ENERGIE- HYDROCARBURES-GAZ DE
SCHISTE
L’Algérie, un des premiers pays producteurs
de gaz conventionnel en Afrique, détient les troisièmes réserves mondiales de
gaz de schiste, techniquement récupérables, a indiqué un rapport de la Cnuced publié jeudi 24 mai 2018. Citant une étude de
l’Agence américaine d’information en énergie (EIA) établie en 2015, la
Conférence des Nations unies sur le commerce et l’investissement estime les
ressources techniquement récupérables mondiales de gaz de schiste à environ
7.566,6 trillions de pieds cubes (soit environ 214,5 trillions de mètres
cubes). Ces volumes représentent environ 61 ans de la consommation mondiale au
rythme de 2016. Selon les mêmes données, les dix premiers pays détenteurs des
RTR (ressources techniquement récupérables) de gaz de schiste par ordre
décroissant sont la Chine, l’Argentine, l’Algérie, les États-Unis, le Canada,
le Mexique, l’Australie, l’Afrique du Sud, la Fédération de Russie et le
Brésil. Ensemble, ces États représentent environ les trois quarts des RTR
mondiales, précise ce rapport qui examine l’évolution de l’extraction du gaz de
schiste, aux États-Unis et dans d’autres pays, afin d’évaluer sa pertinence
vis-à-vis des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat
dans un contexte de besoins énergétiques en pleine croissance. Environ la
moitié de des ressources mondiales se trouvent en Algérie, en Argentine, au
Canada, en Chine et aux États-Unis.
L’Algérie, à elle seule, détient 707 trillions de pieds cubes(Tpi3) de gaz de schiste,
soit 9,3% des RTR mondiales. Elle représenterait plus de la moitié des RTR en
Afrique. L’Afrique du Sud, avec 390 Tpi3 (5,1% des RTR mondiales), possèderait
également 28% des RTR du continent. Les pays d’Afrique subsaharienne sont
quasiment absents de l’analyse, en dehors du Tchad (3,2% des RTR régionales).
Pour le gaz conventionnel, l’Algérie représentait en 2016 environ 30% des
réserves du continent, 43% de sa production et 56% de ses exportations.
Aussi, environ 60% de la production de gaz naturel en Algérie étaient exportés
en 2016, principalement vers l’Union européenne. Le bouquet énergétique du pays
repose essentiellement sur les énergies fossiles, le pétrole brut et le gaz
naturel comptant pour 99,6% de ce mix sur l’année 2016, selon les données du
rapport. La Cnuced précise que «du fait du déclin
naturel de ces gisements d’hydrocarbures, l’Algérie a montré un intérêt
grandissant pour ses ressources d’hydrocarbures non conventionnels» qui se
répartissent au sein de trois bassins principaux, à savoir Ghadames,
Timimoun et Reggane.
Elle précise que le groupe Sonatrach aura besoin, en
cas d’exploitation de cet important potentiel, «d’infrastructures et
d’équipements adaptés», ainsi que «de connaissances et de compétences
spécifiques». L’agence onusienne estime que l’avenir de l’exploitation de ce
potentiel en Afrique sera également envisagée du point
de vue de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, étant donné que ces pays sont
considérés comme possédant les principales ressources du continent.
Soulignant l’intérêt croissant pour ces ressources non conventionnelles, dont
l’exploitation ne s’est avérée rentable que récemment, la Cnuced
relève que la systématisation de l’utilisation combinée du forage horizontal et
de la fracturation hydraulique depuis le début des années 2000 a permis aux
compagnies pétrolières et gazières d’accéder aux importants volumes de gaz de
schiste contenus dans les roches mères. Selon l’Agence pour la protection de
l’environnement des États-Unis, plus de 300.000 puits ont été fracturés aux
États-Unis entre 2000 et 2015, et environ un million depuis la fin des années
1940. Mais l’exploitation commerciale reste, toutefois, limitée aux États-Unis
et au Canada, à l’heure actuelle.
La Cnuced, qui cite de nombreuses sources, explique que
le risque de contamination des aquifères par les opérations de fracturation
hydraulique serait minime, au regard du nombre d’opérations réalisées. La
raison en serait que la fracturation hydraulique a généralement lieu à
plusieurs kilomètres de profondeur, alors que les aquifères se situent, en
principe, plus près de la surface (entre 100 et 500m). De plus, les fractures
générées par la stimulation de la roche mère s’entendent, en principe, sur une
distance n’excédant pas quelques centaines de mètres.
L’agence onusienne donne l’exemple des sites de Barnett et Marcellus en
Pennsylvanie, aux États-Unis, où le gaz de schiste est extrait à une profondeur
comprise entre 1.300 et 4.000 mètres, tandis que les aquifères se situent entre
120 et 360 mètres. Cependant, l’Agence américaine pour la protection de
l’environnement précise que certains gisements présentent des caractéristiques
géologiques différentes, d’où la nécessité de développer des connaissances
approfondies quant à la géologie locale, et en particulier aux emplacements des
aquifères et des autres ressources en eau afin d’écarter tout risque de
contamination.