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Rebbah Lakhdar

Date de création: 17-06-2018 09:45
Dernière mise à jour: 17-06-2018 09:45
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HISTOIRE – PERSONNALITES- REBBAH LAKHDAR


Rebbah Lakhdar est né le 26 février 1917 à Aumale, dans l’Algérois, d’un père fellah décédé en 1929. Il obtient son certificat d’études et travaille comme receveur de tramway à Alger. En parallèle, il est ailier gauche dans l’équipe de l’A.S. Saint-Eugène. Il adhère au PPA en mars 1937 et se retrouve très vite cadre de l’organisation à Belcourt (Belouizdad).

Entre 1943 et 1945, Lakhdar Rebbah accomplit son service militaire dans le Génie/Sapeur-pompier. Après la guerre, il ouvre un café à Alger, puis un magasin de poste radio.

En 1947, il est élu conseiller municipal MTLD d’Alger et délégué au congrès du PPA. Parallèlement, il anime un club sportif d’athlétisme.
Alors qu’il se porte candidat à l’Assemblée algérienne, il est arrêté en 1948 et emprisonné à Barberousse. A sa libération, il reprend ses activités militantes. Son domicile, rue El Ghazi, à Belcourt, sert de lieu de réunions politiques, dont celle célébrant l’anniversaire de la mort de Kehal Arezki ou Mohamed Douar. Il héberge également les militants clandestins de l’OS, recherchés par la police et se tient à l’écart lorsque commence la crise entre messalistes et centralistes.
Dès novembre 1954, il rejoint le FLN et son domicile sert de dépôt aux armes servant au déclenchement de l’insurrection dans la capitale.

Son premier contact avec Abane Ramdane, est daté de février 1955. Ce dernier récemment libéré, lui demande de rencontrer les formations et personnalités politiques.

Lors de l’une des réunions tenues chez lui, en juin 1955, avec Abane, Ben Khedda, Amara et Hanafi, la décision est prise de composer un nouvel hymne national. Lakhdar Rebbah rencontre, le lendemain, Moufdi Zakaria à la rue d’Isly, au niveau du café L’Express. Le poète accepte et s’atèle de suite à sa mission, au 2 rue Blandon, non loin de la place Chartes, et remet le lendemain le texte qui deviendra l’hymne de l’Algérie.

En parallèle, Rebbah prend contacte avec Aïssat Idir pour la création d’un syndicat algérien. Il fabrique aussi le premier poste émetteur du FLN vers la fin de l’année 1955, au 9 rue Médée.

En 1956, il crée et anime l’Union Générale des Commerçants Algériens, sous l’égide du FLN. Il est arrêté le 11 avril de la même année, à Kouba, dans la maison de Moufdi Zakaria. Déplacé d’un commissariat à un autre, il est torturé entre le 11 et le 27 avril, puis interné successivement à Barberousse, Maison-Carrée, Lambèse et enfin à Loos-lès-Lille.

Après l’indépendance de l’Algérie, Rebbah est élu député en septembre 1964. Par la suite, il se retire de la vie politique et se consacre à ses activités personnelles, jusqu’à son décès le 6 février 1989, à Alger à l’âge de 72 ans où il est inhumé.

En 1966, Lakhdar Rebbah fut à l’origine d’un événement qui laissa perplexe plus d’un : l’évasion de Hocine Aït Ahmed de la prison d’El Harrach, le 1er mai. Chouli, un gardien de cette prison et ancien codétenu de la prison de Loos au nord de la France, fit sortir Hocine Aït Ahmed, vêtu d’un voile, au milieu des nombreuses femmes de sa famille venues lui rendre visite. Devant la lourde porte de la prison, une R4 attendait. L’évadé fut conduit dans un premier temps au quartier du lycée Abane Ramdane où l’attendait Lakhdar Rebbah.

Celui-ci le prit en charge et l’emmena dans sa villa à Alger-Plage, où son départ vers le Maroc fut mis au point. Accompagné par Chouli, le «fugitif» prit le chemin de l’Ouest dans un camion de transport de meubles appartenant à la famille Rebbah. La frontière avec le Maroc fut traversée sans encombre. Libre, Hocine Aït Ahmed retrouva son beau-frère, Mohamed Khider, en exil depuis quelque temps. Ils partirent ensemble en Suisse

Aït Ahmed témoigne sur Abane Ramdane et le congrès de la Soummam

Publié par le quotidien d'Oran le 10.11.02.... cet entretien de Hocine Aït-Ahmed interrogé par K.Selim . Extrait :

« Dès son retour au pays, Abane Ramdane, qui venait de purger des années de prison dans le nord de la France, prit contact avec Ouamrane en Kabylie (Ndlr: responsable de la willaya 4, il se réfugia dans la willaya 3 après avoir dirigé des attaques armées dans la région de Blida pour s'informer).

Ayant longtemps assumé des responsabilités, d'abord au sein de l'organisation clandestine du PPA, et ensuite à la tête de l'OS pour la région de Sétif, Ramdane était un véritable animal politique et un organisateur expérimenté. Il n'avait pas besoin de son intuition de mathématicien pour, en premier lieu, identifier le sens du problème prioritaire et urgent: l'absence de vision et de stratégie politiques, et, en deuxième lieu, pour mettre en place les structures cohérentes destinées à soutenir la dynamique populaire. Sans perdre de temps, il se rendit alors au domicile de Rebbah Lakhdar, à Belcourt (Sidi M'hammed). Qui ne connaissait ce personnage hors du commun ? Certes, il était militant chevronné du PPA, mais il était respecté et aimé, y compris par les adversaires politiques, et ce n'est pas peu dire. Car, il avait cet art naturel d'un entregent exceptionnel, fait de gentillesse, d'ouverture d'esprit et d'une serviabilité doublée d'humilité. Petit commerçant dynamique, il connaissait l'ensemble de la classe politique algérienne ainsi que les personnalités religieuses et du monde des affaires. (Cet homme avait toujours refusé d'assumer des responsabilités publiques. Sauf une fois: contraint et forcé par ses dirigeants, il se porta candidat aux élections à l'Assemblée algérienne d'avril 1948, à Sour El-Ghozlane, sa circonscription d'origine. Son tort fut d'être l'enfant du pays idolâtré, puisque c'est là que le coup de force électoral, sous le règne de Naegelen, prit une tournure dramatique avec des «électeurs assassinés à Aumale» et Deschmya. Et ainsi un béni-oui-oui d'une crasse politique fut proclamé représentant du peuple).

Abane ne pouvait donc pas trouver un intermédiaire plus crédible. De but en blanc, il s'adressa en ces termes à Rebbah: » Je veux rencontrer toutes les personnalités qui comptent dans notre société». Pendant des semaines, il squatta l'appartement pour y recevoir ses nombreux interlocuteurs: dirigeants centralistes du PPA-MTLD, de l'UDMA, du PCA, des Oulémas, Aïssat Idir, le futur chef de l'UGTA, Moufdi Zakaria, l'éternel poète symbole d'un Mzab fidèle à lui-même et à l'Algérie, qui sera l'auteur de l'hymne national de notre pays. Sans compter quelques figures de la bourgeoisie en formation pour l'aide financière, nerf de la guerre. L'impact de ces contacts est immense dans la perspective de la mobilisation de toutes les catégories sociales. Au niveau politique et à la suite de multiples rencontres, Ramdane réussit à arracher aux délégués attitrés qu'ils procèdent à la dissolution de leurs formations politiques respectives et qu'à titre individuel, leurs militants s'intègrent dans le processus de création du FLN en vue de soutenir l'ALN dans tous les domaines. Les dirigeants principaux de l'Association des Oulémas se rallieront aussi à cette perspective de rassemblement national. Il restait à transformer l'essai, c'est-à-dire à organiser le Congrès constitutif du FLN…. »