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Réserves de change- Etude A. Mebtoul

Date de création: 01-09-2018 18:10
Dernière mise à jour: 01-09-2018 18:10
Lu: 1081 fois


FINANCES- ETUDES ET ANALYSES- RESERVES DE CHANGE- ETUDE A.MEBTOUL

(c) Abderrahmane MEBTOUL/www.algeriepart.com, jeudi 30 août 2018 

L’avant projet de loi de finances 2019 donne des perspectives inquiétantes sur l’avenir de l’économie algérienne. A moins d’un miracle avec un baril à plus de 100 dollars, et d’un redressement du cours du gaz au plus bas depuis trois années, l’Algérie s’oriente vers l’épuisement de ses réserves de change à l’horion 2021/2022. 

Les  réserves de change non compris l’or, (173 tonnes en janvier 2017, stock stable depuis 2009), ont évolué en fonction du cours des hydrocarbures : 111 dollars le baril en 2012, 108 dollars en 2013, 100 dollars en 2014, 53 dollars en 2014, 45 dollars en 2015,  54 dollars en 2017 et une moyenne de 70 dollars en 2018 sans oublier que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz dont le cours est en nette baisse d’environ 3 dollars le million de BTU entre 2017/2018. Ce qui nous donne le niveau suivant des réserves de change :

·         2012 :190,6 milliards de dollars,

·         2013 :194,0 milliard de dollars,

·         2014 :178,9 milliards de dollars,

·         2015 :144,1 milliards de dollars,

·         2016 : 114,1 milliards de dollars,

·         2017 : 97,3 milliards.

 

·         2018 : entre 82/83 milliards de dollars tenant compte  de la valeur des importations de biens (une baisse d’environ seulement d’un milliard de dollars entre 2016/2017) auquel il faut ajouter les transferts légaux de capitaux et le montant des services qui fluctue entre 9/11 milliards de dollars/an entre 2010/2017)  et les recettes de Sonatrach  avec un montant dérisoire hors hydrocarbures entre un (1) et  1,5 milliards  de dollars  concentrées sur trois catégories de biens, les engrais minéraux ou chimiques azotés, « les ammoniacs anhydres et les sucres qui représentent à eux seuls près 72 % du total,  le solde net serait donc d’environ 15 milliards de dollars.

En 2019 : 62 milliards de dollars (source avant projet de loi de finances)

2020 : 48 milliards de dollars (source avant projet de loi de finances)

2021 : 34 milliards de dollars (source avant projet de loi de finances

2022 : 12 milliards de dollars (source rapport du FMI juillet 2018)

A ce niveau, le réserves de change maintenant la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux d’inflation entre 300/400 dinars un euro et beaucoup plus bas si le taux d’inflation dépasse les 20/30%.

En termes de couverture des importations, nous avons   36 mois en 2012, 35 mois en 2013, 30 mois en 2014, 27 mois en 2015, 22 mois en 2016 et  20 mois en 2017. Dans son rapport de juillet 2018,  en 2022, pour le FMI  les réserves de change de l’Algérie permettront de couvrir moins de 5 mois d’importation et en 2023  moins de  3 mois d’importation.

 Il faut voir la réalité en face loin des discours démagogiques. En ce mois de fin août 2018, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach et encore pour bien longtemps procurant directement et indirectement 98% des recettes en devises du pays.  Et la dépense publique détermine  le taux de croissance, le taux de chômage,  le niveau des réserves de change et l’audience internationale tant politique qu’économique. Sans une réorientation de la politique socio-économique, renvoyant à l’urgence d’une mobilisation générale,  au vu de l’avant projet de loi de finances 2019, il y a risque de retour au FMI 2021/2022  avec des incidences dramatiques à la fois économiques, sociales, politiques, voire sécuritaires, sauf miracle d’un cours de baril de 100 dollars et d’un redressement du cours du gaz naturel qui est totalement déconnecté du cours du pétrole puisque la majorité des contrats à terme arrivant à expiration en 2019.  

Pour l’Algérie,  le  bilan 2018 du Wolrd Economic Forum indique clairement qu’il  est très loin des potentialités du pays lesquelles sont énormes.  Dans son rapport 2017/2018, l’étude du WEF sur 137 pays , l’Algérie est classé  88e. Quant au niveau de corruption,(85ème place)  l’Algérie est très mal  classée,  la corruption étant  le deuxième plus grand écueil qui se dresse sur le chemin des investisseurs. Pour  la performance du secteur public le pays arrive au 81e rang  et en matière de sécurité,  (54e place).

L’indice de l’ouverture de l’économie algérienne à l’investissement privé,  le classement est la 128e place, l’économie étant  jugée trop peu diversifiée et l’initiative privée et  l’une des moins compétitives du monde arabe. Concernant les infrastructures, malgré d’importantes dépenses  l’Algérie est classée à la 93e place. Brièvement, nous avons le classement suivant : Institutions : 88ème rang  -Infrastructures : 93ème rang- Environnement macro économique : 71ème rang- Sante/Education : 71ème rang- Enseignement Supérieur et Formation : 92ème rang- Marchandises et Efficacité du marché : 129ème rang- Efficacité du marché du travail : 133ème rang- Développement du marché financier : 125ème rang- Etat de préparation technologique : 98ème rang- Taille du marché : 36ème rang – Sophistication des affaires : 122ème rang- Innovation : 104ème rang. S’agissant des mesures incitatives à l’investissement, le pays se situe à la 98ème position sur les 137 pays évalués, ce qui est une performance qui se situe dans la moyenne.

Ainsi, sans prendre en compte les rapports internationaux,  il  y a  une unanimité des experts nationaux que  le gouvernement  doit se rendre à l’évidence : il a besoin d’une  vision stratégique et éviter de naviguer à vue. Les slogans politiques sont insensibles aux lois économiques applicables dans tous les pays et l’Algérie ne fait pas exception. Le recours  à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire risque d’entraîner l’économie dans une spirale inflationniste,  qui certes n’est pas encore perceptible en 2018.

Mais  les mesures conjoncturelles sans vision stratégique, et de profondes réformes structurelles, risquent de conduire le pays  à  la dérive à la vénézuélienne ce qu’aucun patriote ne souhaite. L’Algérie a besoin d’un retour d’une vision claire de sa politique socio-économique (visibilité et cohérence), le retour à la  CONFIANCE Etat-citoyens, sans laquelle aucun gouvernement ne peut réussir.  Pour sécuriser son  avenir,  de s’éloigner  des aléas de la mentalité rentière, il y a lieu de réhabiliter le travail et l’intelligence, de rassembler tous ses enfants  et   toutes  les forces  politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires,  d’apprendre à respecter  nos différentes sensibilités et donc  les opinions d’autrui, par la culture de la tolérance.

C’est ainsi que l’Algérie éternelle peut  réaliser, le serment   du 01 novembre 1954, un développement durable conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale à laquelle je suis profondément attaché. Il y va de la sécurité nationale.