CULTURE-
PERSONNALITÉS- MUSIQUE - BEGGAR HADDA
Beggar Hadda ou
Hadda El Khancha, est une artiste interprète du chant
chaoui. Voix féminine qui a raisonnait durant la 2e
moitié du XXe siècle, dans les Aurès, l’artiste fut la porte voix aux côtés de Aïssa Djermouni
et Cheikh Bourega du bédouin.
Elle a chanté la vie, l'amour, la révolution, la patrie, et sa
terre natale. Beggar Hadda est connue par sa célèbre
chanson « Aya Djebel Boukhadra » où elle rend hommage
aux grévistes chaouis qui ont tenu tête à la
direction de la mine de fer durant l'époque coloniale.
Elle a appris le genre chaoui et charqui auprès d’Aïssa Djermouni sans toutefois l’imiter. Elle a plutôt innové et
laissé son empreinte que d’aucuns ne peuvent lui renier. Avec Cheikh Bourega, elle a animé des concerts.
Sous la conduite de Brahim Ben Debbache,
son chef d'orchestre et son compagnon, Beggar Hadda s'est
rendue
célèbre et a connu son heure de gloire notamment par la beauté de ses chansons.
Evoquer Beggar, c'est évoquer
certainement une figure artistique sous sa forme la plus désintéressée.
Personnage, parangon de l'errance, de la transgression et de la fragilité, elle
a eu un parcours atypique.
Et la fin de sa vie fut autant.
Née en janvier 1920 dans la tribu des Béni Barbar
près de Souk-Ahras, elle est morte à l'âge de 80 ans en janvier 2000 à Annaba,
après avoir sombré dans la folie et s'être essayée à la mendicité… Elle a vécu
pérégrinant entre Boukhadra, Souk Ahras
et Annaba.
Si sa vie artistique fut féconde sur le plan de la créativité,
sa vie sentimentale a, en revanche pâti de sa stérilité biologique. Beggar Hadda a passé une enfance malheureuse, au sein d'une
famille de 12 enfants, sa mère, également chanteuse, la marie de force à l'âge
de 12 ans. Mais la jeune Hadda préfère s'enfuir et quitter le domicile de son
époux pour aller quêter les fêtes dans les villes et les villages.
La chanteuse fut marquée par les péripéties qui avaient jalonné
la guerre d'indépendance, ayant habité une région qui fut le théâtre de rudes
combats entre les
éléments de
l'ALN et la soldatesque coloniale. Ses chansons faisaient vibrer la fibre
patriotique des djounoud et les maintenaient
mobilisés.
La diva du chant bédouin n'a jamais renié ses origines tirant
son inspiration de la vie de la femme paysanne et agreste. Le timbre de sa voix
s'il surprend son auditeur, rend néanmoins que plus subtiles les réalisations
vocaliques qui s'écoulent en douces paroles sans fard, toutes de lyrisme et de
poésie.