RELATIONS INTERNATIONALES - MOUVEMENT DES NON ALIGNES - RAPPELS HISTORIQUES
Né dans le prolongement de la Conférence de solidarité afro-asiatique qui s’était tenue en 1955 à Bandung en Indonésie, le Mouvement des Non-Alignés (MNA), créé officiellement en 1961 à Belgrade, a permis au Tiers-monde politique d'affirmer une existence politique autonome et revendiquer des échanges économiques Nord-Sud plus justes.
A travers le MNA, les Non-alignés ont réalisé la jonction du monde afro-asiatique avec celui de l’Amérique latine. Avec 117 pays membres, le Mouvement regroupe des Etats et des économies sensiblement différents. Sa composition hétéroclite ne l’a pas cependant empêché d’enregistrer rapidement des succès dans sa revendication d’une plus juste répartition des richesses mondiales.
Avec l’apport et la contribution d’autre organisations tels que le groupe des 77, la CNUCED et plus récemment le G15 et le G20, et l’Union africaine le Mouvement des Non-Alignés n’a jamais cessé de plaider en faveur de relations économiques plus justes et plus équitables.
Dès le début des années 60, la lutte engagée par les Non-alignés est rapidement relayée par le "Groupe des 77". Cette organisation, créée le 15 juin 1964, par 77 pays en voie de développement, s’assigne comme objectif de fournir aux pays en développement les moyens d'articuler et de promouvoir leurs intérêts économiques collectifs et d’accroître leur capacité commune de négociation sur les grandes questions économiques internationales au sein du système des Nations unies.
La création en 1964 de la CNUCED, organisme des Nations unies pour le commerce et le développement jouera par la suite le rôle d’un véritable laboratoire d’idées et de bureau d’études au service du Tiers-monde.
Le Sommet d’Alger prône le NOEI
Mais les revendications portées par le MNA seront surtout exprimées dans le projet de Nouvel Ordre Economique International (NOEI), lancé à partir du Sommet d’Alger en 1973.
Organisé 12 ans après l’indépendance, le Sommet d’Alger qui a réuni près de 75 chefs d’Etat et de gouvernement a connu un succès retentissant.
Lors de ce Sommet, une prise de conscience sur la nécessité de la souveraineté des Etats membres sur leurs richesses naturelles prend forme. Cette position inscrite dans le projet du (NOEI) sera entérinée, une année plus tard, en 1974, par l’Assemblée générale de l’ONU au cours d’une session extraordinaire convoquée à l’initiative des PNA.
La déclaration concernant l'instauration d'un nouvel ordre économique international a mis en exergue les principes devant constituer son assise, notamment l'égalité souveraine de tous les Etats, la non-ingérence dans leurs affaires internes, leur participation effective au règlement des problèmes mondiaux et la liberté de choisir leur propre système économique et social.
Elle a également souligné la libre gestion par les pays en voie de développement, de leurs ressources naturelles, de leurs activités économiques nécessaires à leur développement ainsi que le contrôle des sociétés multinationales qui activent sur leur territoire.
La déclaration a, en outre prôné la mise ne œuvre de rapports "justes et équitables" entre les prix des matières premières et autres produits exportés par les pays en voie de développement et les prix des matières premières et autres produits exportés par les pays développés.
La fin de la guerre froide, la dislocation des blocs et le processus accéléré de mondialisation affecteront un moment la notion de non alignement et contribueront également à l’affaiblissement du Tiers monde en tant qu’acteur autonome.
Le mouvement connaîtra cependant un net regain de vitalité avec la création du Groupe des 15 (G15). Créé lors du 9ème sommet des pays Non-alignés, organisé à Belgrade, en septembre 1989, le G15 s’assigne comme objectifs la promotion de la coopération Sud-Sud et la revitalisation du dialogue Nord-Sud.
Initialement composé de quinze pays (d’où son nom), le G15 regroupe actuellement 18 Etats membres ou observateurs du Mouvement des Non-Alignés (Algérie, Argentine, Brésil, Chili, Egypte, Inde, Indonésie, Iran, Jamaïque, Kenya, Malaisie, Mexique, Nigeria, Pérou, Sénégal, Sri Lanka, Venezuela et Zimbabwe).
Dans une allocution à l'ouverture du 13e sommet du G15, tenu en septembre 2006 à la Havane, Abdelaziz Bouteflika, rappellera le rôle assigné à cette organisation en soulignant "qu’il s’agira d’oeuvrer à la redynamisation de la concertation entre nos pays et plus largement au sein de nos groupes de solidarité et entre eux, ainsi qu’à la relance du dialogue avec nos partenaires du Nord".
Invitant les pays membres à ne pas céder au découragement, il ajoutera "l’histoire nous enseigne que bien des projets politiques aux allures d’anticipations utopiques sont devenus réalité grâce à la détermination politique sous-tendue par la concertation, le dialogue fécond et la coopération fructueuse entre leurs promoteurs".
Le G20, un forum pour une gouvernance mondiale plus juste
Le G20 (Groupe des vingt) constitue un autre cadre de concertation pour faire avancer les idées d’une gouvernance mondiale plus juste prônée par le MNA.
Intervenant lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du MPNA, tenue en marge de l’Assemblée générale de l’ONU au mois de septembre, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a proposé la création d’un mécanisme de coordination entre le MPNA et le G20, où siégeraient les pays membres de ce mouvement. Ce qui permettrait, a-t-il ajouté, l’échange d’informations et l’émergence de propositions constructives.
Créé en décembre 1999, le G20 est graduellement devenu le forum principal pour traiter du système économique global, abordant les questions de stabilité et de développement. Le G20 est composé du G8 et de douze autres puissances économiques émergentes. Quelques pays non-alignés - Inde, Afrique du Sud, Indonésie, Arabie saoudite-font partie du G20.
La 17e conférence ministérielle du MNA, se tiendra du 26 au 29 mai à Alger sous le thème: "Solidarité renforcée pour la paix et la prospérité". Cette rencontre permettra de "faire le point" et de "prendre les décisions pour impulser la marche du mouvement qui a toujours des principes et des idéaux et objectifs", avait affirmé M. Lamamra en marge de la 25e session du Conseil onusien des droits de l'homme, tenue récemment à Genève.
Les centres d'intérêt du MNA qui compte 117 pays outre une vingtaine d'observateurs, sont la démocratie, le désarmement, le développement économique et social, la paix ( (c) APS)
Repères historiques
Le Mouvement des non-alignés (MNA), la plus forte concentration de pays (près de 120 Etats) après les Nations unies aujourd'hui, a vu le jour du temps de la guerre froide, dans un contexte international marqué par une vague sans précédent de luttes pour l'indépendance des peuples colonisés. Créé officiellement en 1961 à Belgrade, à l'initiative de Joseph Broz Tito (ex-Yougoslavie), Jamal Abdel Nasser (Egypte) et Jawaharlal Nehru (Inde) notamment, le mouvement s'est voulu dès sa naissance un forum d'expression, de revendication et de solidarité entre les peuples. Le MNA tire ses fondements de la Conférence de solidarité afro-asiatique de 1955 à Bandung (Indonésie) qui avait réuni 29 chefs d'Etat, en présence de nombreux représentants de mouvements de libération nationale, dont le Front de Libération Nationale qui menait la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.
L'esprit de Bandung
La rencontre de Bandung avait affirmé solennellement le droit à l'indépendance et au recouvrement de la souveraineté nationale des peuples et nations d'Asie et d'Afrique, et appelé à la création d’un espace d’entraide entre le pays en voie de développement.
Les thèmes abordés tourneront autour de l’indépendance des pays du Maghreb l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc, de la fin du régime ségrégationniste de l’Apartheid en Afrique du Sud, ainsi que du conflit israélo-arabe.
Le texte adopté au terme de la conférence rejette le racisme et le colonialisme, réclame une coopération économique mondiale pour lutter contre le sous-développement et tente de promouvoir une charte des relations entre Etats.
Si Bandung marque l'irruption du Tiers Monde sur la scène internationale, le non-alignement ne naît qu'en juillet 1956, avec la conférence de Brioni (Yougoslavie) réunissant Nasser, Nehru et Tito. Il faudra attendre la conférence de Belgrade en 1961 pour que le terme apparaisse officiellement et que soit ce mouvement qui entend se placer comme une alternative entre les deux blocs puisse réellement prendre forme.
Le 1er septembre 1961, la Première conférence des non-alignés se tient à Belgrade. Vingt-cinq pays y participent.
Le Tiers monde politique y avait solennellement affirmé les cinq principes de la coexistence pacifique entre pays de régimes politiques différents : le respect mutuel pour l’intégrité et la souveraineté, la non-agression mutuelle, la non-ingérence dans les affaires intérieures, l’égalité et le bénéfice mutuel et la coexistence pacifique.
En 1963, une déclaration à l’Assemblée des Nations unies donna naissance au Groupe des 77 (du nombre de ses membres à ce moment, les pays latino-américains, absents à Bandung, s’y sont joints).
NOTE: L'Algérie a accueilli , du 26 au 29 mai 2014, la 17e Conférence ministérielle du Mouvement des pays non-alignés sur le thème ''Solidarité renforcée pour la paix et la prospérité.''