HISTOIRE- PERSONNALITES- REDHA MALEK
Originaire de Kabylie, mais
né le 21 décembre 1931, à Batna, dans les Aurès, Redha Malek était un homme dont le destin se
confondit avec celui de l’Algérie combattante.
Tout en préparant, à Alger puis à Paris, des
licences de lettres et de philosophie, il adhère à l'UGEMA (Union générale des
étudiants musulmans algériens) bien avant la célèbre grève des étudiants
algériens de 1957 et devient une des chevilles ouvrières de la révolution
algérienne. Cette année-là, en effet, il travaille à Tunis, aux côtés de
Pierre Chaulet et Franz Fanon, comme directeur
d'El Moudjahid, organe du F.L.N., qui jouât un rôle majeur sur le double
plan de la doctrine et de la formation politique.
Tour à tour ambassadeur à Belgrade (1963), à
Paris (1965), à Moscou (1970), Il devient, en 1977, ministre de l'information
et de la culture dans le dernier gouvernement du président Houari Boumediène, avant d'être chargé, par son
successeur, de représenter l'Algérie
à Washington.
Si l'homme a écrit beaucoup (L'Empreinte
des jours, Essais, Casbah éditions, 2013 ; Guerre de
libération et révolution démocratique : écrits d’hier et d'aujourd’hui,
Casbah éditions, 2010 ; L'Algérie à Evian : histoire des
négociations secrètes, 1956-1962, Editions Dahlab, 1995 ; Arrêt
du processus électoral, enjeux et démocratie ; Tradition et
révolution ; Le véritable enjeu : l'enjeu de la modernité en Algérie
et dans l'islam) , intervenant sur les débats politiques et culturels
et rédigeant aux côtés entre autres de Mustapha Lacheraf,
les textes idéologiques comme le programme Tripoli ou plus tard la Charte
nationale de 1976, il a été constamment en première ligne dans les grandes
négociations connues par la diplomatie algérienne, notamment en sa qualité
d’ambassadeur d'Algérie à Washington et dont les conseils techniques ont été
précieux, à cet égard.
L’aura de l’Algérie jointe au savoir-faire
de la technostructure du ministère des Affaires étrangères, dénoua d’une façon
apaisée, à la satisfaction des deux parties (Iran et Etats- Unis), la
crise.
Il est vrai, disent les historiens, qu’il a
joué un rôle crucial dans la libération des 52 otages de l’ambassade
américaine à Téhéran en 1981, ce qui lui a valu un respect immense des
chancelleries occidentales et un capital symbolique de dimension
internationale.
Une diplomatie active héritière de l’aura de
la Révolution qui faisait que la voix de l’Algérie portait aux quatre coins du
monde et naturellement en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Sur un autre plan, Rédha
Malek fait partie du cercle très restreint des hommes politiques doublés
d’intellectuels qui ne rechignent pas à s’engager dans les combats
idéologiques, symbolisant ainsi l’enracinement profond de ses valeurs dans
l’histoire du pays.
Il présidera le CCN jusqu’en juillet 1992 où
il sera appelé à remplacer Mohamed Boudiaf au Haut Comité d’Etat. Entre aout
1993 et avril 1994, il sera ministre des Affaires étrangères, puis chef
du gouvernement dans un des pires moments de l’histoire du pays.
Dans son ouvrage ‘’L’Algérie à Evian’’,
véritable mine d’informations et d’anecdotes, Redha
Malek raconte comment ‘’ les négociations furent difficiles – qui n’ont rien à
voir avec celles ayant amené à l’indépendance du Maroc et de la Tunisie, voire
de la dizaine de pays africains qui le furent d’un coup avec des négociateurs
français rompus aux arcanes de la diplomatie et des diplomates algériens qui,
pour certains, étaient trentenaires, purent tenir la distance’’.