AGRICULTURE-
ETUDES ET ANALYSES- ELEVEURS EN ALGERIE- ENQUETE UNIVERSITAIRE
Les résultats (juillet 2018) d’une enquête sur l'intégration des
nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les
filières agricoles, réalisée par un vétérinaire master en sciences de
l'information, révèlent un rajeunissement significatif de la population des
éleveurs de bovins, ovins et caprins (41%) et des aviculteurs (33%), en
Algérie. 38% sont âgés de 25 et 45 ans et 29% ont entre 46 et 65 ans.
La proportion des séniors (plus de 65 ans) s’est contractée à 20%. L’étude
montre, en outre, que 12% des personnes qui intègrent ce métier du domaine de
l’agriculture sont des femmes. “Notre analyse met en évidence une nette
amélioration du niveau d’instruction des éleveurs puisque 34% ont un niveau
moyen, 24% ont un niveau secondaire et 8% ont fréquenté l’université. 25% des
éleveurs communiquent par les trois langues officielles du pays (arabe,
français et berbère) alors que 42% des éleveurs communiquent par deux langues
au moins”, explique Salim Kebbab, le vétérinaire qui
a mené l’enquête auprès d’un échantillon de 300 éleveurs dans 9 wilayas de la
région centre du pays.
Le changement du profil des éleveurs induit conséquemment l’adoption de
nouvelles méthodes d’exercice du métier et de nouveaux moyens de communication.
88% de la population des éleveurs enquêtée possède un téléphone mobile.
La moitié est connectée en permanence au réseau internet via principalement la
3G/4G. Plus de 70% d’entre eux réservent un budget de 1 000 à 10 000 DA pour
l’usage du téléphone mobile, utilisé principalement à des fins
professionnelles.
C’est édifiant, considérant que les traditions socioculturelles des éleveurs en
matière de communication sont plutôt fondées sur l'oralité. “Nos résultats
montrent que 56% des éleveurs utilisent des SMS pour communiquer avec leurs
principaux partenaires dans le cadre de l’accomplissement de leurs activités
quotidiennes et pour la préservation de l’état sanitaire de l’élevage”,
développe notre interlocuteur.
Dans le détail, 68% des éleveurs utilisent le téléphone mobile lorsque leurs
animaux ont des problèmes de santé ou de chute de production ou encore lors des
campagnes de vaccination, 66% déclarent recevoir des communications par
téléphone mobile de la part du vétérinaire et 72% contactent les institutions
publiques chargées de la préservation de la santé animale (inspection
vétérinaire, BCH…).
Selon les conclusions de l’enquête, 83% des éleveurs souhaitent recevoir des
recommandations sanitaires par texto de la part des instances agricoles, plus
particulièrement lorsqu’une maladie animale dangereuse se propage dans le pays.
Ils sont unanimement favorables au développement des applications 3G adaptées à
leurs activités. “Des applications qui, malheureusement, font défaut dans les
systèmes d'élevage algériens. Pourtant, l'enquête montre que la mise en place
des modèles de communication innovants, qui sont actuellement utilisés dans les
systèmes d'élevage des pays avancés, tels que le Calgary Guide Cambridge (CGC)
et le Counseling, pourrait réduire de 30% les pertes
d'animaux qui font saigner les éleveurs mais également l'économie nationale”,
souligne M. Kebbab.
Il précise que le lancement des systèmes d’alerte sanitaires, première mesure
prise par les autorités vétérinaires lorsqu’une épizootie apparaît dans une
région, nécessite l’utilisation des moyens innovants.