SANTE – MALADIE – LOMBALGIE
La prise en charge de la lombalgie et le traitement de la douleur nociceptive et neuropathique ont été, à l’ordre du jour des travaux de la 5e édition de la douleur académie «Pain Academy», qui ont eu lieu, à Alger, samedi 1er février 2014, en présence d’un nombre important de spécialistes nationaux et internationaux.
Organisée par Pfizer Afrique et Moyen- Orient, cette cinquième édition dédiée à lombalgie se situe dans le cadre d’échange d’expériences et le partage des dernières avancées scientifiques en matière d’évaluation et de prise en charge de la douleur. Dans leurs différentes interventions, les experts nationaux et internationaux ont procédé à l’animation d’une série de plénières et ateliers en présentant un large éventail de sujets sur la prise en charge de lombalgie, ainsi que la présentation de cas cliniques sur le diagnostic et le traitement de la douleur nociceptive et neuropathique. Les intervenants s’accordent sur le fait que cette pathologie, douloureuse et coûteuse, touche les personnes actives et que les études de prévalence sont différentes, par contre les études de prévalence sont très rares. Selon une étude américaine, 1,39 pour 1000 de personnes souffrent de lombalgie. «Les lombalgies comptaient parmi les maladies les plus coûteuses dans le monde. C’est l’une des maladies les plus répandues dans le monde et la plus coûteuse pour les caisses de sécurité sociale, qu'il s'agisse du remboursement des congés de maladie ou des soins», souligne le Pr Chafia Dahou Makhloufi, chef de service orthopédique de l'hôpital Lamine- Debaghine d’Alger.
Elle a souligné que les dépenses liées à cette maladie aux USA représentent 90 milliards de dollars par an, alors qu’en Angleterre, ces mêmes dépenses qui représentaient 11 milliards de livres sont passées à 20 milliards de livres en 2012.
La spécialiste a affirmé par ailleurs que les données disponibles sur la fréquence des lombalgies en Algérie sont principalement issues d'enquêtes en milieu professionnel, ou auprès de populations ayant recours au système de soins. Qualifiant la lombalgie de «maladie du siècle», la spécialiste a précisé que cette pathologie touche les hommes âgés entre 25 et 45 ans et les femmes de 65 ans avec un pic de fréquence à partir de 80 ans, qui sont particulièrement exposés aux fractures et à l'ostéoporose.
Les personnes sujettes aux lombalgies sont principalement celles qui font des travaux pénibles, soulèvent des poids ou celles qui restent longtemps assises devant l’ordinateur. Elle a exhorté les personnes souffrant de cette maladie à reprendre le travail en évitant de rester cher soi, soulignant que le mode de vie moderne a fortement contribué à l'apparition des lombalgies dont le traitement exige une prise en charge médicale pluridisciplinaire. Les spécialistes ont précisé qu’en France, plus de la moitié de la population française âgée entre 30 et 64 ans souffre de lombalgies au moins un jour par an. La prévalence de la lombalgie de plus de 30 jours est de 17%. Pour la lombalgie limitante, la prévalence estimée dans la population est environ 7%. Pour le traitement, les spécialistes précisent que pour la lombalgie commune aiguë, le traitement ne peut être que médical, avec la prescription des antalgiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des myorelaxants.
D’autres traitements sont recommandés par le médecin traitant, tels que les séances de kinésithérapie et des manipulations vertébrales réalisés par le médecin. Les spécialistes ont insisté sur d’autres gestes à adopter afin d’éliminer les facteurs de risque et prévenir le mal du dos, et ce en pratiquant régulièrement du sport. Selon les intervenants, le repos et l’inactivité ne sont pas recommandés, car ils risquent à long terme de faire persister la douleur. Une reprise précoce des activités de la vie quotidienne est recommandée pour une restauration de la fonction musculaire. Car la reprise progressive des activités physiques favorise la guérison.
Les douleurs lombaires fréquentes chez les adolescents
Les douleurs lombaires ne sont pas réservées aux adultes seulement. Elles peuvent aussi toucher les enfants, dans une proportion équivalente. Des chercheurs américains ont étudié la lombalgie au sein d’un groupe de 1.242 adolescents âgés de 11 à 17 ans. 30% se sont plaints d’une lombalgie, et un tiers des sujets n’ont pu vaquer à leurs activités quotidiennes à cause de la douleur. À 15 ans, la prévalence de la lombalgie atteint 36% des adolescents. Ces résultats montrent que la lombalgie constitue un grave problème de santé chez les adolescents. De leur côté, des chercheurs finlandais ont établi que la lombalgie constitue la troisième forme de douleur la plus courante chez les enfants d’âge scolaire. Plus de 1.500 jeunes de 14 ans ont participé à leur étude. Au cours des 12 mois précédents, 30% avaient souffert d’une lombalgie assez grave pour interférer avec leur travail scolaire et d’autres activités. Quelque 39% des étudiants ayant souffert d’une lombalgie avaient eu un épisode au cours du mois précédant le début de l’étude. Au cours de la dernière année, une douleur récurrente ou continue a affecté 35% des personnes ayant déclaré souffrir d’une lombalgie incapacitante. Une «lombalgie chronique» a été diagnostiquée pour quelques 8% du groupe. Ces jeunes ont toléré une lombalgie qui a nuit à leurs activités quotidiennes même les plus simples, comme s’asseoir simplement à leur pupitre. Une autre analyse, à laquelle ont participé 1.446 enfants âgés de 11 à 14 ans en Angleterre, a permis de déceler une prévalence encore plus grande de lombalgie. Les étudiants ont rempli des questionnaires documentant leur lombalgie et l’invalidité associée. Les parents ont également rempli un questionnaire pour confirmer le compte rendu de leur enfant. Les chercheurs ont découvert que 29% des filles et 19% des garçons souffraient d’une lombalgie qui s’est intensifiée avec l’âge. Dans ce groupe, 24% ont enduré cette douleur pendant un mois seulement. 94% des jeunes souffrant de lombalgie, de tous les groupes d’âge, ont expérimenté une certaine invalidité. Les chercheurs ont conclu que «la lombalgie chez les adolescents est courante, bien qu’on sollicite rarement une attention médicale à ce sujet. Ce genre de symptômes durant l’enfance, surtout s’ils sont fréquents, peuvent grandement prédisposer à l’apparition d’une lombalgie chronique à l’âge l’adulte». En Finlande, 1.171 jeunes ont participé à une étude. Les chercheurs ont découvert que la prévalence de lombalgies récurrentes et chroniques augmentait avec l’âge : seulement 1% de jeunes de 7 ans et 6% de jeunes de 10 ans ont signalé des cas de lombalgie. Cependant, 18% d’adolescents – de 14 à 16 ans – ont parlé d’une douleur qui interférait avec leurs activités scolaires ou parascolaires. Les auteurs de l’étude ont conclu que la «lombalgie est une plainte relativement courante à l’adolescence. De plus, cette douleur est déjà récurrente ou chronique chez des adolescents de 14 ans».