FINANCES-
ETUDES ET ANALYSES- RESERVES DE CHANGE- ETUDE A.MEBTOUL
(c) Abderrahmane MEBTOUL/www.algeriepart.com, jeudi 30
août 2018
L’avant projet de loi
de finances 2019 donne des perspectives inquiétantes sur l’avenir de l’économie
algérienne. A moins d’un miracle avec un baril à plus de 100 dollars, et d’un
redressement du cours du gaz au plus bas depuis trois années, l’Algérie
s’oriente vers l’épuisement de ses réserves de change à l’horion 2021/2022.
Les réserves de change non
compris l’or, (173 tonnes en janvier 2017, stock stable depuis 2009), ont
évolué en fonction du cours des hydrocarbures : 111 dollars le baril en 2012,
108 dollars en 2013, 100 dollars en 2014, 53 dollars en 2014, 45 dollars en
2015, 54 dollars en 2017 et une moyenne de 70 dollars en 2018 sans
oublier que 33% des recettes de Sonatrach proviennent
du gaz dont le cours est en nette baisse d’environ 3 dollars le million de BTU
entre 2017/2018. Ce qui nous donne le niveau suivant des réserves de change :
·
2012 :190,6
milliards de dollars,
·
2013 :194,0
milliard de dollars,
·
2014 :178,9
milliards de dollars,
·
2015 :144,1
milliards de dollars,
·
2016 :
114,1 milliards de dollars,
·
2017 :
97,3 milliards.
·
2018 : entre
82/83 milliards de dollars tenant compte de la valeur des
importations de biens (une baisse d’environ seulement d’un milliard de dollars
entre 2016/2017) auquel il faut ajouter les transferts légaux de capitaux et le
montant des services qui fluctue entre 9/11 milliards de dollars/an entre
2010/2017) et les recettes de Sonatrach
avec un montant dérisoire hors hydrocarbures entre un (1) et 1,5
milliards de dollars concentrées
sur trois catégories de biens, les engrais minéraux ou chimiques azotés, « les
ammoniacs anhydres et les sucres qui représentent à eux seuls près 72 % du
total, le solde net serait donc d’environ 15 milliards de
dollars.
En 2019 : 62 milliards de dollars (source avant projet
de loi de finances)
2020 : 48 milliards de dollars (source avant projet de loi
de finances)
2021 : 34 milliards de dollars (source avant projet
de loi de finances
2022 : 12 milliards de dollars (source rapport du FMI
juillet 2018)
A ce niveau, le réserves de change
maintenant la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d’Algérie
sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro
avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du
taux d’inflation entre 300/400 dinars un euro et beaucoup plus bas si le taux
d’inflation dépasse les 20/30%.
En termes de couverture des
importations, nous avons 36 mois en 2012, 35 mois en 2013, 30
mois en 2014, 27 mois en 2015, 22 mois en 2016 et 20 mois en 2017. Dans
son rapport de juillet 2018, en 2022, pour le FMI les réserves de change
de l’Algérie permettront de couvrir moins de 5 mois d’importation et en
2023 moins de 3 mois d’importation.
Il faut voir la réalité en face loin des discours
démagogiques. En ce mois de fin août 2018, Sonatrach
c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach et
encore pour bien longtemps procurant directement et indirectement 98% des
recettes en devises du pays. Et la dépense publique
détermine le taux de croissance, le taux de chômage, le niveau
des réserves de change et l’audience internationale tant politique
qu’économique. Sans une réorientation de la politique socio-économique,
renvoyant à l’urgence d’une mobilisation générale, au vu de l’avant
projet de loi de finances 2019, il y a risque de retour au FMI
2021/2022 avec des incidences dramatiques à la fois économiques,
sociales, politiques, voire sécuritaires, sauf miracle d’un cours de baril de
100 dollars et d’un redressement du cours du gaz naturel qui est totalement
déconnecté du cours du pétrole puisque la majorité des contrats à terme arrivant
à expiration en 2019.
Pour
l’Algérie, le bilan 2018 du Wolrd
Economic Forum indique clairement qu’il est
très loin des potentialités du pays lesquelles sont énormes. Dans
son rapport 2017/2018, l’étude du WEF sur 137 pays ,
l’Algérie est classé 88e. Quant au niveau de corruption,(85ème place) l’Algérie
est très mal classée, la corruption étant le
deuxième plus grand écueil qui se dresse sur le chemin des investisseurs.
Pour la performance du secteur public le pays arrive au 81e
rang et en matière de sécurité, (54e place).
L’indice de l’ouverture de l’économie
algérienne à l’investissement privé, le classement est la 128e place,
l’économie étant jugée trop peu diversifiée et l’initiative privée
et l’une des moins compétitives du monde arabe. Concernant les
infrastructures, malgré d’importantes dépenses l’Algérie est classée
à la 93e place.
Brièvement, nous avons le classement suivant : Institutions : 88ème rang -Infrastructures :
93ème rang- Environnement
macro économique : 71ème rang- Sante/Education : 71ème rang- Enseignement
Supérieur et Formation : 92ème rang- Marchandises et Efficacité du
marché : 129ème rang- Efficacité
du marché du travail : 133ème rang- Développement du marché
financier : 125ème rang- Etat
de préparation technologique : 98ème rang- Taille du marché : 36ème rang – Sophistication
des affaires : 122ème rang- Innovation : 104ème rang. S’agissant
des mesures incitatives à l’investissement, le pays se situe à la 98ème position
sur les 137 pays évalués, ce qui est une performance qui se situe dans la
moyenne.
Ainsi, sans prendre en compte les
rapports internationaux, il y a une unanimité des
experts nationaux que le gouvernement doit se rendre à
l’évidence : il a besoin d’une vision stratégique et
éviter de naviguer à vue. Les slogans politiques sont insensibles aux lois
économiques applicables dans tous les pays et l’Algérie ne fait pas exception.
Le recours à la planche à billets pour financer le déficit
budgétaire risque d’entraîner l’économie dans une spirale
inflationniste, qui certes n’est pas encore perceptible en 2018.
Mais les mesures
conjoncturelles sans vision stratégique, et de profondes réformes
structurelles, risquent de conduire le pays à la
dérive à la vénézuélienne ce qu’aucun patriote ne souhaite. L’Algérie a
besoin d’un retour d’une vision claire de sa politique socio-économique
(visibilité et cohérence), le retour à la CONFIANCE
Etat-citoyens, sans laquelle aucun gouvernement ne peut réussir. Pour sécuriser son avenir, de s’éloigner
des aléas de la mentalité rentière, il y a lieu de réhabiliter
le travail et l’intelligence, de rassembler tous ses enfants et
toutes les forces politiques, économiques et sociales, évitant la
division sur des sujets secondaires, d’apprendre à respecter nos
différentes sensibilités et donc les opinions d’autrui, par la culture de
la tolérance.
C’est ainsi que l’Algérie éternelle peut
réaliser, le serment du 01 novembre 1954, un développement durable
conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale à laquelle je
suis profondément attaché. Il y va de la sécurité nationale.