CULTURE RELIGION – ISLAM- ZAOUIA RAHMANIYA
La Rahmaniya
est une confrérie musulmane soufie, fondée en 1774 par M'hamed
Ben Abderrahmane dit Sidi M'hamed Bou Qobrine à Aït Smaïl, près de Boghni en Grande Kabylie après trente ans d’absence.
Sidi M’hamed
décide par la suite de s’installer à Alger pour y fonder une autre zaouïa. Il
choisit de s’installer dans ce qui sera plus tard le quartier du Hamma.
Sa grande zaouïa rayonnera sur toute
l'Algérie et l’Afrique du nord. Elle accueille les pauvres, les orphelins et
les étrangers. Elle est aussi une université où de nombreuses sciences sont
enseignées. Elle devient le lieu privilégié de la Khalwa
(retraite) de ceux qui viennent demander l'initiation. Sa Tariqa
Khalwatiya est devenu la Rahmaniya,
en référence à Abderrahmane, le nom de son père.
Imprégné de la mystique soufie lors de
son long séjour au Caire auprès du cheikh El-Hafnaoui,
Sidi M’hamed s'était donné pour mission de propager
cette philosophie religieuse en Afrique du Nord. Recommandant la pratique du
renoncement à la vie matérielle (ascétisme) et le retrait par rapport à
l’agitation profane de la cité la khalwatiya, comme
d’autres ordres confrériques, se caractérisait par une certaine hétérodoxie
dans l’interprétation du Coran. La Khalwatiya est
d’origine perse telle que préconisée par Sidi M'hamed,
ce n'est pas une transposition intégrale. Elle est Fortement pénétrée d’éléments
religieux locaux, notamment ceux véhiculés par l’Islam maraboutique.
C’est ainsi que Sidi M’hamed avait introduit la voie, la Tariqa
Khalwatiya en Algérie. Il enseignera pendant environ
25 ans, jusqu’au jour où sentant sa santé décliner, il décide de rentrer chez
lui, dans son village natal. C’est là-bas qu’il décède en 1793, à l’âge de 73
ans.
Après le décès de son fondateur, la tariqa
Rahmaniya continua à prospérer à travers le pays. De
nombreuses zaouïas sont fondées ici et là. Elle devient très vite la tariqa qui compte le plus d'adeptes en Algérie.
En raison sans doute de cette extension géographique, la Rahmaniya s’est scindée en deux branches : celle de Kabylie
et celle du Constantinois.
À partir de 1843, pour la branche
constantinoise, et de 1871 pour la branche kabyle, la Rahmaniya
se subdivisa en plusieurs sous-branches, isolées les unes des autres, qui
devinrent peu à peu autonomes.
L’implantation de la tariqa Rahmaniya en Kabylie
De toutes les confréries qui l’ont
précédée en Afrique du Nord (la Qadiriya, la Chadouliya, la Ammariya, la Aïssawiya, la Tidjaniya), la Rahmaniya est la seule à s’être réellement implantée en
Kabylie. De la date de sa création, vers 1774, jusqu’à 1857, date à laquelle
elle subit une dure répression en raison de sa participation à la résistance à
la conquête française, elle a exercé une influence remarquable en Kabylie,
grâce à la renommée de Sidi M’hamed qui la fonda dans
son village natal des Aït Smaïl, près de Boghni.
Grâce à son charisme, Sidi M'hamed a
introduit, des changements substantiels qui ont fait bouger la tradition
maraboutique en vigueur jusque-là en Kabylie. Le premier facteur de cette
évolution a porté sur la règle tacite selon laquelle la transmission du savoir
religieux, comme celle du pouvoir et des privilèges qui lui sont
consubstantiels, ne pouvait se faire que sur des bases héréditaires : il
fallait être né marabout pour y accéder. Le deuxième facteur d’innovation est
l’élargissement du cadre confrérique. Et enfin, le troisième facteur de changement
fut la structuration de la zaouïa en un système de religiosité hiérarchisé : Au
sommet se trouve le Cheikh de la Tariqa siégeant dans
la zaouïa-mère, viennent ensuite les moqaddems
(représentants) qui officient à la tête des branches, autour desquelles se
regroupent les khouans, les "frères"
serviteurs et adeptes de la confrérie.
La branche kabyle de la Tariqua vit
son centre de gravité passer, au début des années 1860, des Aït Smail à Seddouk, dans la vallée
de la Soummam. En effet, à la suite de la fermeture de la maison-mère des Aït Smaïl et la mise sous séquestre de ses biens par
l’administration coloniale en 1857, la direction de la Rahmaniya
se déplaça à Seddouk où officiait la famille Iheddaden (Aheddad).
La prééminence de Cheikh Aheddad sur
la Rahmaniya ne dure qu’une dizaine d’années
(1860-1871) ; sa participation à la tête de la grande révolte des Mokrani de 1871 lui valut d’être arrêté et déporté et sa
zaouïa fut fermée. Les mokrani et les nombreux
disciples de la Rahmaniya, qui ont échappé à la
déportation, mais non moins dépossédés de leurs terres et de leurs biens
regagnent El Hamel, où ils se placent sous la protection du cheikh.
L'administration coloniale lui fera payer très cher ses prises de position,
mais évitera soigneusement de l'atteindre directement en raison de sa
notoriété. Cheikh El Hamel sera assigné à résidence et ne se déplacera que muni
d'une autorisation spéciale jusqu'à sa mort en 1896.