COMMUNICATION
– ETUDES ET ANALYSES- ECONOMIE DE LA PRESSE EN ALGERIE- JOUIRNEE D’ETUDE-
COMMUNICATION A.DJABALLAH (II/II)
Journée
d’étude : « La presse écrite en Algérie : regards croisés
d’universitaires et des praticiens du
secteur », ENSJSI-BEN AKNOUN/Laboratoire MUSC/ ALGER (Lundi 9 mai
2016)
DE
LA NOUVELLE ECONOMIE DE L A PRESSE (suite et fin)
Déjà , sur le terrain, on voyait s’imposer
avec force (face au groupe de presse étatique, l’ ATC : Algerie
trust communication/SPA, appellation de l’ancienne SGP Presse et Communication depuis janvier 2011 (3) . Elle regroupe les
entreprises publiques de presse ,
c’est-à-dire les 6 quotidiens ,
les 4 sociétés d’impression (
c’est-à-dire SIA, SIO, SIE et SIMPRAL avec 7 unités dont deux au Sud du pays)
une demi-douzaine de
grands groupes de presse bien outillés... : El Watan, El Khabar (avec leurs
5 unités d’impression réparties à travers le pays ) ce dernier doté d’une chaîne de télé satellitaire , Ennahar
(tirant plus de 300 000 ex) doté de plusieurs chaînes de télé satellitaire , Echourouk
(tirant près de 400 000 exemplaires/jour) doté de plusieurs chaînes de télé satellitaire , Le Quotidien d’Oran (avec son
imprimerie à Oran ), Liberté (soutenu par son propriétaire majoritaire,
le PDG de Cevital qui avait investi déjà dans
l’affichage) , Le Temps d’Algérie (deux quotidiens, l’un en arabe et
l’autre en français, propriétés du
groupe ETRHB) doté de deux chaînes de
télé satellitaire.... Il y a aussi quelques autres, certes aux moyens limités
mais ayant un capital lecteurs fidèle et un quantum
publicitaire minimum : Le Soir d’Algérie, L’Expression, La Tribune
Le paysage audiovisuel venait ,en effet, à
la veille du 3è mandat présidentiel, d’être envahi par une multitude de chaînes
(de contenu algérien mais au siège social se trouvant à l’étranger, en
attendant l’application de la loi relative à l’audiovisuel de 2014. Les rédactions et des entreprises de production
se trouvent, pour la quasi-totalité, en
Algérie ; le monopole de la production n’existant plus)
. On en décomptait près d’une cinquantaine fin 2015 (52 selon L’Expression
–« Ecran libre » - du mercredi
4 mai 2016) , aussi bien généralistes que thématiques
ou publicitaires, émettant pour la plupart, sur le satellite Nilsat et sur le satellite émirati Yahsat.
Sans transparence financière aucune , « acceptées » ou encouragées
par les institutions , avec , parfois des bureaux accrédités (seulement 5 début
2016), elles ont littéralement « aspiré » , grâce à des conditions
tarifaires plus que favorables (dumping pratiqué à outrance ainsi que le
« sponsoring »....ce qui a entraîné des durées de vie assez
courtes....14 chaînes privées ayant fermé depuis 2014).....une bonne partie du gisement publicitaire déjà existant,
affaibli à partir de 2015 (4), par la crise du pétrole...et une bonne
partie du gisement des téléspectateurs qui ,par contre- coup, ont abandonné la
presse écrite (déjà un peu bousculée par l’internet). Le grand problème réside
non dans leur existence même, profitable au téléspectateur algérien devenu un
grand « zappeur » , mais dans le fait qu’elle étaient, pour la
plupart, financées par l’informel algérien , lui-même animé par des hommes
d’affaires et industriels installées ou non en Algérie, parfois eux-mêmes liés
à des mouvements politiques : Haddad des Travaux publics, Kermiche (d’Ifri), Mazouz de
l’Agro-alimentaire , Takhout des Transports
collectifs et concessionnaire
automobiles, Djebbari de l’Immobilier, Meguenni, industriel du carton et propriétaire du Midi
Libre, Hadj Zmirli, président du Nahd ,de l’immobilier et la pharmacie, actionnaire dans El Djazairia
Tv, Nabil Amra actionnaire dans El Haddaf Tv et propriétaire du groupe de presse El Heddaf-Le Buteur proche dit-on du Fln, , Belkhadem, Madjer, Si Affif, .......) , un entraîneur de football.....On a eu le
propriétaire de « Flash » , et on
va avoir, certainement ,
Rahim de l’hôtellerie (Arcofina et Ardis) ...
La crise financière a
précipité (à partir de 2015) le
mouvement de contraction des marchés internes , obligeant ainsi des titres –
dont les propriétaires et animateurs sont
plus journalistes ou « affairistes » que gestionnaires - soit à « mettre la
clé sous le paillasson» (5) (ex :
Algérie News en français et Djazair
News en arabe , de Hamida Ayachi,
L’Echo d’Oran en arabe, El Youm, El Ahdath, Le Financier, L’Actualité...et bientôt La
Voix de l’Oranie , Sawt
El Gharb et El Adjwa en arabe...) , soit chercher
à se vendre au « plus offrant » , à l’exemple du rachat de 95%
des cactions du groupe El Khabar
par Nesprod, une filiale du groupe Cevital du milliardaire Isaad Rebrab (plus de 406 milliards de cts), vente d’El Djazairia TV , recherche de participation extérieure au
groupe Echourouk.....
Bien sûr, il y a la loi de
janvier 1992 qui , dans ses articles 16
(agrément incessible) et 25 ( interdiction de possession, contrôle ou direction par une même personne morale de
plus d’ une seule publication d’information générale de même périodicité ) , pourrait
empêcher la concentration, mais gageons qu’il sera aisément contourné et la
loi, très mal faite au départ, conçue en fonction d’intérêts circonstanciels et
intéressés , va être, à la faveur de la nouvelle Constitution révisée,
elle-aussi, certainement adaptée au nouveau « modèle économique
algérien », lui-même adapté au nouveau capitalisme algérien (un
capitalisme dit « de complaisance », comme on le voit surtout dans
les pays à démocratie autoritariste ?)
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ancien DG de l’ANEP (84-85) et de l’APS (85-90) ,
ancien membre désigné du Conseil supérieur de l’Information (90-93)
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NOTES
1) Voir la contribution, in
L’Expression de Kamel Sidi Said (jeudi 5 mai 2016, p
11) , sur «Presse : L’autre modèle
économique » , dans laquelle il indique , à juste titre, que « si les
quotidiens ont admirablement réussi le challenge rédactionnel , ils sont loin
d’avoir réussi le challenge organisationnel ....et de grands efforts de
gestion s’imposent» .
2)157
titres de quotidiens enregistrés au ministère de la Communication fin avril
2016 selon le bureau d’études Mmg (Note : Agréés certes, mais non
obligatoirement visibles sur le marché ou paraissant régulièrement, certains
ayant même totalement disparus) . Au total, il y
aurait plus de 400 titres de presse toutes périodicités et tous statuts
confondus
3)L’Etat
est propriétaire, aussi, d’une Agence de presse, l’APS, d’une Agence de
publicité, l’ANEP (une SPA) , d’une Entreprise de télévision, l’ENTV avec 5 programmes,
les seuls pour l’instant autorisés et une Entreprise de radio, l’ENRS doté de
48 chaînes locales et de plusieurs chaînes nationales généralistes (3) et
spécialisées (4). L’Etat a , aussi, le monopole de la
diffusion avec TDA. Toutes des EPIC
4) Selon
Immar ,
un institut d’études et de sondage algéro-français en communication, le marché de la publicité
algérien est passé de 13 milliards de dinars (119 millions de dollars) en 2008
à 35 milliards de dinars (320 millions de dollars) en 2015......les télévisions
s’accaparant plus de 80 %...et la presse écrite à peine près de 15% environ
Selon le
PDG de la SN ANEP (Horizons, mardi 3 mai 2016), il existe un peu plus de 4000
agences de publicité en Algérie dont des agences internationales qui gèrent entre
70% et 80% du marché publicitaire . La régie de
l’ANEP ne gère, selon lui, pas plus de 20% du marché publicitaire national. Par
ailleurs, il affirme que les grandes entreprises dans les domaines de
l’automobile, de la téléphonie et de l’agroalimentaire sont entre les mains de
ces agences privées qui brassent jusqu’à 80% du marché
5) Selon
un rapport de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme
, LADDH (El Hayat, mardi 3 mai 2016) , plus de une quarantaine de titres de presse vont disparaître dans les mois qui suivent
Le
ministre de la Communication déclarait , à juste titre
(lundi 25 avril 2016), que « sur les 155 titres de presse quotidienne, il
y a 20 ou moins qui ont un poids et une
importance sur le marché et sur les 20 , il y a peut-être 10 qui sont
érigés et gérés comme des entreprises de presse »