ECONOMIE- ENQUETES ET REPORTAGES- CROISSANCE / EMPLOI- 1er SEMESTRE
2018
© Ali Titouche / Liberté, mardi 31 juillet 2018
Au
cours du 1er trimestre de l’année en cours, la croissance est restée faible,
voire lente et peu suffisante pour que l’économie puisse créer des emplois tel
qu’attendu par l’Exécutif.
L’économie algérienne enregistre au
1er trimestre de cette année une très faible croissance, bien en deçà des
attentes espérées.
Le Produit intérieur brut (PIB) n’a augmenté que de 1,3% au 1er trimestre de
l’année, alors que la loi budgétaire de l’actuel exercice plaide pour une
croissance plus soutenue, eu égard aux budgets alloués à l’équipement et à
l’investissement. Les autorisations de programme retenues au titre de l’actuel
exercice budgétaire s'élèvent à 2 270 milliards de dinars (contre 1 397
milliards de dinars en 2017), tandis que les crédits de paiement inscrits pour
2018 s'élèvent à 4 043 milliards de dinars (contre 2 291 milliards de dinars en
2017).
Après deux années marquées par une piètre performance au compteur de la
croissance, l’Exécutif n’a pas hésité de casser sa tirelire dans l’espoir de
voir repartir la croissance. Les tendances budgétaires, qui caractérisent la
loi de finances 2018, rompent avec deux baisses consécutives pour les dépenses
d’équipement, à raison de 16% en 2016 et de 27% en 2017. Le plaidoyer en faveur
de la croissance, de l’investissement et de l’emploi était ainsi clair et pour
le moins flagrant. Force est de constater, toutefois, qu’au cours du 1er
trimestre de l’année, la croissance était faible, voire lente et peu suffisante
pour que l’économie puisse créer des emplois. Sur le front de l’emploi
d’ailleurs, l’économie n’en a créé que peu, si l’on se réfère aux données
diffusées, dimanche, par l’Office national des statistiques. Le taux de chômage
a, quant à lui, stagné, signe d’une économie figée et d’une croissance molle,
quand bien même les budgets qui lui seraient alloués pèseraient pour plus d’un
tiers du PIB. À y regarder de plus près, l’on se dit que l’Exécutif est bien
loin du compte en matière de croissance (4% sur l’année) et de retour sur
investissement au plan de l’emploi. Les pressions à la baisse de la croissance
sont perceptibles ; contre-performance du secteur des hydrocarbures (-2%)
et faible croissance de l’agriculture (4,2%) et du BTPH (4,7%, y compris
services et travaux publics pétroliers dont la croissance a été de 2%), alors
que ces deux secteurs réalisaient des croissances à deux chiffres pendant
plusieurs années du temps où le baril de Brent caracolait à plus de 100
dollars.
Les contre-performances se succèdent depuis 2014 conférant à la faible
croissance un caractère quasi structurel. Les faiblesses du marché de l’emploi
sont toutes aussi structurelles que les vulnérabilités de l’économie
algérienne. Les secteurs improductifs accaparent l’essentiel de la population
active, alors que les activités à forte valeur ajoutée pour l’économie n’occupent
qu’une faible frange des 11 millions de travailleurs recensés par l’ONS, les
employés de l’informel non compris. Fortement dépendant de la commande
publique, le secteur de la construction accapare 1,9 million des travailleurs
(17,2% de l'ensemble de la population occupée), suivi de l’administration
publique (hors secteur sanitaire) avec 1,73 million d'employés (15,7%), du
commerce avec 1,71 million (15,5%), de la santé et l’action sociale avec 1,56
million (14,1%).
Les activités productives de l’économie, dont les industries manufacturières
(12% de la population active), l'agriculture (10,4%), les services (7,4%)
n’occupent, en revanche, qu’une faible partie de la population. Le pari en
matière d’emploi est loin d’être gagné. Celui de la croissance aussi. Car, les
secteurs les mieux lotis en matière de budgets semblent pédaler dans la
semoule, à en croire les statistiques de l’ONS.