HISTOIRE-
GUERRE DE LIBERATION NATIONALE- « SECOND FRONT » EN EUROPE (AOÛT
1958)
«Dans la nuit du 24 au 25 août 1958, les
commandos algériens de France ont attaqué un certain nombre d’objectifs
stratégiques situés sur le territoire français, selon un plan établi qui a
surpris complètement l’adversaire. Comme le premier Novembre, la nuit du 24
août ouvre un chapitre nouveau de la lutte du peuple algérien pour son
indépendance. Une force de près d’un demi-million d’hommes valides se mobilise
pour l’action sous la direction du FLN ; la première offensive des commandos
algériens s’est fixée sur un objectif essentiellement pétrolier, pour une
double raison : frapper les réserves de carburant ennemie, et prolonger sur le
territoire français la même guerre que nos vaillants combattants mènent
méthodiquement en Algérie.» Extrait du communiqué du CCE, paru sur El Moudjahid
du 27 septembre 1958.
Le 25 août
1958, les Français se réveillent en état de choc. Explosions, incendies,
attaques de commissariats... L’espace d’une nuit, la peur avait changé de camp.
Pour cause, la guerre menée par la France coloniale contre le peuple algérien
est au seuil de sa porte. Elle se voit, ainsi, confrontée à un épineux problème
de sécurité interne, et ne peut donc plus se permettre de mobiliser tous ses
moyens humains et matériels en Algérie. Le premier objectif tracé par le FLN
est atteint. Le témoignage d’Ali Haroun, hier, sur les hauts faits d’armes
menés par les militants de la Fédération du FLN en France et l’apport de
l’émigration à la Révolution de Novembre, s’est voulu un flashback sur la
décision du FLN d’ouvrir un second front sur le sol de l’ennemi.
Le génie et l’audace de cette nouvelle forme de guerre resteront gravés sur les
pages de l’histoire de l’humanité. Ali Haroun n’est plus à présenter. L’auteur
de l’ouvrage La 7e Wilaya, invité par l’association Machaâl
Echahid, pour apporter un témoignage historique sur
cette date phare, a été un des responsables de la Fédération du FLN en France.
En préambule, il tient à rappeler qu’il n’est pas permis à celui qui n’a pas
assisté ou vécu un événement d’en parler comme s’il y était. Après cette mise
au point on ne peut plus claire, et dont le message a été saisi par le
destinataire présent dans la salle du complexe culturel Larbi-Ben-
Mhidi, le conférencier a mis son habit de témoin et
d’acteur privilégiés dans ce que l’on appelle le transfert de la Révolution en
métropole. La décision d’ouvrir un second front en métropole revient à Abane Ramdane. C’est lui qui a
désigné Omar Boudaoud à la tête de la Fédération de France, avec une feuille de
route bien précise. La principale mission consistait en l’organisation de
l’émigration (quelque 300.000 Algériens) et dont la majorité était acquise à Messali El-Hadj. Il fallait aussi
faire connaître l’opinion du FLN au peuple français, et surtout montrer qu’il
s’agit d’une guerre menée par la France contre le peuple algérien.
Un événement de portée
internationale
En 1957, la France coloniale utilisait le napalm ; avec le silence complice des
médias. Pour cela, il fallait répliquer. Abane Ramdane avait demandé à organiser des opérations
spectaculaires pour alerter l’opinion française sur ce qui se passait en
Algérie. Il avait pensé à des incendies de forêt, mais surtout toucher le
patrimoine militaire français, puis le patrimoine économique, d’autant plus que
le FLN avait promis de détruire les réserves de pétrole, puisé en Algérie, car
il constitue une richesse algérienne.
Les offensives des commandos algériens avaient pour objectifs de frapper les
réserves de carburant destinées à l’aviation ennemie, mais surtout de prolonger
sur le territoire français la guerre menée par les moudjahidine dans les
maquis. Et créer ainsi un climat d’insécurité, sans pour autant toucher aux
populations civiles. Pour cela, un plan d'action spectaculaire a été
minutieusement préparé, lors d’une réunion tenue le 25 juillet 1958. Les
responsables des 4 Wilayas (le territoire français était partagé en 4 wilayas),
se sont réunis pour que les groupes de choc de l'OS (Organisation spéciale)
soient activés, pour réaliser les attentats prévus.
La réunion avait duré dix jours. Quant à la préparation, les présents
avaient convenu que cela nécessiterait un délai d’un mois. Sans donner de
détails sur les commandos ni sur les lieux de leur formation et leur
entraînement, on saura que ces militants étaient tous dévoués pour la mission.
La date et l’heure du lancement de l’opération sont restés
secrets. Jusqu’au jour J. L'opération a été déclenchée dans la nuit du 24 au 25
août.
À zéro heure exactement comme prévu. Parmi les objectifs, se trouvaient des
installations pétrolières de Provence : les raffineries et les dépôts de Berre,
Lavéra, La Mède, et, à Marseille même, le dépôt de Saint-Louis-les-Aygalades et surtout celui de Mourepiane,
près de l'Estaque. Celui-ci, avec ses quarante bacs, est le plus important du Sud-Est. Alors que les autres actions ont échoué, pour une
raison ou pour une autre, l'attentat de Mourepiane
avait atteint, lui, ses objectifs. Surtout sur le plan psychologique, sachant
que l’incendie a duré près de trois semaines. En tout et pour tout, dit-il, ce
sont 242 attaques et 56 sabotages qui ont été perpétrés sur des cibles
stratégiques. Ali Haroun dit que les objectifs fixés par les responsables ont
été atteints. C’est ainsi que la France a été obligée de mobiliser quelque
80.000 hommes pour garder les nombreux points stratégiques qui parsèment son
propre territoire.
Les incendies des quatre dépôts de Mourepiane,
Toulouse, Narbonne et Petit Quevilly ont vu brûler 21
millions de litres de carburants, soit une journée de consommation pour toute
la France : (8.500 m3 à Narbonne et Toulouse, 5.000 m3 à Rouen, 8.000 m3 à Mourepiane), sans compter les dommages causés pour
plusieurs mois aux installations.
Et puis toutes ces actions, qui ont duré presque un mois, du 25 août au 27
septembre, constituent bien l’unique exemple d’un mouvement de libération qui
porte la guerre sur le territoire de l’ennemi, sans compter l’avantage
psychologique au crédit de la lutte de libération, auprès du peuple algérien et
de l’ALN.
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