INDUSTRIES- INDUSTRIES LEGERES- PAPIER
En
2010, les besoins de l’Algérie se chiffraient à 110 000 tonnes de papier par
an. En 2018, ils sont de l’ordre de 310 000 tonnes pour une valeur de 20
milliards de dinars, soit environ 140 millions d’euros.
L’industrie du papier est un secteur
stratégique, mais les pouvoirs publics ne lui ont, semble-t-il, pas accordé
toute l’attention qu’il mérite. Il est stratégique en ce sens où la plupart des
produits manufacturés ont besoin d’emballage et s’il y a demain pénurie de
papier, c’est toute la machine de production qui va se gripper. Aujourd’hui,
l’Algérie, qui ne couvre que 2% de sa consommation, importe près de 280 000
tonnes de papier pour ondulé (PPO) pour une valeur de
17 250 millions de dinars. Une facture en devises lourde.
Voilà, en effet, un secteur qui
connaît une constante progression qui dépasse les 14% annuellement. En 2010,
les besoins de l’Algérie se chiffraient à 110 000 tonnes de papier par an.
En 2018, ils sont de l’ordre de 310 000 tonnes pour une valeur de 20
milliards de dinars, soit environ 140 millions d’euros. Pour l’année 2020, les
prévisions les situent à 410 000 tonnes et à 717 000 tonnes en 2024.
L’autre chiffre-clé est que l’Algérie
ne produit que 2% du papier qu’elle consomme. Quand on sait que la consommation
annuelle de papier en Algérie (sources Rothchild et
ONU) est de 5,4 kilos par habitant, alors qu’elle est de 6,4 en Tunisie, bien
loin derrière les 55,3 kilos que consomme annuellement l’Espagnol, on mesure la
marge de progression de ce secteur névralgique.
Depuis des années, l’Algérie importe
donc l’essentiel de sa consommation en papier sans trop se poser de questions
sur la nécessité qu’il y a de s’émanciper d’une telle dépendance. Seulement,
depuis quelques mois, les prix du papier ont flambé sur le marché international
et comme si cette cherté du papier ne suffisait pas, le produit s’est raréfié
en raison de la sortie de crise, de la relance de la consommation des ménages
et du décollage du secteur du e-commerce en Europe, car cela a boosté le
secteur de l’emballage, comme nous l’explique le PDG de Général Emballage.
Sa disponibilité pose désormais
problème. «Il nous arrive de recevoir de nos fournisseurs des offres de service
valables seulement 24 heures. Passé ce délai, la marchandise est cédée à
d’autres», explique Ramdane Batouche,
PDG de Général Emballage, leader national de la production du carton ondulé et
de l’emballage et qui représente à lui seul 56% de la consommation algérienne.
Sur le marché international, le prix moyen
de la tonne, qui était en janvier 2018 de 612 dollars, est passé à 753 dollars
en avril dernier. «Du jamais vu depuis 23 ans !» estime M. Batouche.
La solution est donc d’investir en amont de cette filière, dans la production
de papier. Forte de cette conviction forgée par des années d’expérience et de
présence dans le secteur du papier, Général Emballage s’est engagée à investir
près de 35 000 millions de dinars pour créer une filiale de la collecte et de
la transformation des déchets papier.
Un projet qui table sur une
production de 350 000 tonnes de papier pour ondulé
(PPO) par an, qui garantira un transfert de technologie de pointe depuis
l’Europe pour créer une nouvelle filière industrielle. L’investissement prévoit
également pas moins de 1400 millions pour louer et équiper 15 centres de
collecte et tri des déchets papier à travers le territoire national. Au final,
ce sont près de 4000 emplois directs et indirects qui seront créés.
Environ 3200 emplois additionnels
directs seront également verront le jour suite à la création de
micro-entreprises dans la collecte et le transport des matières premières. Ce
projet de 800 emplois directs servira à de recycler près de 400 000 tonnes de
vieux papier par an, permettant au pays de se rapprocher des meilleures
pratiques mondiales dans le secteur. Il permettra également au pays d’avoir une
production nationale qui lui fera économiser 22 000 millions de dinars. Pour
peu que le projet aille à son terme.