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Football professionnel- Gestion
Date de création: 10-06-2018 13:56
Dernière mise à jour: 10-06-2018 13:56
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SPORTS- ETUDES ET ANALYSES- FOOTBALL PROFESSIONNEL- GESTION
Sept ans après la création des sociétés sportives par actions (SSPA)
Quel bilan faisons-nous du football professionnel ?
© M’hamed Abaci/ El Watan-contribution, mardi 20 septembre 2016
Sept années se sont écoulées depuis que nos clubs sportifs des Divisions nationales 1 et 2, sont passés d’une situation d’amateurs à celle de professionnels.
Dès lors, ces clubs en question sont considérés comme des sociétés par actions (SPA) et jouissent de la personnalité juridique morale et de l’autonomie pour fonctionner dans le respect des dispositions du code de commerce et code civil à travers leurs organes prévus à cet effet dont notamment : le conseil d’administration, qui est attributaire des pouvoirs les plus étendus pour administrer les capitaux et agir en toute circonstance au nom du club ; l’assemblée générale des actionnaires souveraine dans toute décision stratégique pour justement adopter des politiques et des stratégies d’entreprise en améliorant les capacités managériales pour relever le défi du professionnalisme et, par voie de conséquence, la politique du sport en Algérie ; la direction générale (le directeur général et son staff) est l’organe de gestion, soumis à l’obligation de résultats économiques et financiers et, enfin, le commissaire aux comptes dans le cadre du contrôle légal de la société pour attester et certifier que les comptes du club sont sincères et réguliers sur la base de la tenue d’une comptabilité des sociétés et la présentation de leurs comptes annuels en harmonie avec les normes comptables internationales anglo-saxonnes/européennes, dites IAS-IFRS.
Par conséquent, ces clubs deviennent sujet au droit des sociétés et autonomes dans leur fonctionnement, leur gestion et leur développement, selon les règles et les mécanismes de l’économie de marché. La question qui se pose d’emblée et s’impose alors est «y a-t-il une économie du sport en Algérie ?» Dans ce qui suit, nous tenterons d’apporter quelques éclairages à cette question stratégique en cette grande période de crise énergétique mondiale qui frappe au plus fort l’économie nationale et a mis au jour les vulnérabilités présentes dans une économie excessivement tributaire de la rente des hydrocarbures.
Sportivement et économiquement parlant, comment peut-on parler de professionnalisme en Algérie, quand on sait que les clubs sportifs professionnels sont pris en charge par l’Etat, notamment le Trésor public, qui finance l’activité sportive et footballistique toutes disciplines confondues à hauteur d’un peu plus de 90%. Un club professionnel moyen fonctionne aujourd’hui avec en moyenne 20 à 40 milliards de centimes par saison, dont 70% environ proviennent de l’Etat et ses démembrements.
La masse salariale des clubs professionnels est estimée à plusieurs milliards de centimes, mais n’obéit pas à des critères de performances capables de produire de grands joueurs pour notre équipe nationale. Des footballeurs dont le revenu mensuel balance entre 500 000 DA et 3 millions de dinars. D’où l’Etat a investi et subventionné chèrement sous plusieurs formes à travers d’importants apports financiers et de réalisations d’infrastructures, de biens d’équipements et d’aides conséquentes.
Une situation qui renseigne sur le football national où les clubs professionnels sont au point zéro, notamment n’ont pas produit tous les effets espérés au bénéfice d’une économie du sport, ni apporté des acquis pour la jeunesse algérienne ou concevoir un bon réservoir pour l’équipe nationale. Notre équipe nationale est constituée, à plus de 80%, de joueurs formés ailleurs et évoluant dans les clubs à l’étranger, y compris l’entraîneur. C’est cet apport émigré qui permet à notre équipe nationale de se qualifier à deux Coupes du monde successives en 2010 et 2014. Or, normalement ce sont les clubs locaux professionnels qui font l’équipe nationale avec la possibilité d’intégrer des joueurs évoluant à l’étranger. Faut-il s’en étonner ? Certainement oui.
On ne comprend pas cette contradiction, nous qui sommes bien entrés dans la pratique du professionnalisme où, en principe, l’instauration du professionnalisme qui implique en plus de l’activité sportive, l’initiative entrepreneuriale afin d’investir dans des activités économiques et commerciales rentables pour donner une bonne assise financière aux clubs professionnels et garantir une meilleure prise en charge du football professionnel en Algérie à l’instar des clubs européens et anglais.
Il va sans dire qu’il est grand temps de s’interroger sur la vie économique et financière des clubs sportifs professionnels dans leurs modes et systèmes d’organisation, de gestion, de financement, de marketing, de contrôle interne, de valeur humaine et patrimoniale, de communication, de rémunération (partie fixe et partie variable), comptable et fiscal, et enfin comment éviter aux clubs professionnels le dépôt de bilan en cas de banqueroute (actif net négatif ou cessation de paiement).
Car en plus de l’obligation de résultats, ils sont comptables devant l’Etat, les contribuables et les actionnaires ou encore de leur part contributive dans l’économie nationale. Dès lors, l’économie du sport pourrait apparaitre comme une étape nécessaire qu’il faut prendre sérieusement en main pour la bonne gouvernance et pour le respect de l’éthique sportive. Car, il y a une réalité qu’on doit admettre pour créer un marché du sport, c’est-à-dire l’économique doit y trouver son compte.
C’est construire sereinement le modèle économique sportif qui permettra la nécessaire autonomie financière des clubs sportifs professionnels avec de nouvelles règles de gestion qui contribueraient à créer une économie de production de la richesse et de l’emploi qui s’ajouterait au produit intérieur brut (PIB) du pays. En conséquence : faire des clubs sportifs professionnels un outil pour le développement d’une économie locale par le développement des structures sportives en entreprises commerciales avec l’ouverture du capital social aux investisseurs.
Le professionnalisme ne s’improvise pas étant donné que c’est un acte d’investissement et de promotion du sport d’élite, il se planifie avec la valeur homme (VH), des normes, des systèmes, des méthodes et des stratégies. C’est pourquoi l’urgence d’un management s’impose en ce sens, pour mieux prendre en charge nos clubs donnant un meilleur niveau de confiance aux investisseurs aux valeurs internationales, qui tarde à venir, garantissant ainsi une économie du sport.
Le plus terrible constat sur la gestion du football professionnel en Algérie est celui dont l’activité économique est ignorée. De par leur nouveau statut juridique, les clubs professionnels doivent être des entreprises à part entière avec des objectifs et des obligations de résultats économiques et financiers.
Et leur souci de financement ne peut être que les règles et les mécanismes du marché pour bâtir une économie du sport garantissant la pérennité et la viabilité des clubs professionnels. Un nouvel enjeu de bonne gouvernance qui constitue une urgence pour promouvoir la culture du professionnalisme afin de bâtir de grands clubs modernes à l’instar des plus grands clubs d’Europe et anglais, qui ont tellement innové dans le professionnalisme qu’ils ont révolutionné aujourd’hui le football, sport-roi à travers le monde.
Il faut dire que l’apport financier de l’Etat, aux 32 clubs professionnels des Ligues 1 et 2, pèse lourdement dans le budget de l’Etat dans la mesure où l’argent du sport n’est pas encore orienté ou utilisé dans un esprit d’entreprise, voire avec une culture économique, alors qu’à l’évidence, le professionnalisme en Algérie peut constituer un business à forte valeur ajoutée et porteur de perspectives socioéconomiques. Il peut faire de ses activités de véritables relais de croissance et de création d’emploi.
C’est là un constat préoccupant au regard de la nouvelle configuration juridique de société par actions, qui résulte du droit commercial, voire en matière de pérennité de nos clubs sportifs professionnels. D’où la question : les conseils d’administration prendront-ils, enfin, leurs responsabilités, afin d’entreprendre un travail de fond pour mettre de l’ordre dans la gestion de leurs sociétés ? Sinon, quels sont les moyens que se sont donnés les pouvoirs publics ou la FAF pour instaurer et développer le professionnalisme au sein de nos clubs sportifs professionnels ?
En conséquence, on ne peut pas tout attendre de l’Etat, les clubs doivent nécessairement s’impliquer, notamment en professionnalisant leurs activités et en modernisant leur gestion de par leur statut de sociétés sportives par actions (SSPA). En fait, le groupe Sonatrach a racheté depuis quatre ans la totalité (100%) des actions constituant le capital social de trois clubs sportifs professionnels (MC Alger, Saoura et CS Constantine) et le groupe ETRHB de Haddad, qui est une société à capitaux privés, a racheté les actions constituant le capital social du club professionnel USM Alger, avaient-ils mis en avant un projet sportif et économique dans une économie de marché pour ouvrir les perspectives à cette énorme proportion de jeunes qui ne demandent qu’à se donner pleinement dans le sport et le travail.
On souhaite aussi savoir si ces sociétés sportives soumises au droit des sociétés peuvent bénéficier du statut de filiale et affiliées aux sociétés mères respectives aux deux groupes ou simplement s’agit-il d’un actionnariat amical et de solidarité ? Et qui ne peuvent entrer dans le périmètre de la consolidation du bilan financier des groupes en question ?
La sanction de la vie financière d’une entreprise est suffisamment sérieuse pour que la comptabilité soit une préoccupation permanente en faveur d’une véritable politique financière et pour plus de transparence dans la gestion des clubs au moment où ils brassent des sommes colossales d’argent public. C’est là une nouvelle vision qu’il faut à présent inscrire à l’ordre du jour.
Parce que la comptabilité financière constitue un élément-clé de confiance et une sécurité juridique économique pour les investisseurs et les actionnaires dans une économie de marché. Il est aujourd’hui fondamental d’œuvrer à imposer des règles de saine gestion car l’aspect relatif à la gestion et à l’usage de l’argent public destiné à ces derniers impose leur rentabilité et leur contrôle rigoureux qui répond à deux questions fondamentales : d’où vient l’argent ? Et où va l’argent ?
Il est aujourd’hui fondamental dans ce nouveau contexte d’imposer des règles de saine gestion, car l’usage de l’argent public destiné aux clubs sportifs impose une rentabilité, un contrôle rigoureux et une obligation de déposer une copie des comptes sociaux (bilan et compte de résultat) au Centre national du registre du commerce (CNRC), ainsi que leur publication dans au moins trois quotidiens nationaux et locaux à grand tirage pour une meilleure transparence de l’utilisation des finances.
Une meilleure utilisation des fonds destinés au sport est un aspect incontournable dans le processus du nouveau modèle de croissance économique, c’est-à-dire comment préparer nos clubs sportifs professionnels, à exercer les règles et les mécanismes de l’économie de marché. En somme, on doit incarner les principes et les valeurs de l’action économique, qui vise à organiser et à œuvrer pour la vie et le développement socioéconomique d’une nation.
En effet, quand on dit professionnalisme, on doit nécessairement faire référence aux grandes nations du football et à l’économie ce qui n’est malheureusement pas le cas dans l’organisation actuelle de nos clubs. L’argent du sport n’est pas encore orienté ou utilisé dans un esprit d’entreprise, voire avec une culture économique. Là aussi, le mode de financement actuel des clubs professionnels est loin d’une approche économique. Il ne peut être perçu ou assimilé à une fonction de caisse afin de ne pas entraver les fondements du professionnalisme, sinon, c’est comme hurler dans le désert ou encore arroser le sable.
C’est ici toute la triste réalité, car le professionnalisme n’est pas un choix, mais une exigence et une affaire sérieuse dans la nouvelle économie qui implique l’initiative entrepreneuriale et qu’on ne peut remettre en cause, car c’est le meilleur moyen d’élever le niveau de notre football à l’instar des grandes nations du football. Cela ne semble pas préoccuper les instances sportives pour un changement de gouvernance en conformité de leur statut de droit privé, sachant que la majorité des clubs ne respectent pas la pratique des notions du professionnalisme en Algérie et la gestion des SPA, qui relève du droit privé (codes de commerce et civil).
Sinon, quel est le rôle des conseils d’administration dans les SSPA, qu’on ne peut comparer objectivement à celui assumé par les organes sociaux des clubs européens qui ont tellement innové dans le professionnalisme et sont arrivés à révolutionner l’économie du football ?
Il est pourtant clairement établi que ces clubs sont au cœur d’une problématique managériale aux valeurs internationales et d’une approche économique qui n’a pas fini d’alimenter la chronique sportive nationale depuis l’entrée en vigueur du professionnalisme en 2010, les mettant dans une instabilité permanente face à une gestion incohérente focalisée uniquement sur les dépenses de fonctionnement à coups de milliards.
Nos clubs professionnels tournent le dos à un principe fondamental, celui de dépenser avec esprit et culture d’entreprise. Alors qu’à l’évidence, le professionnalisme constitue un business à forte valeur ajoutée et ne peut exister dans la continuité de l’amateurisme, tiré par la dépense publique en exigeant notamment, saison après saison des subventions et des aides encore plus conséquentes auprès des pouvoirs publics.
Comment expliquer cette situation ? D’une part, la gestion financière et les ressources humaines ne semblent pas organisées au sein de nos clubs sportifs professionnels, car ce sujet n’a pas fait l’objet d’une réflexion globale dans une logique économique et d’objectifs de performance et, d’autre part, le professionnalisme n’est pas encore perçu comme un projet d’entreprise dans lequel doivent s’inscrire nos clubs sportifs professionnels érigés en sociétés sportives par actions.
Malheureusement, à quelques exceptions près, ces clubs restent dans la bataille du championnat sans parvenir à élever le niveau compétitif et continuent à fonctionner selon l’ancien modèle dit sport amateur conçu à la charge et aux seuls moyens de l’Etat, malgré l’instauration du professionnalisme.
De par leur nouveau statut juridique, les clubs professionnels doivent être des entreprises à part entière avec des obligations de résultats économiques et financiers, notamment que leur souci de financement ne peut être basé que sur les règles et les mécanismes du marché. Sans quoi faut-il croire encore au développement du football professionnel ?
Ainsi, compte tenu de ce qui précède, les conseils d’administration dans les sociétés sportives, n’ont pu faire avancer cette importante réforme qui est porteuse d’enjeux majeurs, d’une culture de société. L’intérêt demeure à ce jour mineur au service d’un projet de société moderne dont les grands enjeux restent inévitablement la jeunesse et l’équipe nationale. |
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