VIE POLITIQUE - PERSONNALITES - HAMROUCHE MOULOUD (en construction)
Né en janvier 1943 , il rejoint le maquis de la wilaya 2 en octobre 1957 après l'assassinat de son père par l'armée française. C'est Si Messaoud Boudjeriou, Commandant de la Mintaqua 5 qui l'enverra étudier à Tunis. Il poursuivra sa formation militaire à Baghdad. Après l'Indépendance, il occupera des fonctions dans l'Etat-major avant de rejoindre, en 1968, les services de la Présidence de la République auprès de Abdelmadjid Allahoum, grand maître de cérémonies de feu Houari Boumediène ; Lieutenant-colonel de l'Anp avec Chadli Bendjedid et membre du Comité central du Fln, grâce à Rabah Bitat, dit-on, il accède aux postes plus explicitement politiques de Secrétaire général du gouvernement, puis de Secrétaire général de la Présidence de la République. Licencié en droit, et diplômé en sciences politiques, il a publié une thèse consacrée au "rôle de l'Armée en Afrique noire".
Devenu deuxième Chef du gouvernement de la "deuxième" République, ayant perdu le plaisir de "prendre sa voiture comme Monsieur tout le monde et amener ses trois enfants en balade sur les routes", il a tenté de prouver, en pensant à l'Algérie de demain qu'il "était" et surtout qu'il "sera" ce qu'il a, peut-être, toujours calculé. A. Debbih, dans Algérie-Actualité (13-19 septembre 1990) décrit bien ce côté du personnage.
"Je suis à la tête d'un gouvernement particulier", aime-t-il à répéter à ses interlocuteurs qui sont vite rassurés par cette banalité apparente…
Cette particularité cache, en fait, toute sa stratégie. Au bout de sa ligne, il a mis deux hameçons. Si le Fln sort vainqueur, il ne le sera que s'il entame sa rénovation. Etant le maître-d'œuvre de "cette rénovation pour laquelle il se battra jusqu'au bout", lui qui aime se battre et ne jamais abdiquer devant la difficulté, il ne lui restera alors qu'à ramasser la mise et décider lui-même de la distribution des cartes. Si le Fln perd, il y aura d'autres gagnants forcément. Ils ne le seront alors que parce qu'il le leur aura permis par ses réformes. Elles auront prouvé qu'elles n'étaient pas aussi vaines et inutiles pour l'opposition. C'est, pour cette raison, qu'il dira sans détour, "qu'au cas où aucun parti n'arrive à se constituer une force lui permettant une majorité", chose très probable en l'état actuel des forces en présence "à l'exception au Front islamique", qu'il prend la précaution de citer, son "gouvernement aura, alors, pour devoir, de constituer une majorité". Machiavel ? Non, pas totalement, car ce fils de chahid, qui n'a "jamais privilégié un membre de sa famille" (d'ailleurs son épouse, médecin, a toujours exercé sous son nom de jeune fille), n'hésite pas à mettre de côté, quand il le faut, les calculs de la raison au service des raisons du cœur. Ce qui en fait, en définitive, un populiste (surtout à l'approche des échéances électorales de juin 1991), ambitieux assez sympathique pour les plus jeunes. mais, paradoxalement, sa jeunesse, en des moments où le peuple recherchait plus un "père" qu'un frère, et encore moins un fils, constituait un handicap. Comme son abominable manière de "vendre" ou de "faire vendre" sa politique… aux citoyens et aux partis… et, peut-être même, à ses "proches" du cercle militaro-présidentiel. Comme, aussi, l'habitude de trop s'enfermer dans son cabinet de travail, avec des conseillers et certains journalistes totalement déphasés et portés sur les constructions intellectuelles brillantes certes, mais trop théoriques, se coupant ainsi des réalités du terrain et surtout de celles du peuple des villages et des campagnes. Ainsi, objectivement, la grève du Fis de juin 1991 a été largement sous-estimée. Dans l'émission télévisée Hiwar, le soir du 25 mai 1991, il affirmait "qu'elle avait échoué" et qu'elle n'a été suivie que dans les Apc-Fis… ce qui n'était pas peu !
Ce sont d'ailleurs, là, peut-être, ces lacunes, une vision techno-bureaucratique de la mouvance islamiste qu'il a essayé de trop "comprendre", une ambition présidentielle devenue trop visible… et un lot d'inimitiés (dont celle du Président de l'Apn qui a joué un rôle important dans la préparation du lit à la démission pendant qu'il servait d'intermédiaire entre Abassi Madani et Chadli Bendjedid), qui ont généré, sans qu'il s'en aperçoive, sa démission, présentée le 4 juin 1991 (le soir même d'un Conseil du gouvernement ayant produit un communiqué proprement surréaliste au moment où le pays s'engageait dans une infernale logique de guerre civile), de manière bien inattendue, suite aux graves développements connus par la grève politique générale décrétée par le Fis. "Il préfère, dira-t-il le 20 novembre 1991, au quotidien Le Matin, laisser la gestion du pays à d'autres hommes et à d'autres méthodes… car, auparavant, il avait promis aux algériens beaucoup de larmes mais plus jamais de sang". Il est alors remplacé par Sid-Ahmed Ghozali, ministre des Affaires étrangères.
Fini, Mouloud Hamrouche ? Il ne semblait pas : C'est, décontracté, riant aux éclats, et presque (trop ?) dominateur qu'il "passe" son fauteuil de Chef du gouvernement à son successeur, le lundi 17 juin.
(Extrait de "Chroniques d'une démocratie "mal-traitée, octobre 1988-Décembre 1992" de Belkacem Ahcène-Djaballah. Editions Dar El Gharb, Oran, 2005)
Jeudi 27 février 2014: - Mouloud Hamrouche annonce qu'il ne se présentera pas à l'élection présidentielle du 17 avril 2014 (Conférence de presse /Alger , hôtel Safir)
Il appelle l'armée à s'impliquer: "Toute solution consensuelle dûment étudiée nécessite la participation de l'institution militaire ...Si le peuple choisit la liberté , je suis profondément certain que les militaires le soutiendront"