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Etude Youcef Beghoul- "Le Manifeste du peuple algérien...."

Date de création: 09-07-2018 12:08
Dernière mise à jour: 09-07-2018 12:08
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDE YOUCEF BEGHOUL- « LE MANIFESTE DU PEUPLE ALGERIEN.... »

Le Manifeste du peuple algérien. Les Amis du Manifeste et de la Liberté. Contribution au Mouvement national. Etude  de Youcef Beghoul. Editions Dahleb , Alger 2007, 650 dinars, 343 pages.

 

Une préoccupation : montrer esentiellement quelle a été la contribution du Manifeste et des Amis du Manifeste et de la Liberté (Aml), dans l’éveil de la conscience algérienne .Car , une évidenec s’impose aujourd’hui , comme hier: « Le Manifeste a été pendant plus de deux ans, avec les Aml, un puissant catalyseur et un facteur d’accélération considérable dans la prise de conscience du mouvement nationaliste algérien » 

D’où, sur le plan méthodologique, une approche à la fois historique et analytique :

. Historique , sous l’angle des conditions objectives qui ont amenés les élus à signer le document, et qui ont incité le rédacteur principal (Ferhat Abbas)  à faire appel à l’adhésion des masses.

. Analytique, sous l’angle de l’action du Manifeste en vue de renforcer la prise de conscience nationale

Deux pivots centraux : d’une part, le Manifeste en tant qu’idéologie nouvelle (avec une question : le Manifeste a –t-il constitué un appoint ou une force réelle, c’est-à-dire  a-t-il possédé un poids légitimant des forces multiples ?)  et , d’autre part, la mise en pratique de cette idéologie, par la création des « Amis du Manifeste et de la Liberté » (avec cette autre question : A-t-il été , pour un temps, le catalyseur qui faisait défaut jusque-là, et quelle est la « charge » dont il faut le créditer ?) ....Pas un parti politique, mais « un groupement d’hommes de toutes les tendances.....mais ayant sur le problème colonial et sa solution, la même opinion »

Trois grandes parties structurent l’étude :

. « La libération nationale par la voie légale ou l’appel au pays légal ».....avec une présentation du document « ou la fin de l’illusion assimilationniste » et « la France et le Manifeste » (Giraud, Peyrouton, De Gaulle, Catroux, les discours, les conférences , les ordonnances....)

. « La libération nationale par la voie populaire ; l’appel au pays réel », avec « l’ affirmation de l’idée d’une République algérienne « , et ,surtout, « l’apparition du peuple sur la scène politique »

. Et une troisième partie consacrée à des témoignages : Des signataires du Manifeste (sur un total de 52)  comme   Ferhat Abbas (recueilli le 29 décembre 1972 et qui fournit des détails historiques et des précisions d’importance) , Ahmed Boumendjel, Chérif  Benelhadj Said, El Hadi Mostefai, Kaddour Sator, Abdennour Tamzali.....des Amis du Manifeste comme  Mohamed Bensalem, Mohamed Ziad.....des militants des autres mouvements comme  Mohamed Abdoun, Slimane Bentobbal, Benyoucef Benkhedda, Ahmed Bouda, Saâd Dahlab, Hocine Lahouel, Abdelmalek Temam, Hani Daki, Mohamed Mestoul, Abdelkader Moulfi, Chérif Djemad, M’hamed Yousfi

Enfin, des annexes plus que riches (le texte intégral du Manifeste, en date du 10 février 1943,et les noms et fonctions de tous les signataires, l’accusé de réception du Général Catroux en date du......7 avril 1943, le texte additif au manifeste daté du 26 juin 1943, transmis le 26 juin 1943, le courrier adressé par Ferhat Abbas au Général Catroux le 15 septembre suivi d’un autre courrier (dénonçant « l’incompréhension et le sectarisme du gouvernement général) en date du 18 septembre adressé au général De Gaulle , les statuts des Amis du Manifeste et de la Liberté, la protestation  émise lors de la Conférence d’information des AML (Alger, 2,3 et 4 mars 1945) et la résolution du 2  avril  1945 (qui demandait explicitement le respect de la personnalité algérienne, « demeurée vivace à la suite de 115 ans d’une politique faussement assimilatrice... », et sa « reconnaissance conformément aux recommandations de la Charte de l’Atlantique et de la Conférence de Brazzaville », la libération des internés politiques,  la diffusion du Manifeste......

Ah, oui, il y a , aussi, le « Communiqué » du Comité français de la libération  nationale en date du 16 octobre 1943 qui fournissait la liste des douze (12) « délégués financiers musulmans » ayant , en quelque sorte, « renié » (« une abdication, considérée comme une victoire » par le Cfln présidé par de Gaulle )  le texte du 10 février 1943.....en « exprimant au chef de la colonie (Catroux) le dévouement et l’affection respectueuse des populations musulmanes » (pp 317-318)   

 

 

L’Auteur : Né en novembre 1933. Licence de Droit public, D.e.s de Sciences politiques, Sg de rédaction- rédacteur en chef du quotidien « Le Peuple » (avant de devenir « El Moudjahid »), haut fonctionnaire (dont directeur de cabinet du Chef de gouvernement , 1994-1996)

Extraits : « En vérité, la revendication assimilationniste ne constituait qu’une stratégie, et tous ceux qui ont tenté l’expérience jusqu’au bout se sont tendus compte qu’ils n’étaient pas acceptés et qu’ils demeuraient toujours à la périphérie » (p 21), « Le Manifeste est réellement un document historique qui,  loin d’être un appel à la rancœur, est, au contraire, un bilan sincère et objectif du siècle passé. Il est également une condamnation motivée et définitive d’une impossible assimilation. Il est , enfin, une affirmation d’un principe nouveau de politique générale qui réclame pour l’Algérie une démocratie véritable et pour le peuple  algérien une vie nationale authentique » (p 28), « Le Manifeste a marqué, en effet, « un tournant dans la prise de conscience algérienne au stade de la petite et grande bourgeoisie et d’une certaine élite intellectuelle » (Témoignage de Me Sator, p 85) , « En dépit de son expression non radicalisante, le Manifeste constituait pour les Français un document dangereux par ses potentialités, par ses silences et par ses non-dits »(p 86), « Le document va se transformer en véritable plate-forme de combat. Les quelques membres qui ont trahi vont être oubliés face à la multitude d’amis et de soutiens que s’attirera très rapidement le Manifeste » (p 87) 

Avis : Un travail de recherche effectué en 1974 dans le cadre d’un D.E.S de Sciences Po’ (Alger). D’où la rigueur, la précision et le sérieux du travail présenté. Une contribution plus qu’appréciable à la compréhension et à l’écriture de l’histoire  d’un pan important du Mouvement national

Citations : «  L’intérêt du Manifeste n’est pas dans sa prétendue hardiesse, mais dans le fait que pour la première fois, on ose réclamer l’émergence d’une Nation » (p 35), « L’histoire coloniale française n’a été que trop souvent celle des occasions perdues » (p 82), »La politique utilise le plus souvent des chemins tortueux ; elle est faite surtout de calculs et de manœuvres qui faussent les données et compliquent les situations » (p 90), « Le plus souvent, les protagonistes leaders, animés par un motif de prestige, ont une propension naturelle à l’égotisme. Il importe donc de soumettre les témoignages à l’épreuve de l’analyse critique puisqu’au niveau de l’individu, les agressions sont multiples, ne serait-ce que sous l’effet des préoccupations actuelles » (p 179)