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Kheireddine Ameyar
Date de création: 10-06-2018 15:27
Dernière mise à jour: 10-06-2018 15:27
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE AL MANACH – KHEIREDDINE AMEYAR
L’Aigle et la Plume. Textes choisis 1975-1999. Recueil d’écrits de Kheireddine Ameyar (présenté par Taous Ameyar,l’épouse , les enfants Nadim et Maya ainsi que par Nordine Azzouz et préfacé par ce dernier) , Anep Editions, Alger 2016, 565 pages, 1 200 dinars
Lire les écrits de Kheireddine ( ou bien plutôt les re-visiter pour ceux qui avait suivi son parcours professionnel qui dura plus de trente années ) , c’est effectuer un voyage dans un espace- temps incontrôlé et , de toutes façons , devenu incontrôlable. Il y a ,aussi et surtout, la vie d’un pays, avec des va et vient , dans un désordre au départ déroutant mais en définitive éclairant. Une Algérie se fissurant, produisant (ou ressuscitant) mille et une failles sociétales, récentes ou lointaines Et, au milieu, un homme écartelé dans un monde (médiatique et politique) de plus en plus incompréhensible….qui, après un « long séjour parmi les hommes, refusa de demeurer avec l’infamie ».
Durant sa carrière (trop courte à mon sens, mais si riche puisqu’il a connu un grand nombre de titres et, cerise sur le gâteau (sic !) , l’ « Ordre du mérite » de notre époque et de la corporation , des « mises au placard », un « retrait de passeport » et un « licenciement » dans la presse écrite.......En tant que journaliste , mais aussi en tant que reponsable éditorial, il s’est toujours singularisé par la « folle envie d’écrire et de dire » . C’est ce qui fait qu’il s’est intéressé à tout et à tous. C’est ce qui fait l’extrême richesse du recueil : de la politique (intérieure et extérieure), de la « vie » des partis, nouveaux et anciens, de la culture, de l’histoire, du sport (il a été le premier à « lancer » un magazine des sports de qualité et à très grand succès , bien qu’il ait été produit alors par Revaf’, le journal du Fln...qui, c’est vrai, commençait à s’ « ouvrir » aux réformes) ....... Aucun genre journalistique ne lui était étranger : le commentaire, l’ analyse, le reportage, l’interview (dont celui de A. Ben Bella en août 1990 , avant son retour en Algérie) , le portrait (des portraits fins : Khadda, Assia Djebbar, Djamel Allem, Mohamed Zinet, Djamel Amrani, R. Boudjedra, S-A Agoumi, R. Mimouni, B. Karèche, Hachemi Chérif, M. Toumi, A. Mehri, Abdelaziz Morsli ..... ).Aucune actualité nationale ou internationale liée au pays n’avait « échappé » à son œil . Déjà de l’aigle dans sa démarche , mais se servant de sa seule plume .
L’Auteur : Né le 13 avril 1946 à Alger , diplômé des premières promotions (la seconde francophone, je crois, en compagnie de Abdou B et de Talmat Amor-Ali et d’autres grands noms de la presse nationale : Hamdi, Sobhi, Ayache, Saïdani,… ) de la première Ecole nationale supérieure de journalisme, alors sise Rue Jacques Cartier (Alger-centre) à la fin des années 60 , svp ! en pleine effervescence intellectuelle . Il travaille dans plusieurs journaux et revues nationales : Après un bref passage à la Cinémathèque nationale, Radio Chaîne 3, El Moudjahid-quotidien, Algérie Actualités (dont il fut le Directeur de rédaction, du temps de M.Hamrouche….avant de subir le « licenciement ghozalien » ) , Révolution africaine où il créa Afric 1 sports, El Moudjahid de nouveau, La Nation (journal de satut privé) ….puis , la loi d’avril 90 aidant , il fonde, le 5 octobre1994, avec Bachir Chérif et Baya Gacemi, entre autres, en pleine « effervescence » islamo-terroriste, le quotidien de langue française La Tribune. Connu alors (et depuis toujours, en tout cas je l’ai connu ainsi à l’Ensj et chaque fois que nos chemins se croisaient) pour sa verve et son style à nuls autres pareils.
Auteur d’un roman (publié à titre posthume, Anep éditions) , « inachevé... mais complet » disais-je, que j’ai présenté fin 2015 et que j’avais alors classé en très bonne position dans la liste des dix meilleurs ouvrages de langue française de l’année....tout particulièrement parce qu’il avait une charge philosophique encore introuvée chez bien nos intellectuels, même les plus grands
Extraits : « Son parcours fut riche, il revitalisa son intérieur et atteint l’érudition dans de nombreux domaines , se privant de tout pour l’acquisition d’un livre comme d’autres se damnent pour une augmentation de salaire » (Nadim Ameyar, p 18), « Il avait la plume curieuse et pérégrine, le trait d’un aristocrate de la presse ,assez décontracté pour aborder sans complexe et avec virtuosité des sujets finalement pas si lointains de relation (.... ) . Chez lui, quelles que soient les rubriques, il ne parlait en vérité que de l’Algérie, de ses splendeurs et de ses misères » ( p 29), « ....La dilection (ndlr : amour pur et pénétré de tendresse spirituelle) qu’il avait (pour Mouloud Hamrouche) n’était ni béate et encore moins personnalisée. Elle était pétrie de la conviction qu’Octobre (...) n’était pas une « évolution des rancœurs vers la rupture » , mais l’aboutissement d’un processus de luttes populaires pour le changement » (Nordine Azzouz, préface, p 31) , « Quand il n’écrivait pas, il passait à l’oral.....Le goût des bons mots et des belles formules lui venait alors à la bouche. Son art (très auto-centré) de la conversation était de véritables cours de journalisme, la rhétorique en prime et un appétit inimitable pour le débat qu’il ne concevait , quand il était sérieux, qu’en duelliste et qu’à voix haute » (Nordine Azzouz, préface, p 31)
Avis : A lire absolument , mais lentement et, surtout , en contextualisant à chaque fois. Bien saisir la date de parution, le titre de presse et se souvenir. Car si le personnage Ameyarien n’avait pas changé , ce sont les autres qui changeaient constamment .....trop vite ou trop mal à son goût. Quant au style, chacun appréciera selon sa formation et ses penchants littéraires . En tout cas, il a fait école.
J’ai noté, par ailleurs que Mme Ameyar , dans sa présentation (p 12...écrit de décembre 2011) , a été assez (trop ?) sévère à l’endroit de la presse et des journalistes....estimant globalement qu’il n’y a plus de « cercle vertueux » .....pour emprunter à « qui vous savez ».
Citations : « Un journaliste, cela sert aussi à créer des journaux ! » (p 483), « Informer d’abord, autant que la paranoïa du secret , véritable culture de l’Etat , le permettra. Informer en passant l’épreuve de la double lecture après celle du double éclairage. Expliquer ensuite ou, plus probablement, essayer d’expliquer , si l’on a compris soi-même ce qui n’est pas toujours l’évidence « (p 484) |
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