TRAVAIL-
EMPLOI- PERTES D’EMPLOI 2017/AVRIL 2018- ONS
EL WATAN: La
précarité et l’instabilité dans le monde du travail sont les deux principaux
indices dévoilés (fin juillet 2018) dans l’enquête de l’Office national des
statistiques (ONS) sur l’emploi et le chômage. Dans ce dernier volet de
l’étude, les chiffres, arrêtés au mois d’avril dernier, sont effrayants. Plus
de 400 000 travailleurs ont perdu leur emploi en moins d’une année.
En effet,
selon les données de cette institution, la crise économique qui frappe le pays,
depuis plusieurs années déjà, impacte directement le marché de l’emploi.
Certes, le chômage a légèrement baissé, mais les indices cités dans cette
enquête témoignent d’une réalité amère du marché du travail.
Sur la population
au chômage, estimée à 1,378 000 personnes, 666 000 chômeurs ont quitté leur
poste d’emploi au cours des deux dernières années, soit un taux de 46,5% du
nombre global des personnes sans emploi. 74,4% des employés voués au chômage
étaient recrutés sous contrat à durée déterminée (CDD). Un indice qui remet en
cause la nature du recrutement dans le pays.
Selon
Djamel Abdelkader, consultant expert en relations du travail et directeur du
cabinet Training développement, il y a une grande «méconnaissance» des types de
contrats, voire carrément du code du travail. «Ce dernier n’autorise le CDD que
pour les emplois temporaires.
Ce n’est
pas le contrat qui détermine la durée de l’emploi mais le contraire. Le
recrutement doit se faire directement avec un contrat à durée indéterminée
incluant une période d’essai et non avec un CDD renouvelable pour des postes de
travail permanents», explique l’expert.
Selon
l’enquête, les secteurs ayant connu beaucoup d’interruption de la relation de
travail sont le service marchand avec plus de 239 000 départs, suivi de
l’administration avec 172 000 départs et les BTP avec 160 000 départs. Les
raisons de cette cessation de travail sont diverses.
Les plus
importantes sont la fin de contrat (32,9%), la cessation de l’activité de l’entreprise
(23,4%), les démissions (13,8%), les raisons de santé (6,9%) et les licenciement (6,7%). Cette dernière catégorie concerne
44 000 personnes. Entre public et privé, le secteur public connaît un peu moins
de ruptures de relation de travail. C’est logique, vu qu’il n’est pas le plus
grand pourvoyeur d’emplois dans le pays.
Même si
cette enquête s’est intéressée aux personnes ayant déjà travaillé, les
primo-demandeurs constituent tout de même une grande partie des chômeurs dans
le pays. Ils sont 712 000 à avoir du mal à trouver une embauche.
Une
difficulté accentuée avec la fermeture de plusieurs entreprises et une
compression des effectifs dans d’autres.
Selon Djamel Abdelkader, le marché du travail connaît beaucoup de défaillances
et les statistiques de l’ONS sont certes des indicateurs mais restent
insuffisantes.
«Pour
faire une analyse du marché de l’emploi en Algérie, les données de l’ONS sont
une bonne base pour aller au-delà de la langue des chiffres et comprendre les
raisons de cette instabilité de l’emploi. Selon notre expérience, il y a
beaucoup de malaises qui font que les employés ne restent pas longtemps à leurs
postes.
En plus
des CDD, qui fragilisent le rapport de travail, il y a les relations entre
l’administration et les employés, telles que la hogra
et les harcèlements moral et physique sans compter les mauvaises conditions de
travail», ajoute M. Abdelkader, qui revient sur la difficulté de trouver un
emploi pour les primo-demandeurs où la formation universitaire et
professionnelle est remise en cause.
Pour lui,
il est aujourd’hui indispensable de se pencher sérieusement sur la question du
travail en Algérie en faisant de vraies analyses et surtout relancer le projet
de création d’un observatoire de l’emploi et du travail. Selon notre expert, il
y a eu beaucoup de tentatives de le créer sans pour autant aboutir à des
résultats concrets.
Sa
création donnera une analyse réelle de la situation du marché de l’emploi et du
travail dans notre pays.
CHIFFRES
–CLES : 1 378 000 personnes au chômage/ 666 000 chômeurs
depuis deux ans/ 400 000 personnes sans emploi depuis moins d’une année/
239 000 départs dans le secteur des services marchands/ 172 000
départs dans l’administration/ 160 000 départs dans les BTP/ 74,4% des
employés au chômage étaient sous CDD
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APS : Les nouvelles du «front» de l’emploi ou plutôt du chômage ne
sont pas rassurantes même si la planche à billets a eu l’effet placebo sur la
situation financière du pays. L’Office national des statistiques (ONS, fin
juillet 2018) livre des chiffres crus qui donnent froid dans le dos. Ils sont
plus d’un demi million (660.000 exactement) algériens à avoir perdu leur emploi
durant l’année 2017 et jusqu’au moins d’avril 2018.
«Les chômeurs ayant déjà travaillé par
le passé sont estimés à 666 000 personnes, formant ainsi 46,5% de la population
en chômage; constituée majoritairement d’hommes (74,3%)» note le dernier rapport de ONS qui pointe le secteur
privé réputé être un gros recruteur mais aussi un gros producteur de chômeurs.
Il y est précisé en effet que 70,2% de ces
travailleurs ayant perdu leur job étaient employés dans le secteur privé à
cause de leur statut de non permanent. On y apprend ainsi que 63% des personnes
concernées par ces ruptures de relations de travail étaient recrutés sous le
régime du contrat à durée déterminée (CDD) qui permet aux patrons de se
débarrasser de ces collaborateurs à tout moment.
L’ONS souligne en effet que «63%
ont quitté leur dernier poste d’emploi pour motifs de fin de contrat, de
cessation d’activité ou de licenciement et 60% ont perdu leur emploi depuis
moins d’une année». Plus inquiétant encore, le rapport indique que le taux
de rupture des relations de travail a connu un pic en avril 2018 avec pas moins
de 1.334.000 personnes licenciées soit une augmentation de…170.000 par rapport
à la même période en 2017.
Il y est noté également que les femmes
constituent 56,4% de cette catégorie de chômeurs ayant perdu leurs emplois et
les moins de 30 ans ; c'est-à-dire les jeunes, constituent plus de la
moitié de cette population (52,1%). Et ce n’est pas tout. Les moins de 40 ans
représentent 76,5% des travailleurs mis à la porte à cause des ces fameux
CDD.
Ces chiffres alarmants résultent de
l’application des normes de quantification recommandées par le bureau
international du travail (BIT) qui a souvent critiqué la méthode Algérienne de
quantification du chômage en Algérie. L’ONS explique que la population en
chômage en Algérie au sens du BIT est estimée à 1.378 000 personnes, soit un
taux de 11,1% au niveau national avec un net sous emploi chez les femmes. De
quoi se poser des questions sur la capacité du gouvernement à stopper ce cycle
infernal surtout dans ce contexte de repli des cours du pétrole.