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Présidentielle 2014- Sondage Liberté/Institut Okba(Extraits)

Date de création: 27-02-2014 14:22
Dernière mise à jour: 27-02-2014 14:22
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VIE POLITIQUE- ETUDES ET ANALYSES – PRESIDENTIELLE 2014 – SONDAGE LIBERTE/INSTITUT OKBA (EXTRAITS)

© Yacine S, Mohamed Mouloudj/ Liberté, Dimanche, 23 Février 2014

“LIBERTÉ” réalise un sondage sur la présidentielle

Un échantillon représentatif à travers 17 wilayas

Par : Yacine S

C’est à travers les réponses de plus de 2 000 Algériens aux questions posées par les sondeurs de l’institut Okba Com qu’une certaine idée du profil du futur chef de l’État se précise, du moins en ce qui concerne le point de vue des électeurs.

Dans un pays où la tradition des sondages n’existe qu’à ses balbutiements, des enquêtes d’opinions du genre permettent de comprendre les attentes des populations. Il est vrai que ce genre de travaux devrait être généralisé afin de prendre la température auprès des citoyens sur tous les dossiers qui les concernent en premier lieu. C’est dans cette optique que l’institut Okba travaille et tente d’apporter une pierre à l’édifice. Dans le cas présent, il s’agit de la future échéance électorale. Dans sa lecture, l’institut Okba estime que près de 80% des Algériens considèrent toujours que le président de la République doit être de sexe masculin contre une minorité qui voudrait que la femme puisse un jour accéder à la magistrature suprême.
Quant à l’âge idéal du président de la République, et c’est là le point fondamental du sondage, les Algériens interrogés sont unanimes : près de 80% des sondés voudraient que l’âge du futur président soit inférieur à 60 ans.
Au-delà du fait que les Algériens ont tranché la question du pouvoir civil ou militaire, à savoir qu’ils ont répondu que le chef de l’État doit être impérativement un civil, les Algériens sont également unanimes à revendiquer un démocrate à la tête de l’État algérien. “À la question sur la tendance politique du futur président, pratiquement la moitié des personnes interrogées (49,9%) souhaite qu’il soit de la tendance démocratique, 12,6% de la tendance islamiste, alors que plus d’un Algérien sur quatre (26,3%) ne s’est pas prononcé sur cette question. Les autres réponses à cette question sont : républicain (5,3%), socialiste (1,9%), nationaliste (1,4%), libéral (1%), dictateur (0,7%), diplomate (0,5%), laïque (0,3%), militaire (0,1%)”, relève l’institut Okba, qui poursuit : “Sur la question des relations avec les pays que le futur président devrait privilégier, pratiquement la moitié (49,9%) des personnes se prononce en faveur des Européens, suivis des pays arabes (44,3%), des États-Unis (32%), des Maghrébins (23,1%), des Asiatiques (17,2%) et enfin des Africains avec une proportion de 16,5%.” Quant au choix des personnalités algériennes, “la réponse à cette question est également sans équivoque. Houari Boumediène, 36 ans après sa disparition, est considéré comme la personnalité politique la plus admirée avec une proportion de 26,3%, suivi de loin par Abdelaziz Bouteflika, l’actuel président avec une part de 15,2%, puis de très loin par Mohamed Boudiaf (4,9%), Abdelmalek Sellal, l’actuel chef du gouvernement (4,1%) et Liamine Zeroual (4%). Ils sont suivis par une liste de 64 noms ayant recueilli moins de 2% chacun”, souligne l’institut.
À la question de savoir quelle est la personnalité que l’on souhaite voir président de la République, les résultats soulignent que plus “d’un tiers (37,9%) ne se sont pas prononcés, alors que le président sortant Abdelaziz Bouteflika recueille 28,3%, suivi de très loin par Abdelmalek Sellal (5,3%), Ali Benflis (5%), Louisa Hanoune (4,3%), Ahmed Ouyahia (3,4%), Ahmed Benbitour (3,1%) et les autres candidats cités au nombre de 22 ont enregistré des scores de moins de 2%. Ce sondage montre clairement que ces candidatures multiples ont pour l'instant du mal à s'imposer dans l'opinion”. En revanche, poursuit l’institut Okba, “la cristallisation des choix électoraux est encore bien loin d'être opérée dans l'opinion, mais l'enquête conduite montre que les annonces ou les velléités de candidature n'ont, pour l'instant, pas créé de dynamique en leur faveur”.
Et d’ajouter : “Si sous d’autres cieux, le choix d’un(e) président(e) est tout à la fois un choix de programme et un choix humain, chez nous, comme l’ont montré les élections précédentes, ce choix est celui du système politique mis en place depuis l’Indépendance.” Dans le même temps, le sondage confirme la tendance à la baisse par rapport à la participation. “Le processus électoral souffre d’un déficit de crédibilité auprès des électeurs algériens. En effet, 29,5% des citoyens interrogés ont déclaré ne pas vouloir se déplacer le 17 avril, 24,1% déclarent qu’ils sont indécis et 46,4% (moins de la moitié) déclarent qu’ils iront voter”. L’institut considère que “la confiance dans les cycles électoraux semble être entamée. Les électeurs ne croient visiblement plus au politique”. Plus précisément, l’éloignement des citoyens à l’égard de la politique renvoie également à la dénonciation d’un manque d’efficacité de l’action politique qui, d’une part, n’a toujours pas résolu le problème du chômage, et plus généralement, n’apparaît pas suffisamment en prise avec la vie quotidienne des citoyens. La perte de confiance des électeurs dans les opérations électorales est bien sûr un danger pour la démocratie. Ce constat s’impose à tous les acteurs de la gouvernance démocratique (gouvernement, acteurs politiques, société civile et médias…).(Y.S)

Sexe

Sexe

%

Hommes

51.8%

Femmes

48.2%

 

100%

   

Niveau d’instruction

Niveau

%

Analphabète

17.7%

Moy/Secondaire

63.0%

Supérieur

19.3%

 

100%

   

Âge

Age

%

18-29 ans

38.4%

30-39 ans

19.7%

40-49 ans

15.5%

50-59 ans

12.9%

+ de 60 ans

13.4%

 

100%

   

Catégorie socioprofessionnelle

CSP

%

Cadre/Profession libérale

5.6%

Ouvrier/Employé

35.9%

Femme au foyer

25.9%

Étudiants

14.7%

Inactifs

8.9%

Retraité/Pensionné

9%

 

100%

 

Ce que les Algériens pensent de la présidentielle

Par : Mohamed Mouloudj

À moins de deux mois de l’élection présidentielle, les Algériens pensent, encore une fois, bouder les urnes. Le sondage d’Okba Com Institut réalisé pour “Liberté” l’a relevé. Seulement 46,4% des personnes interrogées comptent se présenter aux urnes le 17 avril prochain.

Cette enquête réalisée auprès d’un échantillon de 2 079 personnes, issues de plusieurs régions du pays, a fait ressortir que 29,5% des sondés ont décidé de ne pas se déplacer aux urnes le 17 avril tandis que 24,1% restent indécises. À la lumière de ces chiffres obtenus auprès de cet échantillon représentatif de la population algérienne en âge de voter, l’on comprend qu’aucun candidat n’est en mesure de mobiliser les électeurs autour de son projet.
Si les Algériens ont décidé de tourner le dos à une élection, pourtant présentée comme décisive pour le pays, cette même réaction trouve son origine dans les différentes consultations entachées toutes de fraude où la volonté citoyenne pour changer les choses s’est avérée n’être qu’un simple discours et que les élections à la Naegelen ont de beaux jours devant elles en Algérie. L’on déduit aussi que le taux de participation sera, inévitablement, au cœur de cette bataille électorale que doivent livrer et le pouvoir et les candidats retenus pour la course contre l’option du boycott qui charme de plus en plus d’électeurs.
À ce défi de convaincre le citoyen de se présenter aux urnes, il y a lieu de relever que le futur président élu avec moins de 50% de participation sera, sans nul doute, dépourvu de la légitimité obtenue par les urnes.
À cela s’ajoute, notamment avec l’annonce de la candidature de Bouteflika, accréditée lors de l’enquête de 28,3% des personnes sondées favorables à sa réélection, la question : acceptera-t-il de rempiler avec un score aussi dérisoire ? Avec un rappel des résultats obtenus par Bouteflika lors des trois dernières élections présidentielles qui l’ont porté à la magistrature suprême, il est difficile de dire que l’homme, tel que connu par les Algériens, va accepter d’être “élu” avec un taux inférieur à ces derniers exploits électoraux ? Il était élu, pour rappel, avec 73,8% des suffrages en 1999, alors qu’il était seul dans la course. Il le sera en 2004 avec 85% des voix et avec 90,2% en 2009. Le ministère de l’Intérieur annoncera-t-il une forte participation le soir du 17 et un score faramineux pour Bouteflika ? Ce serait une mission très difficile pour Tayeb Belaïz avec, notamment, des concurrents qui ne sont pas des moindres.
Benflis, Hanoune, Benbitour et probablement Hamrouche… qui sont accrédités autour de 5% chacun des voix des potentiels électeurs interrogés, ce sera une mission quasi impossible de bourrer les urnes et de traficoter les résultats.
Cela dit, au cas où il y aurait fraude, celle-ci toucherait en même temps le taux de participation et le suffrage exprimé au profit du candidat vainqueur, qui ne serait, selon le même sondage, que l’actuel locataire d’El-Mouradia.
Cependant, même si Bouteflika occupe la tête du peloton, il n’en demeure pas moins que 37,9% des sondés n’ont pas exprimé leur opinion quant à la personnalité qu’ils veulent voir président de la République.
Cela explique, néanmoins, que la “dépolitisation” des Algériens a fait son petit bonhomme de chemin et que le fossé qui sépare le citoyen des affaires politiques s’élargit de plus en plus.

Un président “homme”, jeune et démocrate
Les décisions introduites dans la loi électorale de 2011 exigeant pas moins de 30% de femmes dans les listes électorales et les assemblées élues ne semblent pas trouver grâce aux yeux des Algériens. Ainsi, 80,8% des personnes sondées optent plutôt pour un président du genre masculin et seulement 7,4% sont pour que le futur président soit une femme. Pour les 11,8% restants, cette question est “sans importance”.
Cela étant, la tendance machiste des électeurs est à relever à la lecture de ces taux qui relègue la femme à un statut inférieur. Comme toute tendance ou approche sociale, elle vient en contradiction de ce qu’on a voulu acquérir comme “statut” social et politique par les effets miraculeux d’un simple décret instituant les quotas pour les femmes.
Les pouvoirs publics, notamment les responsables politiques, seraient mieux inspirés pour faire valoir plutôt l’égalité entre les deux sexes à travers la suppression des lois confinant la femme dans un statut de mineur et de “citoyen” éternellement assisté, et d’appréhender, à travers l’école et les institutions de socialisation, ces réactions machistes et réductrices du rôle de la moitié de la population, qui sont les femmes.
À la question de l’âge idéal pour le futur président, les réponses sont sans équivoque.
Elles penchent toutes vers un président quinquagénaire. 75,6% des sondés pensent, ainsi, que le futur chef de l’État doit être âgé de moins de 60 ans, dont 39,5% estiment qu’il doit être plus jeune, soit de moins de 50 ans.
Ces chiffres expliquent que l’Algérien, dont pas moins de 70% de la population est âgée de moins de 50 ans, est plutôt favorable à un personnel politique jeune. La déclaration de mai 2012 de Bouteflika depuis Sétif, selon laquelle “sa génération est finie”, trouve un écho favorable auprès des citoyens qui estiment qu’il est anormal que la minorité qui s’accroche au pouvoir et que l’on appelle communément “les dinosaures” accapare les leviers de décision au détriment d’une majorité jeune, dynamique et portée sur le monde moderne.
Les résultats de l’enquête révèlent également cette logique qui veut que le personnel politique soit apte à gérer les affaires du pays et ils constituent un signe de refus de plébisciter un président dont l’état de santé s’est détérioré depuis l’an dernier.
L’enquête relève, aussi, que 65,4% des personnes optent pour un président civil, contre seulement 16,6% qui veulent un militaire à la tête de l’État.
Concernant les tendances politiques et idéologiques, 49,9% souhaitent que le futur président soit démocrate et seulement 12,6% sympathisent avec le courant islamiste.
L’on remarque que la déroute du courant islamiste entamée depuis le début du Printemps arabe, avec sa cuisante défaite lors des législatives de 2012, n’est pas le fruit d’un accident de l’histoire, mais elle est belle est bien une tendance générale chez les Algériens qui prennent leur distance d’un courant idéologique qui ne représente nullement une alternative.
Cela peut s’expliquer aussi par la situation qui prévaut dans les pays qui ont connu des révoltes et dont les mouvements islamistes qui se sont greffés sur les révolutions n’ont pas pu redresser la barre et offrir monts et merveilles tant promis aux populations.  

L’Algérien a cessé d’être africain !
Sur les 2 079 personnes interrogées lors de l’enquête sur les pays avec lesquels le futur président doit nouer des relations, 49,9% des réponses optent pour les pays européens, seulement 16,5% sont favorables pour des relations privilégiées avec les pays du continent africain et 23,1% avec les pays nord-africains.
Cette tendance qui veut que l’Algérien se sente plutôt proche de l’Europe que du continent dont il est issu trouve son explication dans l’absence de la voix de l’Algérie dans le concert des nations africaines.
Les Algériens ont-ils cessé d’être africains ? La réponse donnée par les enquêtés est sans appel et renvoie aussi à cette volonté des décideurs de vouloir s’accommoder de liens parfois imaginaires “trouvés” dans des zones géographiques et démographiques lointaines en tournant le dos à l’Afrique et même aux pays dont des milliers de kilomètres de frontières nous unissent.
Cette tendance s’explique aussi par cet “eldorado” que les Algériens voient en les pays européens et américains (M.M)

© Yacine S, Mohamed Mouloudj