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Langues berbères en Algérie
Date de création: 20-06-2018 18:31
Dernière mise à jour: 20-06-2018 18:31
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CULTURE- ENQUETES ET REPORTAGES- LANGUES BERBERES EN ALGERIE
13 langues régionales menacées d'extinction
Langues berbères en voie de disparition
© El Watan Magazine, jeudi 26 avril 2018
Si l’officialisation du tamazight, après de longues et âpres batailles, est en marche, certaines variantes régionales réparties sur tout le territoire algérien (rappelons, si besoin est, que tout le pays plonge ses racines dans la culture amazighe) ont eu quelques difficultés à résister à l’assaut du temps et aux mouvements de l’Histoire.
Selon le rapport de l’Atlas de l’Unesco, qui établit régulièrement une liste des langues menacées de disparition dans le monde, il y aurait, dans notre pays, treize langues mal en point. Les degrés de vulnérabilité sont différenciés selon les régions.
- Le Tamazight d’Arzew (Arzew) : En danger critique selon l’Unesco, Il y aurait à peine 2000 personnes qui continuent de parler la variante locale du berbère dans la région d’Arzew. Si rien n’est fait, son extinction sera inévitable.
- Tayurayt (Cherchell) : La langue tayurayt est l’une des plus vulnérables, parlée par 15 000 personnes dans le Gouraya et la région environnante.
- Tasnucit (Tlemcen) : Le berbère de Beni Snous est sévèrement en danger, d’après la classification de l’Unesco. Dans cette région de Tlemcen, considérée comme un îlot berbérophone de l'Ouest algérien, le parler local est parfois rattaché au rifain, et plus particulièrement aux Beni Iznassen. Aujourd’hui, seules les vieilles personnes parleraient encore le tasnucit. Les locuteurs seraient au nombre de 1000 personnes, selon l’Unesco.
- Zenatiya (Tissemsilt) : Dans l’Ouarsenis et Tissemsilt, autour de 50 000 personnes parleraient encore la zenatya, l’une des variantes du zénète.
- Tamzabit (Ghardaïa) : Langue «vulnérable», d’après la classification de l’Unesco, elle est parlée par 150 000 personnes, principalement à Ghardaïa, dans la Vallée du Mzab, El Ateuf et Berriane et Guerrara. La langue mozabite semble pourtant bien se porter, "parlée depuis la naissance jusqu’à la mort", selon l’expression de Abderrazak Dourari, mais restreinte dans le milieu familial.
- Taznatit (Timimoun) : Le zénète, ou taznant, est pratiqué par près de 80 000 locuteurs dans la région du Touat sur une population de près de 400 000 habitants. Progressivement, le Gourari, arabe vernaculaire local, a damé le pion à la langue des ancêtres.
- Tidikelt (In Salah) : Parlée à In Salah et dans certaines oasis environnantes, la langue tidikelt, dont le nombre de locuteurs est de 30 000, est en recul, selon l’Unesco.
- Tamacheq (Tamanrasset) : La langue targuie serait vulnérable, selon les experts de l’Unesco. Autour de 120 000 personnes parleraient encore cette langue, principalement à Tamanrasset (Kel Ahaggar) et Djanet « (Kel Ajjer). Néanmoins, les variantes touareg sont les seules du groupe berbère à avoir conservé la forme écrite de l'alphabet libyco-berbère, appelé tifinagh (ou peut-être serait-il plus judicieux de nommer néo-tifinagh), adopté par l’Algérie et le Maroc dans le cadre de l'officialisation de tamazight, éloignant ainsi le spectre d’une disparition totale. Peut-être doit-on aussi compter sur les bluesmen du désert pour espérer une sauvegarde de la langue.
- Touggourt (Touggourt) : La langue «Touggout», dont la région a tiré son nom, est parlée par un peu plus de 8000 personnes, selon l’Unesco.
- Taggergrent (Ouargla) : C’est une langue qui daterait de plus de 6000 ans et qui se concentre dans le ksar millénaire dont elle porte le nom.
- Tachenouit (Tipasa) : Classé dans la catégorie "vulnérable" par l’Unesco, le «tachenwit», nom donné à cette langue en référence au mont Chenoua qui trône sur la Mitidja. Les Chénouis se distinguent par un certain nombre de traits originaux, en particulier linguistiques. Traditionnellement, ils étaient opposés aux tribus berbères du sud et de l’ouest, Beni Menad et Béni Menasser, contre lesquels ils avaient cherché la protection des Turcs.
Phillipe Leveau dit à propos des habitants du Chenoua (Le Chénoua : de la colonisation au village de regroupement (la prolétarisation d'une communauté montagnarde d'Algérie), 1975): «Pas plus qu’une autre, la société berbère ne saurait résister aux changements économiques, et actuellement, le Chenoua ne constitue plus guère un isolat de culture berbère traditionnelle que pour le pensionnaire des hôtels de Tipasa».
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