COMMUNICATION- GESTION-PRESSE ECRITE- EL KHABAR
©www.bourse-dz.com,
30-1-2018
Le patron de Cevital Issad
Rebrab convoitait El Khabar
pour sa forte rentabilité mais surtout l’importance de ses actifs fonciers
qu’il a d’ailleurs gardés en contrepartie des 400 milliards de centimes versés
aux actionnaires de l’entreprise éditrice du journal après l’annulation de la
transaction par la justice, il les loue à leurs désormais anciens
propriétaires.
En effet, l’entreprise éditrice du quotidien arabophone El Khabar, second deuxième grand tirage du pays et
véritable faiseur d’opinion, à savoir la Spa El Khabar
a toujours réalisé d’exceptionnels profits et ce, tout au long des années
antérieurs à sa vente au magnat de l’huile et du sucre en 2016 –transaction
annulée par la justice parce que la législation algérienne stipule qu’personne
ne peut disposer de plus d’un titre, Rebrab étant
déjà propriétaire du journal arabophone Liberté –.
Ainsi, la Spa El Khabar a
dégagé des bénéfices de 27 milliards de centimes de dinar en 2010, 19 milliards
de centimes en 2011, 24 milliards de centimes en 2012, 40 milliards de centimes
en 2013, 29 milliards de centimes en 2014 et 38 milliards de centimes en 2015,
soit près de 180 milliards de centimes en six ans. A l’exception de
l’Expression, qui est un cas à part, aucun autre journal algérien n’a réussi
autant de performances durant cette période, affichant un taux de profitabilité
oscillant entre 15 et 30% et une rentabilité financière allant de 30 à 45%. Et
ce, malgré la multiplication par deux de sa masse salariale entre 2010 et 2015,
passant de 20 à 38 milliards de centimes. Mieux, le journal était assis sur des
réserves de l’ordre de 39 milliards de centimes en 2015. Un confortable matelas
financier qui s’ajoutait à ses actifs fonciers (bâtiments et terrains),
comptabilisés à 8,2 milliards de centimes et valait dix fois plus. C’était une
belle affaire pour Cevital d’autant que le journal
fait partie d’un groupe qui dispose de sociétés d’impression possédant des
actifs fonciers plus importants ainsi qu’une chaîne de télévision. Et quand
bien même cette dernière était déficitaire, constituant un fardeau pour le
groupe, l’ensemble des actifs valait la peine.
Dans ce contexte, et outre le fait que l’argument des actionnaires
pour le vendre prétendant des difficultés financières était fallacieux, il
convient de souligner que le Tribunal de Bir Mourad
Raïs qui a annulé la transaction avait un argument solide. La loi relative à
l’information promulguée en 2012 a interdit l’appropriation de plus d’un titre
de la presse. La corporation des journalistes qui s’était mobilisée pour
défendre ce rachat du journal par Cevital était en
fait en retard d’un combat puisqu’il fallait se mobiliser plutôt pour la
suppression de cette disposition du projet de loi relative à l’information
avant sa promulgation en 2012. Mais, passons, à l’époque, la vente, au moins
celle des principaux journaux, n’était pas envisageable. Ce qu’il faut retenir
est que toutes les jurisprudences dans tous les pays qui disposent d’une
législation anti-trust et cette disposition limitant la propriété dans le
secteur de la presse à un seul titre en est une même si elle est exagérée,
considèrent que le véhicule d’investissement importe peu du moment que la
personne qui le contrôle se met dans une position dominante. C’est-à-dire, l’on
ne peut se cacher derrière la multitude de sociétés qu’on possède pour dominer
un marché. Puisque l’argument de Rebrab était
justement que la société utilisée dans la transaction du rachat d’El Khabar (Ness Prod, filiale de son
groupe Cevital) était indépendante de l’entreprise
éditrice du journal Liberté dont il contrôle presque à 100%.
Il convient, enfin, de signaler que la plus belle année de
l’entreprise éditrice du journal El Khabar en termes
d’expansion économique a été 2013 avec 193 milliards de centimes de chiffre
d’affaires.