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Algérie/France

Date de création: 14-06-2018 13:39
Dernière mise à jour: 14-06-2018 13:39
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RELATIONS INTERNATIONALES- ETUDES ET ANALYSES- ALGERIE/FRANCE


Relations algéro-françaises : tenir compte de 18 réalités © Par Pr Abderrahmane Mebtoul/ ademmebtoul@gmail.com/www.algerie1.com /28 octobre 2015 Sans oublier le devoir de mémoire, les relations algéro-françaises doivent se tourner vers l’avenir pour entreprendre ensemble. Au moment de la consolidation des grands ensembles, enjeux de la mondialisation, il est nécessaire de rapprocher l’ensemble des pays du Maghreb et d’intensifier la coopération avec la France à la mesure du poids de l’histoire qui nous relie. Il s’agit de replacer chaque pays dans son contexte économique et social.
1.- En 2013, selon les statistiques de l’OMC, les exportations françaises de biens ont été de 580 milliards de dollars dont l’agriculture et l’agro-industrie 61,5%. . Le montant des services pour 2013 a été de 234 milliards de dollars donnant un total de biens de services qui dépasse 874 milliards de dollars soit treize fois les exportations algériennes actuelles
2.-La France est un des plus grand exportateur également de services et un des pays touristiques les plus visités au monde occupant la 3ème position mondiale derrière les USA et l’Espagne, le tourisme représentant 7,4% du PÏB, 84,7 millions de visiteurs en 2013 avec une recette pour près de 48 milliards de dollars .
3.-. Les importations ont été de 681 milliards de dollars dont l’énergie et les industries extractives pour 58,1% et les importations de services ont été de 188 milliards de dollars.
4.- Le produit intérieur brut français (PIB) de 2014 est estimé à 2902 milliards de dollars à prix courants extrapolé à 2935 milliards de dollars en 2015 pour une population estimée au 01 janvier 2015 à 66,3 millions d’habitants contre 39,5 millions pour la même période en Algérie
5.-.Pour l’indice de développement humain (2014), indicateur beaucoup plus fiable que le taux de croissance global, IDH la France est classée en 20ème position en 2014 et l’Algérie 94ème.
6.- Le PIB Algérie est estimé au cours de 79 dinars un dollar ( si l’on applique le cours de 95 dinars un dollar le PIB est moindre) à 196,46 milliards de dollars en 2013 et 224 milliards de dollars en 2014. Mais l’on doit tenir compte que 80% des segments sont irrigués par les hydrocarbures.
7. La chute du cours des hydrocarbures et par là la baisse des réserves de change expliquent le dérapage du dinar en ce mois d’octobre 2015 approchant 106 dinars un dollar contre 79 début 2014, 119 dinars un euro contre 80/85 dollars en janvier 2014. La valeur du dinar algérien et le pouvoir d’achat sont corrélés à 70% par la rente de hydrocarbures que l’on soutient artificiellement par les subventions et les transferts sociaux toujours via la rente ( 60 milliards de dollars entre subventions et transferts sociaux soit 27/28% du PIB)
8.-. Ce glissement du dinar à la baisse tant par rapport au dollar qu’à l’euro entraînent un accroissement de l’inflation importée où 70/75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% provenant de l’extérieur.
9.-Les exportations totales de l’Algérie en 2014 ont été d’environ 62 milliards milliards de dollars y compris les 3/4% hors hydrocarbures et les importations algériennes de biens 58,3 milliards de dollars auquel il faut ajouter 11,5 milliards de dollars de services, une sortie de devises avec les transferts légaux de capitaux de plus de 75 milliards de dollars alors que les recettes attendues de Sonatrach en 2015 ne dépasseront pas 34 milliards de dollars avec une tendance identique en 2016..
10.–Les exportations algériennes à destination de la France ont été selon les statistiques officielles algériennes de 6,744 milliards de dollars et les importations de 6,342 milliards de dollars. Les échanges pour 2014 entre l’Algérie et la France sont en valeur de 13,086 milliards de dollars.
11.- Pour la Chine, nous avons une situation totalement déséquilibrée en défaveur de l’Algérie 8,2197 milliards de dollars pour les importations alors que les exportations de l’Algérie vers la Chine ne sont que de 1,817 milliards de dollars.
12.- La France reste pourtant le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec un stock d’IDE estimé par l’ambassade de France à Alger de 2,2 milliards de dollars fin 2012 avec une part de marché de 10,9% derrière la Chine (14,0% de part de marché). Les principaux postes d’exportations françaises demeurent les céréales (20,2% du total), les véhicules automobiles (12,2%) et les produits pharmaceutiques (11,1%). En retour, les importations françaises se composent à 95% d’hydrocarbures.
13.-Selon les données du trésor français, quelque 6.000 sociétés françaises exportent en Algérie, 450 ayant permis de créer 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects.
14.-L’’Algérie n’entend pas être un marché mais veut bénéficier des apports d’un véritable partenariat gagnant/gagnant, avec la majorité des pays. Et c’est dans ce cadre que doit rentrer un partenariat gagnant/gagnant entre l’Algérie et la France, loin de tout préjugé et esprit de domination. il faut revoir l’actuelle politique industrielle qui doit être adaptée aux nouvelles mutations mondiales. Comme doit être spécifié d’une manière claire ce que l’on entend par partenariat gagnant/ gagnant ou encore les co-localisations, à travers de nouveaux réseaux, afin d’élaborer des projets fiables dans le temps pour une prospérité partagée entre l’étranger et le local.
15.- En dehors des secteurs stratégiques qu’il s’agit de définir clairement car ce qui est stratégique aujourd’hui peut ne pas le devenir demain, étant historiquement datée, il y a lieu de dresser le bilan, sans passion idéologique, de la règle des 49/51% , devant introduire d’autres critères plus objectifs comme une balance devises, technologique et managériale profitable à l’Algérie. Cela passe par une démystification idéologique vis-à-vis de l’entrepreneur privé qu’il soit algérien ou international.
16.-En cette ère de mondialisation, il semble erroné de parler de stratégie industrielle, ce qui supposerait une autonomie totale de la décision économique surtout pour un micro-Etat comme l’Algérie, d’où l’importance d’espaces économiques fiables maghrébin, euro-méditerranéen et africain, espace naturel de l’Algérie Sous réserve d’une réorientation de la politique socio-économique assistant au niveau mondial à l’évolution d’une accumulation passée se fondant sur une vision purement matérielle, caractérisée par des organisations hiérarchiques rigides, à un nouveau mode d’accumulation fondé sur la maîtrise des connaissances, des nouvelles technologiques et des organisations souples en réseaux comme une toile d’araignée à travers le monde avec des chaînes mondiales segmentées de production où l’investissement, en avantages comparatifs, se réalisant au sein de sous-segments de ces chaînes..
17.-S’impose pour l’Algérie, une révision de l’actuelle politique socio-économique qui a concentré ses dépenses monétaires avec des surcoûts exorbitants à plus de 70% sur les infrastructures et en réhabilitant l’entreprise et l’économie de la connaissance (10/12 milliards de sorties de devises pour le poste services entre 2012/2014). Il faut avoir une vision d’ensemble, une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités administratives, financières, techniques et économiques.
18- Le partenariat gagnant/gagnant n’est possible que si l’on libère les initiatives créatrices , la liberté d’entreprendre, par la levée des contraintes qui freinent l’épanouissement de l’entreprise qu’elle soit publique ou privée, locale ou internationale dont la bureaucratie étouffante, le système financier qui favorise l’importation, le système socio-éducatif en misant sur la qualité qui s’est effritée et non la quantité et l’épineux problème du foncier. Fondamentalement, la réussite du partenariat industriel national et international est réalisable par une autre gouvernance, une vision cohérente se fondant sur des réformes structurelles tant politiques, sociales (dont le marché rigide du travail) qu’économiques.
Pour cela, la dominance de la démarche bureaucratique devra faire place à la démarche opérationnelle tant démocratique, tenant compte de son anthropologie culturelle, sur le plan politique qu’économique. Bonne gouvernance et valorisation de l’économie de la connaissance, avec toutes ses immenses potentialités, l’Algérie peut aspirer à devenir un pays pivot au sein de l’espace méditerranéen et africain.