POPULATION – ETUDES ET
ANALYSES- DEMOGRAPHIE- POPULATION MONDIALE ET ALGERIENNE- ETUDE MEBTOUL A.
©Par le professeur
Abderrahmane Mebtoul /www.algériepart.com.
mercredi 30 mai 2017
La
pression démographique en Algérie, souvent oubliée dans les analyses
économiques et politiques, pose à la fois la problématique développement
et de la sécurité nationale. Car sans un
développement durable, cette forte croissance démographique constitue
à terme une véritable bombe sociale.
1- Quelle a été
l’évolution de la population mondiale ?
– 600 à 679 millions
d’habitants vers 1700,
-1,76 milliard
en 1900,
-2,52 milliards
en 1950,
-3,02 milliards en
1960,
-3,68 milliards
en 1970,
-4.44 milliards en 1980,
-5.31 milliards en 1990,
-6.12 milliards en
2000,
-6.93 milliards en 2010,
-7.35 milliard en
2015
-7,55
milliards en 2017
-7,60 au 01 mai 2018
Les démographes estiment que
la population humaine mondiale augmente de 246 000 habitants par
jour, résultat égal à la différence entre les 403 000 naissances et
les 157 000 décès estimés par jour sur Terre, ce qui représente une
hausse de 90 millions de personnes par an.
Par zone géographique en
moyenne en 2017, l’Asie représente 4.504.4280.000 habitants soit 59,7%,
l’Afrique 1.256.268.000 soit 16,6%,l’Europe, la zone la plus riche du monde,
742.0741.000 soit 9,8%, l’Amérique latine et Caraïbes 645.593.000 soit 8,6%,
Etats Unis et Canada 361.208.000 soit 4,8%, Océanie 40.691.000 soit 0,5% et
l’Antarctique 1500 soit 0,0% pour un total de 7.550.262.000
habitants . La croissance de la population africaine va être plus
importante durant les prochaines années. Selon les prévisions de l’Ined (France) , la population de
l’Afrique va doubler entre 2017 et 2050, elle passera de 1,25 milliard
d’habitants à 2,574 milliards. En revanche, la population
mondiale devrait tendre vers 10 milliards
d’êtres humains (9,846 milliards) .
2- Qu’en est-il de
l’évolution de la population algérienne ?
– 1950 : 8,87 millions
d’habitants
– 1960 : 11,27,
– 1970 : 14,69,
-1980 : 19,47,
-1990 : 26,24,
-2010 : 37,06
– Au 1er janvier
2016 : 40,61
– Au 1er janvier
2017: 41,3
-Au 1er janvier
2018 : 42,4 millions d’habitants
Les chiffres
donnés par l’ONS (Office national des Statistiques) sur les prévisions de
l’évolution de la population algérienne d’ici 2030 serait
de 51, 026 millions. Et selon l’hypothèse du rythme
actuel de 2,4 enfants par femme, d’ici à 2050, il y aura au moins 65 millions
d’habitants en Algérie, données qui doivent être corrélées à l’espérance de
vie. Alors qu’elle est de 77,1 ans pour les hommes et de 78,2 pour les
femmes, l’expérience de vie à la naissance sera de 81 ans pour les hommes et de
83 ans pour les femmes d’ici à 13 ans .
Les chiffres de l’Ined confirment les tendances de l’ONS montrant que la
population algérienne est jeune, constituée à 29% des moins de 15
ans, les plus de 65 ans représentant environ 6%. Selon
l’INED, les prévisions sur la forte croissance de la population
algérienne durant les 33 prochaines années s’expliquent par un nombre de
naissances annuelles de 1,103 million et un indice de fécondité (nombre
d’enfants par femme) relativement élevé de 3,1 par rapport aux pays du bassin
méditerranéen comme le Maroc (2,4), la Tunisie (2,4), la France (1,9) et la
Libye (2,4). L’Égypte est au-dessus avec un indice de 3,3 et le Niger occupe la
première place du classement mondial avec l’indice le plus élevé (7,3).
3 -Quelle est
la répartition spatiale de la population ?
Selon les données pour 2016,
les 12 wilayas ayant une densité de moins de 20 habitants au km² (Djelfa,
Laghouat, El Oued, Naama, El Bayedh,
Ouargla, Ghardaïa, Adrar, Bechar, Tamenrasset, Illizi
et Tindouf) représentent 89 % de la superficie du pays pour à peine
13 % de la population. Les 36 autres wilayas, toutes situées au
Nord ont une densité supérieure à 20 habitants au
km², représentent 11 % de la superficie (soit environ
240 000 km2) et regroupent 87 % de la population.
Parmi ces 36 wilayas du Nord,
les densités les plus fortes se retrouvent autour des grandes agglomérations
(Alger, Oran, Constantine et Annaba), viennent ensuite les wilayas littorales
plus rurales (Chlef, Tipaza, Tizi
Ouzou, Jijel, Skikda, etc),
puis les wilayas intérieures (Relizane, Mascara,
Médéa, Souk Ahras, etc) et
enfin les wilayas proches du Sahara (Tébessa, M’sila,
Tiaret, Saïda, etc). Plus précisément par ordre
décroissant, nous avons :Alger, Oran, Blida, Boumerdes,
Constantine, Annaba, Mostagaenm,
Tizi-Ouzou, Bejaia, Tipaza, Jijel, Sétif, Mila, Skikda, Chlef
, Bouira, Ain Defla, Ain
Temouchent, Bordj Bou Arredj,
Relizane, Mascara, El Tarf,
Guelma, Tlemcen, Souk Ahras, Tissemsilt, Médéa, Batna, Oum El Bouaghi,
Sidi Bel Abbes, M’sila, Saida, Tiaret, Khenchela , Biskra, Laghaout,
Djelfa. Les autres wilayas comme El Oued, Naama, Ghardaia, El Bayadh, Ouargla,
Béchar, Adrar, Tamanrasset et Illizi viennent de loin derrière.
4. Bonne gouvernance
et finalité sociale
La satisfaction des besoins
d’une population donnée doit lier dynamique économique et dynamique
sociale pour être fiable, tenant compte de la nouvelle transformation du
monde. L’ensemble des données précédentes montrent qu’en cas d’un
sous-développement, la pression démographique constituera une véritable bombe sociale
car la pression démographique impliquera des besoins
croissants : plus de biens de consommation alimentaires et de
biens de consommation durables, plus
d’infrastructures, plus d’écoles, plus de centres de
formations et d’hôpitaux.
D’où l’importance pour
tout gouvernement d’avoir un tableau de prospective afin d’éviter de piloter à
vue. Il existe un théorème en sciences politiques : 20% d’actions bien
ciblées ont un impact sur 80% ; mais 80% d’actions désordonnées que l’on
voile par de l’activisme ont un impact seulement de 20% avec un
gaspillage important des ressources financières. En économie, le temps ne se
rattrape jamais : toute nation, en ce monde turbulent et instable qui
n’avance pas recule forcément.
Aussi, il s’agit de
penser d’ores et déjà à la diversification de l’économie nationale
afin de créer plus de postes d’emplois et répondre aux besoins d’une population
de plus en plus exigeante. Qu’en sera t-il avec la raréfaction des ressources
financières avec une population de plus en plus nombreuses, qui
risque d’impacter les projets de développement ? Cela ne
pose-t-il pas l’urgence d’une nouvelle gouvernance avec pour fondement une
réorientation de l’actuelle politique socio-économique ? L’objectif
est d’avoir forcément un taux de croissance économique supérieur au
taux de croissance démographique sinon le taux de chômage ira en
croissant (taux de croissance supérieur à 7/8% sur plusieurs années pour créer
350.000/400.000 nouveaux postes de travail par an).
Ce défi relance l’impératif d’abandonner
les vieux schémas des années 1970 notamment en matière de politique
industrielle afin de s’adapter à la quatrième révolution économique mondiale
qui s‘annonce irréversible entre 2020/2030, fondée sur des réseaux,
plus de concertation sociale et plus de décentralisation.