COMMUNICATION- GESTION-
PRESSE ECRITE- EL FADJR
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30-1-2018
A en croire le ministre de la Communication Djamel Kaouane, le journal arabophone El Fadjr,
édité par la SARL ERRAID LIL IALAM, serait un véritable tonneau des danaïdes.
Le journal, qui a bénéficié selon le ministre de 76 milliards de centimes de
publicité de l’opérateur public gérée par l’ANEP entre
2009 et 2016, a réalisé un chiffre d’affaires cumulé pendant cette période
nettement inférieur de ce montant : moins de 60 milliards de centimes.
En effet, El Fadjr qui tirait entre
30000 et 50000 exemplaires/jour pendant ladite période –ce qui rapportait
également de l’argent puisque le taux moyen d’invendus oscillait entre 20 et
25%–, a enchaîné plus de pertes que de bénéfices tout au long de son parcours.
En 2015, le journal a réalisé 5,5 milliards de centimes de chiffre d’affaires,
dégageant 500 millions de centimes de bénéfices. Et ce, après deux années
déficitaires. En 2014, El Fadjr a enregistré une
perte de 170 millions de centimes pour un chiffre d’affaires de 2,3 milliards
de centimes. En 2013, la perte a été de 150 millions de centimes pour un
chiffre d’affaires presque quatre fois plus importants que celui de 2014 : 8,9
milliards de centimes.
Fait saillant durant cette période : après deux autres exercices
déficitaires, 2011 et 2012, les associés du journal à savoir Hadda Hazem, Mahmoud Belhimeur et Abdelhafid Damache, ont
augmenté son capital social en 2012. Ils l’ont multiplié par 23, passant ainsi
de 50 millions à 1,15 milliards de centimes.
Or, El Fadjr a réalisé un chiffre
d’affaires de 9,7 milliards de centimes en 2011, enregistrant une perte d’un
milliard de centimes. En 2010, la perte affichée a été de 5,6 milliards de
centimes pour un chiffre d’affaires de 8,3 milliards de centimes. Les fonds
injectés dans l’entreprise en 2012 n’ont pas amélioré sa situation.
Si le journal a dégagé un bénéfice de 360 millions de centimes au bout de cet exercice,
ces fonds n’ont pas pu dynamiser la machine rouillée depuis quelques années
déjà.
Aussi, il convient de souligner que les bilans de l’entreprise
éditrice d’El Fadjr indiquent d’importantes pertes
constatées à la clôture d’exercices antérieurs qui n’ont pas été compensées par
des prélèvements opérés sur ses fonds propres. Ces pertes qui étaient de 7,4
milliards en 2010 ont doublé au bout de l’année 2015, passant à 14 milliards de
centimes. En clair : l’entreprise est en faillite depuis quelques années et son
maintien en vie tient à une décision des associés pour annoncer sa
dissolution. En tout cas, c’est ce que montrent les bilans
financiers de l’entreprise. A moins que ses gestionnaires ne comptabilisent pas
tout ce qu’elle «produit».
Dans ce contexte, il est utile de rappeler la polémique entre le
ministre de la Communication Djamel Kaouane et la
directrice de publication d’El Fadjr, Hadda Hazem, qui avait suivi la grève de la faim de cette
dernière en novembre 2017 laquelle avait protesté contre la privation de son
entreprise de la publicité gérée par l’ANEP en guise de punition pour sa
position hostile au quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Le
ministre de la Communication avait ainsi précisé ce que valaient les bons de
commandes de l’ANEP dans le chiffre d’affaires d’El Fadjr
: 76 milliards de centimes de 2009 à 2016 et 4 milliards de centimes durant les
7 premiers mois de l’année 2017. Il a également rappelé qu’El Fadjr devait 10 milliards de centimes aux imprimeries
publiques et 300 millions de centimes à la maison de la presse, où El Fadjr louait des locaux, cumul de ses impayés du loyer
depuis 13 ans. Et à Hadda Hazem de menacer le
ministre de l’attaquer en justice, interprétant ses déclarations en réponse aux
journalistes qui l’ont interpellé par rapport à sa situation comme étant de
perfides insinuations, suggérant qu’elle détournait l’argent de l’entreprise.
Deux hypothèses : soit Hadda Hazem détourne
l’argent de l’entreprise, soit le ministre de la Communication est un menteur.
Ceci dit, dans une situation normale le journal aurait cessé de
paraître, parce que quand les capitaux propres à la clôture de l’exercice
deviennent inférieurs à la moitié du capital social du fait des pertes
enregistrées dans les états financiers, les associés devraient statuer s’il y a
lieu ou non de dissoudre par anticipation la société.