CULTURE- PERSONNALITE- ADJANI ISABELLE
Née d’un
père algérien, Mohammed
Chérif Adjani (1923-1983), né à Constantine, engagé à
l’âge de seize ans dans l’armée française durant la Seconde Guerre mondiale,
fils de Saïd
Adjani, originaire d’Iferhounène,
établi vers 1920 à Constantine et d’une mère allemande, d’origine
bavaroise, Augusta
Emma Schweinberger, dite Gusti,
morte en février 2007. Dans une interview donnée en 1985, Isabelle Adjani
explique pourquoi sa mère avait l’habitude de dire que son mari était d’origine
turque : elle avait honte de ses origines algériennes. Elle lui demanda
également de changer son prénom Mohammed en Chérif car cela faisait plus «
américain ».
Cette
éloignement de ses origines algériennes, Isabelle Adjani, va le cacher jusqu’à
1988, après les événements du 5 octobre, qui ont bouleversé le champ politique
en Algérie. Ce jour-là, la comédienne révéla pour la première fois au public
français sur un journal télévisé ses origines algériennes. Au cinéma,
Isabelle Adjani n’avait jamais joué dans des rôles d’algérienne ou maghrébine.
Elle effectue son premier voyage en Algérie en novembre 1988 pour soutenir la
jeune démocratie née d’octobre 1988.
On se
souvient de sa première sortie médiatique le 2 novembre à l’Université de Bouzaréah à Alger, à l’invitation de la ligue des droits de
l’homme d’Ali Yahia Abdenour. Elle monte à la tribune et
déclare à l’époque qu’elle était « fière de participer à la naissance
d’une démocratie ». Lors de son passage à Alger, elle a insisté pour
voir Matoub Lounès alors
hospitalisé à l’hôpital Maillot à la suite de la tentative d’assassinat dont il
a été victime de la part d’un gendarme en 1988. Très rebelle comme lui elle
refusa une protection de l’Etat algérien durant sa visite en Algérie.
Cette position démocrate à l’époque très proche de celle du RCD et symbole du
combat pour la démocratie n’était pas du goût des responsables politiques à
Alger à l’époque. Isabelle Adjani qui s’est engagée dans un combat
pour le soutien de la démocratie était opposée au pouvoir et favorable à une
transition démocratique. Elle s’est notamment illustrée en manifestant son
soutien à l’arrêt du processus électoral en Algérie pour stopper
l’avancée des islamistes. Une position qui était très contestée à cette époque
par le président français François Mitterrand, ce qui perturba durant une
décennie les relations entre Alger et Paris.
Après cet
épisode politique, Isabelle Adjani s’est plongée dans un silence médiatique
concernant l’Algérie. Elle refusa toute évocation sur la situation en Algérie
notamment durant la décennie noire et les massacres des populations. Aucune
réaction « officielle » aussi après l’assassinat de Maatoub
Lounas avec qui elle était très
liée.
Isabelle
Adjani qui n’avait pas de racines en Algérie a refusé d’accompagner les
différents présidents français en déplacement en Algérie : Chirac en 2003, Sarkozy en 2007,
Hollande en 2012 et Macron en 2018. Très
rebelle elle refuse toute récupération politique.
. Adjani
qui passait par une période difficile, avait zappé toutes les initiatives de
rapprochement entre elle et l’Algérie.
Elle
avait refusé l’invitation du président Bouteflika pour faire
partie d’une rencontre avec l’élite de la communauté algérienne vivant en
France lors de sa visite en France en 2000.
Elle
refusa également d’accompagner les dizaines d’artistes franco-algériens et
français invités par la Présidence algérienne lors de l’opération
cinéma de l’été organisée par l’opérateur Ait Adjadjou en
2001. L’objectif de cette opération c’était d’améliorer l’image de
l’Algérie en France écorchée par les médias parisiens.
Ce
jour-là, il y avait des artistes franco-algériens comme Yamina Benguigui,
Samy Nacery, Said Amadis, Faudel ou encore les artistes français
nés en Algérie durant la colonisation : à l’image de Roger Hanin, Alexandre Arcady,
Robert Castel et Serge Benhamou. Ce jour-là tout le
showbiz franco-algérien du cinéma était à Alger sauf Isabelle Adjani.
Elle
refusa également de servir d’égérie pour le groupe Khalifa et refusa tous les
ponts d’or que lui avait offerts Moumen Khalifa entre
2002 et 2003. Une opportunité qui avait été saisie en revanche par
les deux stars françaises : Catherine
Deneuve et Gérard
Depardieu. D’ailleurs, le président Bouteflika s’était
interrogé sur l’absence de la star française d’origine algérienne au dîner
offert par la Présidence à ses deux hôtes français après le match
OM-Algérie. Moumen Khalifa avait expliqué à l’époque
que la comédienne était malade qu’elle ne pouvait pas venir. Mais en réalité,
Adjani était opposante à toute rencontre avec
les officiels algériens.