALE- « SECOND FRONT » EN EUROPE (AOÛT 1958)

 

 «Dans la nuit du 24 au 25 août 1958, les commandos algériens de France ont attaqué un certain nombre d’objectifs stratégiques situés sur le territoire français, selon un plan établi qui a surpris complètement l’adversaire. Comme le premier Novembre, la nuit du 24 août ouvre un chapitre nouveau de la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Une force de près d’un demi-million d’hommes valides se mobilise pour l’action sous la direction du FLN ; la première offensive des commandos algériens s’est fixée sur un objectif essentiellement pétrolier, pour une double raison : frapper les réserves de carburant ennemie, et prolonger sur le territoire français la même guerre que nos vaillants combattants mènent méthodiquement en Algérie.» Extrait du communiqué du CCE, paru sur El Moudjahid du 27 septembre 1958.

Le 25 août 1958, les Français se réveillent en état de choc. Explosions, incendies, attaques de commissariats... L’espace d’une nuit, la peur avait changé de camp. Pour cause, la guerre menée par la France coloniale contre le peuple algérien est au seuil de sa porte. Elle se voit, ainsi, confrontée à un épineux problème de sécurité interne, et ne peut donc plus se permettre de mobiliser tous ses moyens humains et matériels en Algérie. Le premier objectif tracé par le FLN est atteint. Le témoignage d’Ali Haroun, hier, sur les hauts faits d’armes menés par les militants de la Fédération du FLN en France et l’apport de l’émigration à la Révolution de Novembre, s’est voulu un flashback sur la décision du FLN d’ouvrir un second front sur le sol de l’ennemi.
Le génie et l’audace de cette nouvelle forme de guerre resteront gravés sur les pages de l’histoire de l’humanité. Ali Haroun n’est plus à présenter. L’auteur de l’ouvrage La 7e Wilaya, invité par l’association Machaâl Echahid, pour apporter un témoignage historique sur cette date phare, a été un des responsables de la Fédération du FLN en France. En préambule, il tient à rappeler qu’il n’est pas permis à celui qui n’a pas assisté ou vécu un événement d’en parler comme s’il y était. Après cette mise au point on ne peut plus claire, et dont le message a été saisi par le destinataire présent dans la salle du complexe culturel Larbi-Ben- Mhidi, le conférencier a mis son habit de témoin et d’acteur privilégiés dans ce que l’on appelle le transfert de la Révolution en métropole. La décision d’ouvrir un second front en métropole revient à Abane Ramdane. C’est lui qui a désigné Omar Boudaoud à la tête de la Fédération de France, avec une feuille de route bien précise. La principale mission consistait en l’organisation de l’émigration (quelque 300.000 Algériens) et dont la majorité était acquise à Messali El-Hadj. Il fallait aussi faire connaître l’opinion du FLN au peuple français, et surtout montrer qu’il s’agit d’une guerre menée par la France contre le peuple algérien.

Un événement de portée internationale 

En 1957, la France coloniale utilisait le napalm ; avec le silence complice des médias. Pour cela, il fallait répliquer. Abane Ramdane avait demandé à organiser des opérations spectaculaires pour alerter l’opinion française sur ce qui se passait en Algérie. Il avait pensé à des incendies de forêt, mais surtout toucher le patrimoine militaire français, puis le patrimoine économique, d’autant plus que le FLN avait promis de détruire les réserves de pétrole, puisé en Algérie, car il constitue une richesse algérienne.
Les offensives des commandos algériens avaient pour objectifs de frapper les réserves de carburant destinées à l’aviation ennemie, mais surtout de prolonger sur le territoire français la guerre menée par les moudjahidine dans les maquis. Et créer ainsi un climat d’insécurité, sans pour autant toucher aux populations civiles. Pour cela, un plan d'action spectaculaire a été minutieusement préparé, lors d’une réunion tenue le 25 juillet 1958. Les responsables des 4 Wilayas (le territoire français était partagé en 4 wilayas), se sont réunis pour que les groupes de choc de l'OS (Organisation spéciale) soient activés, pour réaliser les attentats prévus.
 La réunion avait duré dix jours. Quant à la préparation, les présents avaient convenu que cela nécessiterait un délai d’un mois. Sans donner de détails sur les commandos ni sur les lieux de leur formation et leur entraînement, on saura que ces militants étaient tous dévoués pour la mission. La date et l’heure du lancement de l’opération sont restés secrets. Jusqu’au jour J. L'opération a été déclenchée dans la nuit du 24 au 25 août.
À zéro heure exactement comme prévu. Parmi les objectifs, se trouvaient des installations pétrolières de Provence : les raffineries et les dépôts de Berre, Lavéra, La Mède, et, à Marseille même, le dépôt de Saint-Louis-les-Aygalades et surtout celui de Mourepiane, près de l'Estaque. Celui-ci, avec ses quarante bacs, est le plus important du Sud-Est. Alors que les autres actions ont échoué, pour une raison ou pour une autre, l'attentat de Mourepiane avait atteint, lui, ses objectifs. Surtout sur le plan psychologique, sachant que l’incendie a duré près de trois semaines. En tout et pour tout, dit-il, ce sont 242 attaques et 56 sabotages qui ont été perpétrés sur des cibles stratégiques. Ali Haroun dit que les objectifs fixés par les responsables ont été atteints. C’est ainsi que la France a été obligée de mobiliser quelque 80.000 hommes pour garder les nombreux points stratégiques qui parsèment son propre territoire.
Les incendies des quatre dépôts de Mourepiane, Toulouse, Narbonne et Petit Quevilly ont vu brûler 21 millions de litres de carburants, soit une journée de consommation pour toute la France : (8.500 m3 à Narbonne et Toulouse, 5.000 m3 à Rouen, 8.000 m3 à Mourepiane), sans compter les dommages causés pour plusieurs mois aux installations.
Et puis toutes ces actions, qui ont duré presque un mois, du 25 août au 27 septembre, constituent bien l’unique exemple d’un mouvement de libération qui porte la guerre sur le territoire de l’ennemi, sans compter l’avantage psychologique au crédit de la lutte de libération, auprès du peuple algérien et de l’ALN.

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