ECONOMIE-
ETUDES ET ANALYSES- EVOLUTION ECONOMIQUE ALGERIE- RAPPORT BM 2018-
Le dernier rapport de la Banque
mondiale sur le suivi de la situation économique dans la région Maghreb et
Moyen-Orient (Mena)( mi-avril 2018) prévoit une dégradation de la situation
économique et financière de l’Algérie d’ici à 2020.
Selon cette institution financière internationale, le pays se dirige vers une
crise financière favorisée par le recours à la planche à billets. “Il serait
difficile de résister à la tentation de retarder à nouveau ce rééquilibrage
(équilibre budgétaire et de la balance des paiements) même si le pays se dirige
vers une crise financière déclenchée par le recours au seigneuriage (planche à
billets) pour financer le déficit budgétaire”, estime la Banque mondiale. À
l’appui de cette conclusion, la Banque mondiale pointe du doigt la propension
du gouvernement à augmenter les dépenses publiques, au détriment de la
réduction importante du déficit budgétaire. “La nouvelle équipe gouvernementale
nommée en mai 2017 a mis un terme au processus de rééquilibrage des finances
publiques et a recommencé à procéder à d’importantes dépenses, en particulier
au titre du logement”, lit-on dans le document. En clair, cette crise
financière résulterait, selon la Banque mondiale, des effets néfastes de la
planche à billets, de la politique de dépense publique mais aussi du refus de
l’Exécutif à recourir à l’endettement extérieur. Cette politique entraînera une
hausse de l’inflation ou, en termes simples, une augmentation importante des
prix, estime l’institution. La Banque mondiale prévoit, en effet, 7,5%
d’inflation en 2018, 8,1% en 2019 et 9% en 2020, contre 5,5% en 2017.
La Banque mondiale anticipe également une augmentation du taux de chômage ainsi
que de la pauvreté en Algérie. “Le taux de chômage a augmenté de près de 1,5
point de pourcentage en raison de la croissance léthargique du secteur hors
hydrocarbures : il était de 11,7% en septembre 2017, soit un niveau
plus élevé que celui de 10,5% enregistré en septembre 2016. Le chômage est
particulièrement important parmi les personnes instruites, les jeunes et les
femmes. La montée du chômage compromet la réduction de la pauvreté. 10% de la
population pourraient retomber dans la pauvreté ; les disparités
régionales sont toujours importantes puisque certaines régions affichent des
taux de chômage qui représentent le double (Sahara) ou le triple (steppe)”,
lit-on dans le rapport.
Pour la Banque mondiale, l’augmentation des cours du pétrole et de la
production d’hydrocarbures prévisible à partir de 2018 ne suffira pas à réduire
le déficit budgétaire en raison de l’augmentation des dépenses publiques et
encore moins à impulser la croissance économique.
“Le double déficit (budget) continuera de s’aggraver en 2018 et l’intention
manifestée de recourir au financement monétaire (planche à billets) est très
préoccupante. Dans le cadre budgétaire actuel (2018-2020) adopté dans la loi de
finances 2018, les dépenses publiques resteront très élevées et ne seront pas
contrebalancées par l’augmentation des recettes publiques qui pourrait résulter
de la remontée escomptée des cours du pétrole et de la production de pétrole.
La persistance du déficit budgétaire pourrait provoquer une forte création de
monnaie, les autorités ayant jusqu’à présent refusé de financer le déficit en
recourant aux emprunts extérieurs”, estime la Banque mondiale.
Par ailleurs, la Banque mondiale prévoit de ce fait que la croissance
économique ne devrait pas dépasser 2% en 2019-2020. “Il serait difficile pour
le taux de croissance du PIB de dépasser le seuil de 2% sur la période
2019-2020, ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu
intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes”.
Ainsi, en dépit de l’apport de la planche à billets à la redynamisation des
chantiers d’infrastructures et à l’appui aux systèmes productifs dans l’agriculture
et l’industrie, en dépit de meilleures perspectives dans le secteur pétrolier,
la Banque mondiale prévoit paradoxalement au cours des deux prochaines années
une croissance à moins de 3% : 2% en 2019 et 1,3% en 2020.