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Communication sociale et réseaux - Pathé Mbodje

Date de création: 22-01-2014 14:56
Dernière mise à jour: 22-01-2014 14:56
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COMMUNICATION - ETUDES ET ANALYSES - COMMUNICATION SOCIALE ET RESEAUX-PATHE MBODJE 
​(c) Par  Ferloo.com/ Pathé Mbodje, M. Sc ​ , Journaliste, sociologue , Mardi 21 Janvier 2014

Résumé

Lorsque, en très peu de temps, près de trois milliards de personnes envahissent la toile, et que plus du quart de l'humanité (1.730.000.000) se transforme en utilisateurs d'au moins un des réseaux sociaux, le politique se retrouve dans son élément, lui à la recherche de canaux de communication vers le plus grand nombre.

Depuis 2008, le social media a littéralement envahi nos vies, comme le véhicule a perturbé la vie dans la ville qu'elle remplace ; en homme en perpétuel éveil, l'homme politique s'est transformé en community manager, comme dit Micheline Lawson : la politike, au sens grec du terme de participation à la vie de la société, se transmue en management social avec les réseaux sociaux qui excluent tout intermédiaire (le journaliste) pour assurer une nouvelle transparence et une nouvelle intimité dans la régulation du jeu social.

Cette communication planétaire à l'ère des Nouvelles technologies (Ntic) ne renforce pas nécessairement les liens de solidarité collective. Bien au contraire, le brouhaha général amène à la nécessité de se singulariser par une communication personnalisée, moins pour être que pour rester un être social dans un capharnaüm où l'individu perd de plus en plus ses repères.
 
Toutes deux, communication socialee et communication par réseaux sociaux sont tournées vers une plus grande recherche de démocratie, de solidarité. Mais la communication citoyenne au sens large noie l'individu dans la foule solitaire en refusant de sortir des ornières ; la réponse, celle plus  restreinte et paradoxale des réseaux sociaux qui isole dans la pluralité, renvoie à la vie sociale, certes, mais aussi à une recherche plus poussée, donc plus angoissée, de soi, devant de nouvelles normes sociales appelant à faire preuve de simplicité, dans son acception populaire et triviale. La participation politique est passée par là qui nécessite une réaction variée, à la dimension de l'ébullition du champ social. Cette participation, recherche de l'originalité, rejoint l'esprit d'une réponse personnalisée aux problèmes généraux. Mais l'heure de la presse people correspond à une accélération des moyens et endroits d'où on peut toucher son public sans dégager une grosse artillerie. C'est l'ère des réseaux sociaux.

Après avoir évoqué la carte politique du Sénégal de ces deux derniers siècles pour aider à mieux saisir le lien entre communication et politique, l'auteur dresse la table de la communication parlementaire et explique les origines, les formes et formules des réseaux sociaux, avant d'indiquer quelques pistes d'orientation en guise de conclusion.

 
 
1.Presse, pouvoir et communication
 
 



L’histoire relie entre elles, dans un mouvement dialectique, démocratie, formations politiques et presse aussi longtemps que l’on remonte dans le passé des sociétés ouvertes, i.e. à participation populaire. Toutes trois semblent irrémédiablement liées, pour asseoir la paix et la stabilité, imposer les changements nécessaires dans un jeu triangulaire, autorités politiques-journalistes-populations, avec toutefois, plus de pouvoir pour les deux premières entités.

 Mais, comme chez les humains, ce ménage à trois vit souvent dans les quiproquos, et non des moindres ; les maldonnes historiques jalonnent la vie du couple presse et démocratie tout au long de leur histoire commune. Elles finiront dans une séparation à l'amiable, sous la poussée de réalités nouvelles ; elles appellent donc à une redéfinition des règles de vie. Elles se feront sous un nouvel ensemble qui privilégie en fait le "je" du "nous", sous des apparences de recherche de nouvelles solidarités individuelles, les réseaux sociaux.

 Le développement concomitant de la presse, des partis politiques et des espaces de libertés individuelles et collectives s’est en tout cas vérifié au Sénégal entre 1920 et 2000 et a renforcé les espaces de libertés individuelles et collectives, avec, comme coïncidence, une densité morale plus forte observée : le peuple sénégalais semble avoir mûri beaucoup plus rapidement entre 1854 et 1920, d'abord, entre 1920 et les années 80 qui ont vu la naissance d'une démocratie intégrale avec la multiplication des mouvements sociaux et de lutte pour les droits de la personne humaine. Ceci entraînera une densité morale d'envergure entre1990 et 2000 qui aura été plus forte qu’elle ne l'a été entre, par exemple, 1960 et 1980 ; l’influence de la démocratisation de la société et son corollaire, le développement de la presse, y est pour quelque chose.

 L'étude du développement exponentiel de la presse, toutes filières confondues, renvoie à une étude sur plus de de cent ans, à partir fe 1854, et ne dépare pas des observations contemporaines : pluralités des courants d'opinion et des formations politiques, presse importante et variée dans sa densité morale, à la notable différence d'une formation. Ainsi, seule sera prise en compte le caractère promotionnel de la défense d'intérêts de groupes socio-professionnels bien compris.
 
Le premier organe « d’information » édité au Sénégal est apparu en 1854 ; il s’agit du « Moniteur du Sénégal » qui exercera dans les faits un monopole de 30 ans ou presque puisque le second organe d’information (« Le Réveil du Sénégal », progressiste ?) paraîtra pour la première fois en 1885. Ce "moniteur" est l'ancêtre de notre Journal officiel. A partir de là, nous assistons à une rapide multiplication des journaux. C’est d’abord « Le Petit Sénégalais » (1886) qui disparaîtra très tôt pour réapparaître en 1912, puis, dès après la conquête, d’autres journaux à coloration plus impérialiste : « L’Afrique Occidentale » (1896), « L’Afrique Occidentale française » (1907), « L’Ouest Africain » (1907), « Le radical Sénégalais » (1910), « La Démocratie du Sénégal » (1913), « La Tribune » (1917), « L’Ouest Africain Français » (1919), « L’Action Sénégalaise » (1922), enfin « Paris-Dakar » (1932), quotidien qui se maintiendra jusqu’à l’indépendance avant de céder la place à « Dakar Matin » qui, lui-même, sera remplacé par « Le Soleil » que nous avons maintenant et qui a pris la relève en 1970.

 
P. S. Diop donne à peu près les mêmes éléments mais les enrichit d’un commentaire qu’il faut saisir dans toute sa sécheresse. Voici ce qu’il écrit :

 « Le premier journal sénégalais date de 1856. C’est le Moniteur du Sénégal et Dépendances que l’on retrouve sous plusieurs autres appellations : Annuaire du Sénégal et Dépendances, Feuille officielle du Sénégal, Journal officiel du Sénégal et Dépendances, et, à partir de 1960, Journal officiel de la République du Sénégal.
 
Il est important de noter que le développement de la presse–non officielle–est lié à la naissance des partis politiques. Et ces partis politiques sont très souvent des filiales de grandes formations françaises. C’est ainsi qu’on voit se multiplier des feuilles se réclamant du Parti Socialiste : L’Afrique, L’Avenir du Sénégal ou Le Radical Sénégalais. Entre 1900 et 1914, on ne compte pas moins d’une dizaine de titres nouveaux.
 
Parmi eux deux titres se distinguent :


 - L’Afrique Occidentale française (1907), journal qui fait preuve d’une longévité exceptionnelle, puisqu’il survit aux deux guerres mondiales et paraît jusqu’en 1953, successivement animé par François Carpot, puis Lamine Guèye qui en a fait l’organe central du Parti Socialiste (S.F.I.O.).

 - Démocratie Sénégalaise (1913) qui porte en exergue : « Sans la presse il n’y a pas de liberté, sans l’opposition il ne peut y avoir de progrès ».

 Il faut encore mentionner qu’entre 1914 et 1950, sur une trentaine de journaux politiques et littéraires, 15 sont placés sous la responsabilité d’Africains, 12 sont dirigés par des Européens et 3 seulement par des métis. L’A.O.F. résume bien l’évolution des idées et de la société coloniale sénégalaise. Il est tour à tour animé par un Européen (Georges Ternaux), un métis (François Carpot) et, à partir de 1924, par un Sénégalais, Lamine Guèye.

 
Au total, entre 1886 et 1960, 121 titres paraissent au Sénégal, répartis ainsi qu’il suit :
 Période Saint-Louis Dakar
 
15
Autres villes
 
1885-1914 13 0
1914-1960 15 68 10
 
Il s’agit, à partir de 1914 d’une presse d’opinion dont les idées diverses (partage de l’espace urbain, égalité des droits, scolarisation pour tous, liberté d’expression) expriment les tendances antagonistes d’une communauté internationale essentiellement présente à Saint- Louis et à Dakar.
 
Avec le chiffre de 68 publications entre 1914 et 1960, Dakar se détache du reste du pays pour s’affirmer comme un foyer culturel plus ouvert sur l’étranger. Phénomène qui apparaît encore plus nettement lorsque l’on considère les infrastructures scolaires ou universitaires.
 
G. Wesley Johnson Jr remarque que, malgré la pluralité des journaux français entre 1900 et 1920, aucune analyse sérieuse n’est faite des réalités sénégalaises.

 La presse de l’époque peut être divisée en deux catégories suivant la sémantique de ces moments de premiers balbutiements : les journaux exotiques destinés à la France et aux Français d’Afrique, et les journaux « compatissant » au sort des indigènes, comme il en sera le cas durant toute la période coloniale : la ligne éditoriale se dégageait ainsi dès le départ et il sera de plus en plus difficile de faire la part du feu dans ce secteur, même aujourd’hui encore.

 L’emphase mise sur la presse écrite dans une civilisation de l’oralité n’exprime pas un paradoxe ; bien au contraire, elle délimite son champ d’intérêt et d’intervention et perpétue la discrimination envers la majorité considérée comme peu de chose.

 L’engouement des masses africaines pour la politique devait naître aux environs de la première guerre mondiale avec la crise de la circonscription avec l’intervention de politiciens nègres dont les préoccupations rejoignaient pour la première fois celles de l’ensemble des colonisés de l’Afrique occidentale française. Blaise Diagne, Galandou Diouf et plus tard les députés africains à l’Assemblée constituante française en furent les premiers bénéficiaires. S’il a fallu plusieurs décennies aux masses africaines à se politiser à la suite de la conquête de 1895 et si dans la même mesure les hommes politiques africaines n’ont émergé que pour les besoins de la guerre de 1914, c’est non seulement parce que peu d’Africains reçurent en fait l’entraînement nécessaire pour une compétition dans les institutions locales inspirées par les Français (G. Wesley Johnson R, 1971, 123) mais aussi parce que dans la réalité, la France n’a réellement jamais senti la nécessité de pousser les Africains sur ce terrain. Jusqu’en 1912 en effet, la consolidation du gouvernement colonial à tous les niveaux devint oppressive, surtout après 1900, et éclipsa l’émergence de jeunes sénégalais dans les affaires et dans l’administration, d’autant que les Français commencèrent de débarquer en masse et à accaparer le commerce à Saint-Louis.

 Le réveil politique africain date donc de 1914 avec l’opposition Blaise Diagne-Van Vollenhoven, même si Galandou Diouf avait débuté sa carrière politique en 1909 en tant que représentant de la collectivité léboue au Conseil général, et que le premier groupe de politiciens sera fondé à Saint-Louis aux environs de 1912, selon Johnson Jr. Les critiques envers le régime colonial commencèrent, comme avec l’écrivain public Mody Mbaye qui se rendit aussi célèbre que le furent certains satyres français de l’après 1789, et le passage successif d’une couronne à une autre renforcera cette volonté de démocratie au Sénégal qui a connu diverses formes de colonisations : France, Grande Bretagne, Hollande, Portugal.

 La vieille démocratie au Sénégal repose donc d'abord sur la pluralité des colonisateurs et des mouvements sociaux, même si les objectifs de départ varient selon les intérêts des uns et des autres. Aussi est-il loisible de comprendre la facilité technique avec laquelle l'évolution peut se faire pour accepter et accélérer le changement. Il en est de même de l'Europe, en restructuration continue.
 
 


2. COMMUNICATION SOCIALE  OU COMMUNICATION
 
CITOYENNE POUR UNE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE
 
 



La Communication politique connaît ainsi une évolution notable à travers le temps et les espaces démocratiques ; elle est un élément de régulation, de socialisation, d'information, bref de thérapie évoluant vers d'autres domaines au gré de la densification sociale et du besoin de maîtriser le récepteur, citoyen devenu électeur, marchandise électorale.

 Le sociologue français Dominique Wolton n'en donne pas une définition différente qui l'entend comme «l’espace oû s’échangent les discours contradictoires des trois acteurs que sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion publique". Le moment semble arriver cependant où le quatrième principe de la thermodynamique doit disparaître : une certaine dissipation de l'information a conduit à la nécessité de mettre les acteurs sociaux en relation directe, sans médiation du troisième intervenant, le journaliste. Les médiats socaux jouent ce rôle-là. C'est le mérite de concepteur d'aider ou d'avoir compris le besoin d'un face à face entre les véritables acteurs du jeu social.​

 Communiquer est une fonction sociale qui permet de différencier culture et nature ; il permet à l'individu s'utilise des symboles convenus qui permettent une transmission de lois et de règles régissant la vie en commun.

 Le jeu politique, service à la communauté, commande donc une communication permettant une promotion d'individus versés au service des autres : la représentation, instance de décision qui permet de vérifier la justesse du discours et le choix populaire, donc la représentation populaire.
 
Celle-ci doit rendre compte constamment de ses réalisations, ses missions et prérogatives, garder le contact avec les institutions similaires au plan international en dégageant les stratégies à concevoir dans les différents domaines de la communication. Il s’agit de la communication de masse, de la communication institutionnelle et du renforcement des capacités communicationnelles des Députés et des Sénateurs, des personnels administratifs parlementaires mais aussi des partenaires, que sont entre autres les professionnels de l’information : leur capacité de promotion de visions et d'auto-promotion est prouvée par leur présence dans ce cercle de décision et de pouvoir.

 A l'impératif de communiquer, le Parlement, pour ce qui nous intéresse ici, allie l'obligation de réconcilier, en retour, le citoyen de la représentation qu'elle s'est choisie, principalement plus par la valorisation de l'institution elle-même que des parlementaires. Premier niveau de difficulté et de rupture du lien social : la visibilité individuelle est noyée pour l'électeur qui ne retrouve pas forcément son élu dans la masse.

​En effet, la vocation générale de la communication parlementaire et ses canaux ( communication de masse, communication institutionnelle et renforcement des capacités des acteurs et des partenaires) l'emportent souvent sur les attentes du citoyen.

 
2-2. Les acquis majeurs de la Communication sociale
 


Par obligation de résultat et par le devoir de communiquer, on cherche à donner plus de crédibilité à l’action parlementaire et, partant, asseoir une réelle appropriation des populations avec l’engagement politique au service de la Cité ; la construction d’une conscience citoyenne et la véritable participation des populations au débat démocratique national passent-elles forcément par là au moment où tout bouge ?

 Le regretté Antoine Ngor Faye, reconnu comme faisant autorité en la matière, est optimiste lorsqu'il affirme : "Il importe, dans un souci de visibilité, de transparence, de donner une compréhension plus large des politiques et stratégies de communication parlementaires mises en œuvre. Au regard de l’importance accordée aux mass médiats, de la nécessité du renforcement des capacités des acteurs que sont les professionnels de l’information, l’urgence d’un partenariat fructueux entre ces différentes parties sonne comme une nécessité". Malheureusement, les faits nouveaux ne donnent pas le même sens, dans l'acception physique d'orientation spatiale-temporelle, et même au niveau mental.

 
3. Le Personal Branding, A l'aube des média sociaux
 
3.1-Les antécédents socio-politiques
 



La consécration suprême de l'engagement, la consécration, passe par une compétition : l'élection. Elle est perçue comme voie médiane de renforcement de la démocratie et de ses corollaires que sont la transparence et la bonne gouvernance (régularité des scrutins, liberté de candidatures, candidatures multiples, campagne électorale et possibilité d'alternance-Adam Przeworski, Dimanche 5 décembre 2010, in "Le Courrier international", Linz J. Juan : « Les contraintes temporelles de la démocratie », in..., p.18).

 L'élection marque en fait la première manifestation d'un pouvoir partagé comme élément de stabilité sociale. C'est en effet par la pluralité que se vérifie le dynamisme des problèmes réglés ou à régler avec des promesses de campagne toutes aussi aléatoires les unes que les autres ; le choix d'un idéal-type à la Max Weber (in Essais sur la théorie de la science, 1913) n'est dans les faits que la synthèse de tous les compromis possibles médiatisés par la mise en place d'une équipe devant comprendre le message global des électeurs. De la progression de sociétés relativement homogènes cherchant à minorer l'influence de minorités, à la phase de représentation proportionnelle (Huntington, S. P., 1991), le substrat idéologique reste le même d'une situation bâtarde incluant toutes les opinions, le tout finissant comme dans la fable "Le meunier, son fils et l'âne".
 
« —Il y a à parier (...), en citant Chamfort, que toute idée politique, toute convention reçue est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » (Edgar Allan Poe. 1856).
 
La loi du plus grand nombre ne semble plus, en effet, être la voix de la raison ; autrement dit, l'adage "Vox Populi, Vox Dei" ne paraît plus se vérifier. Le plus n'est pas le mieux. Une nouvelle densité sociale voit le jour devant de nouvelles difficultés de la vie depuis le début des années 70 avec le choc pétrolier, précédé de la terreur internationale née de la création de l’État d'Israël et leurs conséquences sur le comportement humain à travers les pays dans ses relations avec l'autre, de l'intérieur comme de la diaspora. Dumas Père ne se vérifie plus quand le besoin, au lieu de rendre industrieux, conduit à une mollesse cérébrale qui se résume dans l'acte suprême d'un choix qui tout à la fois exclue et englobe toutes les opinions publiques nationales et internationales qui interviennent peu ou prou dans la marche intérieure d'un pays dit souverain. L'élection présidentielle de 2002 en France démontre ainsi un curieux choix (Le Pen à la place de Jospin), surtout qu'en 1995 déjà, personne n'avait vu venir Jacques Chirac, surtout pas les instituts de sondage, instantanés momentanés de la réalité sociale.

 
Les manifestations actuelles de telles pratiques populaires posent à la vérité quelques problèmes, surtout que le partage des idées ne donne pas une action plus décisive sur la pratique sociale. Ainsi, les majorités composites semblent être la conséquence de ce qui précède ; et, bien souvent, elles peinent à se maintenir au pouvoir. Si la France mitterrandienne et chiraquienne a pu louvoyer plus ou moins bien pour mener à terme ses différentes cohabitations (Jacques et François devenant des mythes errants), l'Italie du Compromis historique de Berlinguer est la meilleure manifestation d'un souci de mutualisation des efforts politiques aux fins de survivre en tant que groupuscule important, en relevant la nécessité d'inclure une minorité au moins (34%) ; ajoutons-y, pour faire plus récent, le Sénégal des années 2000 avec les alternances démocratiques de Me Abdoulaye Wade et de Macky Sall où le prétendant n'est aimé que par un Sénégalais sur quatre (Me Wade) voire un sur cinq (Macky Sall), la complexification du social dans des normes et valeurs diverses (absence de repères), la naissance de mouvements épousant ces nouvelles valeurs, l'intervention de la société dans la redéfinition du jeu politique, c'est-à-dire sur le réel avec l'invasion de la société civile, en particulier les artisans de la reconnaissance et du renforcement des droits de la personne humaine...qui peinent apparemment à comprendre l'humain dans son tréfonds.

 Ceci a conduit à un émiettement de l'électorat, un ramollissement cérébral comme dit Nonna Mayer (sous la direction de : Le nouveau désordre électoral français : 1995-2002 et 2010). Aux États-Unis, le diktat des "Ânes" et des "Éléphants" ne compense pas la diversité des candidatures mais multiplie les problèmes locaux à solutionner lors des élections, de la couleur du cheval blanc de Henri IV au poteau électrique placé devant un jardin et qui gâche l'harmonie de l'environnement ; l'élection de Georges W. Bush Jr, en 2000, amenait déjà à se questionner sur le sens du vote, et pas seulement en Floride.

 La satisfaction de voir les nouvelles préoccupations prises en compte par des groupes fragilise alors le système démocratique quand on se contente désormais de peu, et conduit souvent des minorités réunies au pouvoir où elles peinent à asseoir un semblant de cohésion politique dans une tentative de réalignement politique qui se veut sommation des enjeux sociaux. Cette pluralité ne peut plus être gérée selon les annaux traditionnels. Il faut désormais innover.
 
3.2-Le coup de pouce technique
 
3.2.1Réseaux Sociaux & Personal Branding (Marque Déposée) : Du unet à internet en passant par le fidonet

 


Depuis 2008, le social média a une incidence particulière sur notre vie : nous-même, nos proches d'ici ou d'ailleurs avons réduit le temps et l'espace grâce aux médiats sociaux. La naissance de l'Internet permet de contourner ces difficultés essentialistes et existentialistes.

 Internet est né grâce à l'armée américaine qui cherchait un moyen de toucher l'ensemble de ses troupes éparpillées à travers le monde. Auparavant, par le système complexe du "Unet" et du "Fidonet", certaines transmissions de données étaient possibles.

 Au Sénégal, l'Office de la Recherche technique et scientifique de l'Outre-mer (  Orstom, actuelle Agence pour la Recherche et le Développement) et Enda Tiers-monde figurent parmi les utilisateurs du Fidonet qui permettait, à partir de conversion d'un fichier en mode Word, de déposer l'envoi à Londres, au Royaume-Uni, et à en Amérique, d'où se faisait la transmission finale. Avouez que des renseignements, le système pouvait être éventé à tout moment. L'Internet, au début des années 90, aidera à démocratiser les échanges.

 
Mais, comme dans la course à la découverte du virus du Sida qui opposera la France (Pr Montagné) à certains laboratoires américains, Internet avait des précurseurs africains.
 
Réunis en effet au Gabon, la fine crème de l'informatique africaine avait déjà l'intuition d'une forme populaire de transmission de données scripturales, vocales et pixellisées ; malheureusement, ces chercheurs, dont le Sénégalais Oumar Sarr de Dagana, se feront coiffer au poteau par leurs collègues américains. Il faut noter, pour se féliciter d'une sorte de revanche de l'histoire, les découvertes récentes d'Africains de renommée dans secteur. Et, au moment "où nous sommes invités à dire le monde en 142 caractères, pas un de plus au risque de tout ruiner, les maitres de ces étroits sentiers ont compris que les mots constituaient une ressource inépuisable. (...) Et, en quelques saisons, près de trois milliards de personnes y ont placé leurs sentiments, leurs peines et leurs joies, leur sagesse et leur folie en utilisant des trillions de mots dans toutes les langues parlées et en quelques autres. Cette circulation des mots occupe le premier rang de tout ce qui circule sur notre planète. Il nous faut prendre acte".
 
Ce dépit apparent vient d'un homme de culture, ancien secrétaire général de l'Agence de Coopération culturelle et technique, ancêtre de l'actuelle prestigieuse Organisation internationale de la Francophonie, qui nous vaut le plaisir et l'honneur d'être ici à Lomé, aujourd'hui. Jean-Louis Roy, ancien excellent directeur du quotidien "Le Devoir de Montréal", déplorait la simplicité à laquelle nous invitait la découverte du SMS qui a bouleversé le secteur de la communication sociale : la forme réductrice de l'écrit, transcrit dans un charabia à faire frémir Molière, rébute; elle est cependant le prix à payer pour gagner de l'espace et du temps face à l'envie de rapprochement  qui hante aujourd'hui les sociétés. Élève est également une invité à la simplicité et à l'exclusion d'un purisme qui encombre le message à diffuser.

 Facebook bat tous ses adversaires dans le secteur des médiats sociaux puisqu'il était largement en tête en 2013, alors qu'il était battu en 2008 ;Google+, LinkedIn et Twitter viennent en suite dans des proportions appréciables. Le score à la base des estimations se comprend en termes d’utilisateurs. Relevons certaines anecdotes et dates-repère notées par le site "Siècle digital" dans so. Journal du 12décembre 2013 :

 
"2008-B. Obama est le premier candidat américain à la présidentielle qui utilise les réseaux sociaux comme moyen de communication. Sa stratégie social media est très bien orchestrée et contribuera (dans sa mesure) à son élection. Aujourd’hui, sa stratégie reste l’une des plus avancée.

 
2009-Un avion commercial amerrit sur l’Hudson River, l’information est relayée par un citoyen sur Twitter et non un journaliste. Celle-ci sera partagée dans le monde entier ! Une nouvelle façon de s’informer entre en scène".


 
Les médiats sociaux deviennent ainsi une marque personnelle, à la différence des médiats publics ou privés, et répondent à un nouveau besoin du public qui se cherche de nouveaux leaders.
 
"La marque personnelle est la perception que nous voulons que la communauté ait de nous. Il nous faut par conséquent travailler pour forger dans la conscience collective les valeurs que nous incarnons, nos réussites, nos réalisations… La gestion de notre marque personnelle nous oblige à être modèle, mentor et / ou une voix que les autres seront toujours ‘pressés d’écouter’. Quand nous écrivons un blog ou un article, nous devons être conscient que notre communauté s'attend à une ‘expérience de pensée’ spécifique à nous et qui porte ‘notre marque de fabrique’, voire une marque personnelle est une exigence de leadership. Il vous permet d'être un meilleur leader, un leader plus authentique qui permet de créer un plus grand impact global. La marque personnelle n'est plus une option, elle n’est pas non plus une auto-promotion mais un puissant facteur de leadership".
 

 
Conclusion
 
 
Il faut donc en prendre acte : aujourd'hui, avec très peu de mots, près de trois milliards d'individus expriment leurs sentiments et leurs rêves sur le net. Quel est l'homme politique qui se passerait d'un tel service ? La construction d’une conscience citoyenne et la véritable participation des populations au débat démocratique national, passent par un dialogue soutenu à travers ces canaux d’information et de sensibilisation.

 
Les réseaux sociaux ne se sont pas substitués aux canaux traditionnels qui lient l'homme politique à sa population cible, l'électeur, qu'il soit sur le territoire national ou disséminé dans la diaspora ; ils améliorent le pont en éliminant une intermédiation par le biais du journaliste exclu du débat. Communication publique et privée, les médiats renvoient à un tête à tête entre les deux points de régulation du jeu socio-politique.
 
 
Orientations bibliographiques

 

 
Faye Antoine Ngor :

 
La Communication parlementaire en Afrique, RECODEV/AFRIQUE, 2007 .
 
L’information parlementaire et ses enjeux, Revue RAPP-INFOS, 2007
 
 
Max Weber, Essais sur la théorie de la science, 1913
 
 
Alioune Tine : “De l’un au multiple et vice versa ? Essai sur le multipartisme au Sénégal,
 
(1974-1996)”. Institut d'Études Politiques de Paris (France), 1997)
 
Camille Camara : Saint-Louis du Sénégal. Evolution d’une ville en milieu africain. Université de Dakar, IFAN, Dakar, 1968. Série : Initiative et études africaines n° XXIV.
 
G. Wesley Johnson Jr : The Emergence of Black Politics in Senegal : the Struggle for Power in the Four Communes. 1900-1920, Standford University Press, 1971.
 
P. S. Diop  Ville impériale, ville coloniale et post-coloniale - Ville coloniale et presse (page 39 : Document consulté : La Presse au Sénégal, des origines à l’Indépendance. Saint-Louis : C.R.D.S., Série Expositions , No. 2, 1978.
 
Huntington, S. P. : The Third Wave-Democratization in the late 20th Centry, Oklahoma University Press, 1991
 
Linz J. Juan : « Les contraintes temporelles de la démocratie », Revue internationale de politique comparée, 2006/1 (Vol. 13), 170 pages
 
Edgar Allan Poe. « Histoires extraordinaires. » iBooks. (Traduction par Charles Baudelaire, Première publication en France en 1856)
 
Nonna Mayer : Sociologie des comportements politiques, 2010, Paris, A. Colin (coll.U)
 
Vincent Lemieux : “Les partis politiques et les élections.” (1994), Université Laval (1994)
 
Pierre Martin : Les élections législatives partielles en France de 1973 à 1980 : mécanismes et enseignements, Revue française de science politique, Année 1981, Volume 31, Numéro 3 pp. 535-562
 
Lettre de Jean-Louis Roy, ancien secrétaire général de la Francophonie), 8 décembre 2013.
 
Lansana Sakho, Facebook, le 30 Novembre 2013 et discussions
 
Siècle digital, 12 décembre 2013
 
​ Pathé MBODJE, M. Sc ​
Journaliste, sociologue