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Economie de la presse en Algérie- Journée d'études- Communication A.Djaballah (II/II) .

Date de création: 01-08-2018 18:46
Dernière mise à jour: 01-08-2018 18:46
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COMMUNICATION – ETUDES ET ANALYSES- ECONOMIE DE LA PRESSE EN ALGERIE- JOUIRNEE D’ETUDE- COMMUNICATION A.DJABALLAH (II/II)

 

Journée d’étude : « La presse écrite en Algérie : regards croisés d’universitaires et des praticiens du secteur », ENSJSI-BEN AKNOUN/Laboratoire MUSC/ ALGER (Lundi 9 mai 2016)

 

   DE LA NOUVELLE ECONOMIE DE L A PRESSE (suite et fin)

Déjà , sur le terrain, on voyait s’imposer avec force (face au groupe de presse étatique, l’  ATC : Algerie trust communication/SPA, appellation de l’ancienne  SGP Presse et Communication depuis  janvier 2011 (3) . Elle regroupe les entreprises publiques de presse ,  c’est-à-dire les 6 quotidiens  , les  4 sociétés d’impression ( c’est-à-dire SIA, SIO, SIE et SIMPRAL avec 7 unités dont deux au Sud du pays)   une demi-douzaine de  grands groupes de presse bien outillés... : El Watan, El Khabar (avec leurs 5 unités d’impression réparties à travers le pays  ) ce dernier doté d’une chaîne de télé satellitaire  , Ennahar (tirant plus de 300 000 ex) doté de plusieurs  chaînes de télé satellitaire  , Echourouk (tirant près de 400 000 exemplaires/jour) doté de plusieurs  chaînes de télé satellitaire  , Le Quotidien d’Oran (avec son imprimerie à Oran ), Liberté (soutenu par son propriétaire majoritaire, le PDG de Cevital qui avait investi déjà dans l’affichage) , Le Temps d’Algérie (deux quotidiens, l’un en arabe et l’autre en français,  propriétés du groupe ETRHB) doté de deux   chaînes de télé satellitaire.... Il y a aussi quelques autres, certes aux moyens limités mais ayant un capital lecteurs fidèle et un quantum publicitaire minimum : Le Soir d’Algérie, L’Expression, La Tribune 

Le paysage audiovisuel venait ,en effet,  à la veille du 3è mandat présidentiel, d’être envahi par une multitude de chaînes (de contenu algérien mais au siège social se trouvant à l’étranger, en attendant l’application de la loi relative à l’audiovisuel de 2014. Les  rédactions et des entreprises de production se trouvent, pour la quasi-totalité,  en Algérie ; le monopole de la production n’existant plus) . On en décomptait près d’une cinquantaine fin 2015 (52 selon L’Expression –« Ecran libre » -  du mercredi 4 mai 2016) , aussi bien généralistes que thématiques ou publicitaires, émettant pour la plupart, sur le satellite Nilsat et sur le satellite émirati Yahsat. Sans transparence financière aucune , « acceptées » ou encouragées par les institutions , avec , parfois des bureaux accrédités (seulement 5 début 2016), elles ont littéralement « aspiré » , grâce à des conditions tarifaires plus que favorables (dumping pratiqué à outrance ainsi que le « sponsoring »....ce qui a entraîné des durées de vie assez courtes....14 chaînes privées ayant fermé depuis 2014).....une bonne partie  du gisement publicitaire déjà existant, affaibli à partir de 2015 (4), par la crise du pétrole...et une bonne partie du gisement des téléspectateurs qui ,par contre- coup, ont abandonné la presse écrite (déjà un peu bousculée par l’internet). Le grand problème réside non dans leur existence même, profitable au téléspectateur algérien devenu un grand «  zappeur » , mais dans le fait qu’elle étaient, pour la plupart, financées par l’informel algérien , lui-même animé par des hommes d’affaires et industriels installées ou non en Algérie, parfois eux-mêmes liés à des mouvements politiques : Haddad des Travaux publics, Kermiche (d’Ifri),  Mazouz de l’Agro-alimentaire , Takhout des Transports collectifs  et concessionnaire automobiles, Djebbari de l’Immobilier, Meguenni, industriel du carton et propriétaire du Midi Libre, Hadj Zmirli, président du Nahd ,de l’immobilier et la pharmacie,  actionnaire dans El Djazairia Tv, Nabil Amra actionnaire dans El Haddaf Tv et propriétaire du groupe de presse El Heddaf-Le Buteur proche dit-on du Fln, , Belkhadem, Madjer, Si Affif, .......) , un entraîneur de football.....On a eu le propriétaire de « Flash » , et on  va avoir, certainement ,  Rahim  de l’hôtellerie (Arcofina et Ardis)   ...

La crise financière a précipité (à partir de 2015)  le mouvement de contraction des marchés internes , obligeant ainsi des titres – dont les propriétaires et animateurs sont  plus journalistes ou « affairistes »  que gestionnaires - soit à « mettre la clé sous le paillasson» (5)  (ex : Algérie News en français et Djazair News en arabe , de Hamida Ayachi, L’Echo d’Oran en arabe, El Youm, El Ahdath, Le Financier, L’Actualité...et bientôt La Voix de l’Oranie , Sawt El Gharb et El Adjwa en arabe...) , soit chercher à se vendre au « plus offrant » , à l’exemple du rachat de 95% des cactions du groupe El Khabar par Nesprod, une filiale du groupe Cevital du milliardaire Isaad Rebrab (plus de 406 milliards de cts), vente d’El Djazairia TV , recherche de participation extérieure au groupe Echourouk.....

Bien sûr, il y a la loi de janvier 1992 qui , dans ses   articles 16 (agrément incessible) et 25 ( interdiction de possession, contrôle  ou direction par une même personne morale de plus d’ une seule publication d’information  générale de même périodicité ) , pourrait empêcher la concentration, mais gageons qu’il sera aisément contourné et la loi, très mal faite au départ, conçue en fonction d’intérêts circonstanciels et intéressés , va être, à la faveur de la nouvelle Constitution révisée, elle-aussi, certainement adaptée au nouveau « modèle économique algérien », lui-même adapté au nouveau capitalisme algérien (un capitalisme dit « de complaisance », comme on le voit surtout dans les pays à démocratie autoritariste ?)

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------* ancien DG de l’ANEP (84-85) et de l’APS (85-90) , ancien membre désigné du Conseil supérieur de l’Information (90-93)

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                                              NOTES

 

1) Voir la contribution, in L’Expression de Kamel Sidi Said (jeudi 5 mai 2016, p 11) , sur «Presse :  L’autre modèle économique » , dans laquelle il indique , à juste titre, que « si les quotidiens ont admirablement réussi le challenge rédactionnel , ils sont loin d’avoir réussi le challenge organisationnel ....et de grands efforts de gestion s’imposent» .

2)157 titres de quotidiens enregistrés au ministère de la Communication fin avril 2016  selon le bureau d’études Mmg (Note : Agréés certes, mais non obligatoirement visibles sur le marché ou paraissant régulièrement, certains ayant même totalement disparus) . Au total, il y aurait plus de 400 titres de presse toutes périodicités et tous statuts confondus

3)L’Etat est propriétaire, aussi, d’une Agence de presse, l’APS, d’une Agence de publicité, l’ANEP (une SPA) , d’une Entreprise de télévision, l’ENTV avec 5 programmes, les seuls pour l’instant autorisés et une Entreprise de radio, l’ENRS doté de 48 chaînes locales et de plusieurs chaînes nationales généralistes (3) et spécialisées (4). L’Etat a , aussi, le monopole de la diffusion avec TDA. Toutes des EPIC

4) Selon Immar , un institut d’études et de sondage algéro-français  en communication, le marché de la publicité algérien est passé de 13 milliards de dinars (119 millions de dollars) en 2008 à 35 milliards de dinars (320 millions de dollars) en 2015......les télévisions s’accaparant plus de 80 %...et la presse écrite à peine près de 15% environ

Selon le PDG de la SN ANEP (Horizons, mardi 3 mai 2016), il existe un peu plus de 4000 agences de publicité en Algérie dont des agences internationales qui gèrent entre 70% et 80% du marché publicitaire . La régie de l’ANEP ne gère, selon lui, pas plus de 20% du marché publicitaire national. Par ailleurs, il affirme que les grandes entreprises dans les domaines de l’automobile, de la téléphonie et de l’agroalimentaire sont entre les mains de ces agences privées qui brassent jusqu’à 80% du marché

 

5) Selon un rapport de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme , LADDH (El Hayat, mardi 3 mai 2016) , plus de une quarantaine  de titres de presse vont  disparaître dans les mois qui suivent

Le ministre de la Communication déclarait , à juste titre (lundi 25 avril 2016), que « sur les 155 titres de presse quotidienne, il y a  20 ou moins qui ont un poids et une importance sur le marché et sur les 20 , il y a peut-être 10 qui sont érigés et gérés comme des entreprises de presse »