COMMUNICATION- GESTION - PRESSE
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30-1-2018
En 2015, Liberté dont le capital social a été de 114
milliards de centimes de dinar a réalisé un chiffre d’affaires d’à peine 30
milliards de centimes de dinar mais, cela n’a pas empêché Issad
Rebrab, actionnaire principal de Sarl Saec, l’entreprise éditrice du journal, d’augmenter une
nouvelle fois son capital social, pour le porter à 193 milliards de centimes.
Une augmentation qui représente près de trois années d’activité du journal
lequel se voit réduit à une peau de chagrin comparativement aux années antérieures
à 2015 quand il émargeait dans le portefeuille publicitaire de l’opérateur
public géré par l’Anep.
Or, le capital social de l’entreprise ne correspond pas du tout à
son chiffre d’affaires qui représente moins de la moitié d’un journal
comme El Watan–, le capital social de ce
dernier, à titre indicatif, étant à 25,5 milliards de centimes–. Il est 20 fois
plus important que le capital social de l’entreprise éditrice du journal Le Soir
d’Algérie qui réalise un chiffre d’affaires légèrement supérieur à
celui de Liberté.
Dans ce contexte, il faut rappeler que le patron du groupe Cevital Issad Rebrab
qui a rejoint le tour de table de l’entreprise éditrice du journal fondée en
1992 par des journalistes comme partenaire financier a fini par se
l’approprier. Il racheté les parts des fondateurs à l’exception de celles de
Ahmed Fattani qui a lancé le journal L’Expression en
2000 lorsqu’il a perdu son pouvoir décisionnaire au sein de Liberté.
Mais, puisque Fattani a refusé de vendre ses parts,
le magnat de l’huile et du sucre a procédé par des augmentations successives du
capital afin de le rendre minoritaire.
C’était jusqu’au en 2009 où le capital a été porté à 114 milliards
de centimes. La dernière augmentation du capital ne s’explique, donc, pas par
une manœuvre d’isolement de Fattani déjà minoritaire
depuis des années. Elle représente une subvention au journal en perte de
vitesse et qui rapporte de moins en moins d’argent. Ce n’est pas la
profitabilité qui motive l’investisseur Rebrab
puisque la rentabilité des actifs mis à la disposition du journal (ratio
résultat net/capitaux propres) est très faible (moins de 3%). Cette subvention
a plutôt pour but de préserver l’entreprise dans un contexte politique tendu où
le patron de Cevital polémique sans cesse avec les
autorités politiques du pays au sujet des blocages administratifs dont font
l’objet certains de ses projets.
Dans ce contexte, il convient de rappeler qu’en 2005 Liberté n’a
pas hésité à changer de ligne politique quelques temps après avoir signé un
communiqué commun avec Le Matin de Mohamed Benchicou, El Watan, Le Soir
d’Algérie et El Khabar, décidant
de boycotter l’ANEP. Le «cartel» qui avait dénoncé un chantage à
la publicité de la part de l’équipe au pouvoir, a ainsi vu un de ses membres
renouveler son partenariat commercial avec l’agence qui gère le portefeuille
publicitaire de l’opérateur public quelque temps après l’avoir rompu.
C’était un gage de Rebrab envers le pouvoir en place
afin préserver ses intérêts économiques. Mais, la relation commerciale entre
l’ANEP et Liberté, rompue unilatéralement par ce dernier dans le cadre de l’accord
avec lesdits journaux, était aussi une première fissure dans la ligne frondeuse
tracée par le cartel.
Ainsi, et bien qu’il soit privé de la publicité de l’opérateur
public une décennie après, exactement depuis 2015, ce qui s’était traduit par
des pertes financières à compter de l’exercice suivant, le journal, adossé à un
grand groupe privé, dispose d’un matelas financier confortable. Il a dégagé en
2015 près de 7 milliards de centimes de bénéfices pour un chiffre d’affaires de
30 milliards de centimes et disposait d’importantes réserves (9,4 milliards de
centimes en 2015). Et, Rebrab a décidé de le doter
des fonds nécessaires à la continuité de son activité. La conséquente
augmentation de son capital social opérée en 2016 limite le risque de faillite
dans cette conjoncture difficile pour toute la presse papier du pays.