ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES – CAPITALISME- IDEES RECUES – JEFF MIRON/HARVARD
TROIS IDÉES REÇUES SUR LE CAPITALISME
Par Jeff Miron, professeur et directeur des études du premier cycle au
département d'Économie de l'Université Harvard, ainsi que Senior
Fellow au Cato Institute (avril 2014) .
Les progrès en matière de niveau de vie ont eu lieu grâce au
développement du capitalisme.
Si vous regardez l'histoire du monde, la majeure partie des progrès en
matière de niveau de vie a eu lieu parce que des entreprises privées
ont créé de nouveaux produits, proposé de nouveaux emplois et généré
des profits qui ont sorti les gens de la pauvreté et leur ont donné un
bon niveau de vie en étant plus productifs. Nous pouvons faire encore
mieux, et cela aura des effets bénéfiques partout dans le monde, si
nous revenons sur les réglementations excessives et développons un
système bien plus capitaliste.
J'aimerais vous parler de trois mythes à propos du capitalisme.
1. Être en faveur du capitalisme revient à la même chose qu'être pro-business
Rien n'est plus faux. L'objectif du capitalisme est de s'assurer que
les entreprises s'affrontent au sein d'un jeu concurrentiel féroce, ce
qui bénéficie aux consommateurs. Ce n'est pas bon pour les entreprises
à proprement parler car elles doivent travailler très dur. Beaucoup
d'entre elles l'ont compris et détestent le capitalisme. Elles
essaient constamment d'obtenir de l'État des normes, des restrictions
ou des règlementations en leur faveur, mais qui ne sont pas dans
l'intérêt du consommateur. Donc défendre le capitalisme est bon pour
le consommateur. C'est lui que nous essayons d'aider au final.
2. Le capitalisme génère une répartition inéquitable des revenus
Ce que fait le véritable capitalisme, c'est de récompenser les
personnes productives. Celles qui ne comptent pas leurs heures de
travail, celles qui ont beaucoup de talent, celles qui ont de bonnes
idées sont largement récompensées avec le capitalisme ; celles qui
refusent ce genre de choses perçoivent moins.
L'aspect qui peut préoccuper est que certaines personnes ont très peu
de compétences. Elles ne sont pas capables de gagner suffisamment par
elles-mêmes, et donc nombre de gens raisonnables soutiennent les
programmes de redistributions pour lutter contre la pauvreté. Mais
cela n'est pas une raison pour interférer avec le capitalisme,
règlementer les prix, imposer des quotas ou toutes sortes de
restrictions à l'encontre des entreprises. Ces interventions rendent
l'économie moins productive, réduisent la taille du gâteau et rendent
la vie plus dure pour ceux qui essaient d'aider les moins chanceux et
les moins fortunés.
3. Le capitalisme est responsable de la récente crise financière et de
la récession
C'est, encore une fois, l'exact opposé de la réalité. Tout d'abord,
aucune personne honnête intellectuellement ne peut prétendre que nous
avions un capitalisme débridé avant la crise, avant l'explosion des
subprimes, avant tous les problèmes immobiliers. Nous avions beaucoup
d'interventions publiques qui ont contribué à subventionner le risque,
beaucoup d'interventions publiques qui ont encouragé à sur-investir
dans l'immobilier.
Si on devait en tirer des leçons, il faudrait clairement dire
qu'interférer avec le capitalisme génère des crises financières, des
récessions, parce que ce que nous avons vécu était directement lié aux
incitations à la prise de risque excessive et au sur-investissement
immobilier, qui ont été créées par l'État. Le secteur privé a répondu
à ces incitations, donc bien sûr le privé n'est pas totalement blanc
dans cette affaire. Mais si l'on recherche la cause, cette crise vient
de mauvaises politiques et non du secteur privé ou du capitalisme
lui-même.
Plus important encore, quand l'État renfloue ceux qui ont pris des
risques excessifs, il les encourage à recommencer dans le futur, et
nous avons malheureusement continué dans cette direction avec le TARP
(plan Paulson) et les politiques de la Réserve fédérale, qui ont aidé
Wall Street et les preneurs de risque à ne pas payer le prix de leurs
excès. « Nous sommes face à un paradoxe inattendu. La globalisation qui devait ouvrir le monde conduit à un défi politique inverse : gérer le retour des identités et la diversité culturelle. »