HABITAT- VILLE- CONSTANTINE- CAFE EL GOUFLA
Fermé en avril 2015 pour une opération de
réhabilitation que tous les Constantinois souhaitaient, le café Nedjma, également appelé café El Goufla,
est en passe de disparaître définitivement du paysage de la ville (article El
Moudjahid., dimanche 19 août 2018)
En effet, le mythique
établissement, inauguré il y a 90 ans par Hadj Khodja
Laâdjabi dit El Goufla,
connait une situation pour le moins ubuesque : alors que les travaux de
rénovation, décidés dans le cadre de la manifestation « Constantine
capitale de la Culture arabe », ne devaient durer que quelques mois, le
chantier a été abandonné aussitôt commencé, l’entreprise qui en était chargée
n’ayant fait, en fin de compte, que mettre en ruine les lieux, plongeant dans
le désarroi le gérant et copropriétaire, Mohamed Beldjoudi,
lequel ne sachant plus vers qui se tourner pour relancer les travaux, se
retrouve à régler un loyer pour un local dont il ne peut plus disposer. Cette
situation ne cesse d’inquiéter la population qui voue un culte particulier à ce
haut lieu de l’art et de la culture constantinoise, qui a marqué l’histoire de
la cité des décennies durant.
Le café Nedjma, c’est d’abord un emplacement idéal,
juste à l’intersection des rues Bentchicou et Benbadis, à proximité de la Médersa et de la ruelle Arbaïne- Cherif, mais surtout à mi-chemin entre la gare ferroviaire
et le centre-ville, ce qui en faisait (et en fait toujours) un arrêt
obligatoire pour les visiteurs de Constantine. Mais au-delà, c’est surtout
l’ambiance particulière qui régnait jusqu’à récemment sur les lieux, due à la
détermination des propriétaires à conserver le cachet unique de
l’établissement, résultat de tant de passages de personnalités et d’évènements.
Lieu de rencontre par excellence des artistes, des lettrés et des sportifs, on
pouvait croiser au café Nedjma des noms tels que
l’écrivain et dramaturge Kateb Yacine, son mentor cheikh Mohamed Tahar Ben Lounissi, Malek Bennabi, ou
encore les pionniers du malouf, à l’image d’Abdelmoumène
Bentobbal, Zouaoui Fergani et Brahim Lamouchi.
Les hommes politiques n’étaient pas en reste, les présidents Houari Boumédiène et Mohamed Boudiaf, de même que Rabah Bitat et l’ex-chef du gouvernement Smaïl
Hamdani ont fait partie de la prestigieuse clientèle
d’El Goufla. Il faut aussi rappeler que c’est en ce
même lieu que le Mouloudia de Constantine avait été
fondé en 1939 par le cheikh Abdelhamid Benbadis.
Durant les dernières années, l’établissement légendaire a constitué un passage
obligé pour les participants aux festivals nationaux et internationaux du
malouf, de même que pour la majorité des touristes étrangers de Constantine,
qui ont eu le privilège de siroter un café ou un thé sur sa terrasse. Reste
maintenant aux responsables de prendre en charge les doléances du gérant,
lesquelles sont également celles de tous les Constantinois, tant ce lieu est emblématique
de la ville des ponts suspendus.