COMMUNICATION- GESTION-PRESSE
ECRITE- LA TRIBUNE
©www.bourse-dz.com,
30-1-2018
Le quotidien francophone La Tribune, édité
par la Sarl Omnium Maghreb de presse (OMP), a cessé de paraître en août 2017.
Il n’a pas survécu au décès, trois mois auparavant, de son directeur de
publication Bachir Cherif Hassen, dernier journaliste
que comptait l’assemblée générale de OPM jusqu’alors.
Le journal, au cœur de vieux contentieux judiciaires entre associés
et certains ayants droit et qui croulait sous le poids des dettes (fiscales,
créances des imprimeries etc.) dont certaines étaient liées auxdits
contentieux, s’était trouvé dans situation irrégulière (sans agrément valide),
donnant un prétexte aux deux associés, Djamel Djerad
et Cherif Tifaoui, qui n’étaient guère intéressés par
la pratique du journalisme, pour placer l’entreprise éditrice du journal en
liquidation judiciaire.
Ainsi, les statuts de OMP prévoyaient que les héritiers d’un
associé n’ont pas de voix au sein de l’assemblée générale, ils émargeaient
juste aux dividendes. C’était une disposition introduite dans les statuts par
son premier directeur de publication Khireddine Ameyar qui s’est suicidé en 2000, un des trois journalistes
fondateurs de La Tribune en 1994 aux côtés des regrettés Bachir Cherif Hassen et Baya Gasmi et des deux
hommes d’affaires qui ont décidé de le placer en liquidation judiciaire.
En effet, le journal était en situation de quasi-faillite depuis
longtemps et s’il avait tenu jusqu’en 2017, c’est parce que le dernier
journaliste parmi les associés tenait à le maintenir en vie. La dégringolade du
journal a commencé en 2012, année où il n’a dégagé que 120 millions de centimes
de dinar de bénéfices sur un chiffre d’affaires de près de 16 milliards de
centimes, soit à peine un mois de loyer du siège qu’a occupé le journal de 2004
à 2016 au boulevard Les fusillés à Alger. Ce siège, rappelons-le, a été mis à
la disposition du journal par le patron du groupe Arconfina, Abdelouahab Rahim
, qui a
voulu intégrer le tour de table de l’entreprise en vue de faire des
investissements pour développer le journal avant d’en être dissuadé
par le conflit des associés et les héritiers de Kheireddine
Ameyar, et de finir par leur imposer un bail de
location.
Le journal affichait, donc, à peine 120 millions de centimes
de bénéfices au moment où il avait des dettes fiscales de 21 milliards de
centimes et une autre dette de 3,7 milliards auprès des imprimeries. Les
exercices suivants ont été plutôt une fuite en avant puisque le journal a
enchaîné les pertes jusqu’à sa faillite totale : une perte de 1,7 milliard de
centimes en 2013, 370 millions de centimes en 2014 et 200 millions de centimes
en 2015. Le journal n’a toutefois jamais réalisé des profits
exceptionnels. Sa plus belle année a été 2011 où il avait réalisé près de 20
milliards de centimes de chiffres d’affaires pour dégager 2,35 milliards de
centimes de bénéfices.
En 2015, La Tribune a cumulé
plus de 40 milliards de centimes de dettes : 23,7 milliards de centimes auprès
de l’administration fiscale et 7,6 milliards de centimes auprès des imprimeries
en plus des 9 milliards que la justice l’avait condamné à verser aux héritiers
de Ameyar Kheireddine,
lesquels n’avaient pas touché de dividendes depuis sa disparition parce que
l’épouse de ce dernier –celui-là même qui a décidé que les héritiers n’auraient
pas un droit de vote–, voulait avoir une voix au sein de l’assemblée générale.
Le refus des associés a provoqué un contentieux qui n’a pas été résolu jusqu’à
la faillite du journal.