RELATIONS INTERNATIONALES - ETUDES ET ANALYSES - PARTENARIAT FRANCE/AFRIQUE - RAPPORTA FRANCAIS 2013
«Pour un nouveau modèle de partenariat économique entre l’Afrique et la France» est le rapport commandé par le gouvernement français, réalisé par une équipe dirigée par Hubert Védrine, ex-ministre des Affaires étrangères, en partenariat avec le Medef International (publié mi-2013) . Ce rapport, qui contient 15 propositions pour «lancer une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France», a été élaboré par l’ancien chef de la diplomatie française et des personnalités françaises et franco-africaines, à l’exemple de Hakim El Karoui, Jean-Michel Severino, Tidjane Thiam, Lionel Zinsou.
Ce rapport, qui s’intitule aussi « pour un partenariat d’avenir », invite la France à prendre en compte l’émergence économique et sociale du continent noir qui sera l’un des pôles majeurs de la mondialisation de ce siècle. Les rédacteurs du document appellent à sortir des clichés qu’ils se font du continent africain. Même s’il existe bien des jeunes désespérés qui fuient en masse au péril de leur vie le continent et qu’il est occupé par des bandes armées en quête d’enlèvements, cette certitude masque néanmoins une autre Afrique, plus nombreuse, plus puissante, l’Afrique qui construit l’avenir et qui est déjà une réalité pour des centaines de millions d’Africains et de Français qui y vivent et y travaillent, relève le rapport. La croissance économique en Afrique est de l’ordre de 5% depuis une dizaine d’années, juste derrière l’Asie et loin devant l’Europe : la croissance du PIB africain devrait atteindre 5,6% en 2013 et s’élever à 6,1 % en 2014, confirme le document de Védrine qui rajoute que l’Afrique a connu la plus forte croissance dans les échanges internationaux entre 2000 et 2011, avec une croissance des importations au sud du
Sahara de 16 % par an en moyenne. L’Afrique épargne le plus après le continent asiatique et les réserves de change sont estimées à 500 milliards de dollars, alors que la capitalisation boursière a été multipliée par neuf depuis les années 1990, et plus de 2 000 entreprises y sont cotées. En 2011 et 2012, l’Afrique est l’une des régions qui a enregistré une hausse dans les investissements directs étrangers, au moment où les flux mondiaux durant la même période ont enregistré une baisse. Le rapport présenté par Védrine et son équipe mentionne que l’Afrique subsaharienne embourbée dans de violents conflits est passée, entre 2002 et 2011, de 55 % à 24%.
L’indice du développement humain s’est amélioré de 15,6 % entre 2000 et 2010 pour la seule Afrique au sud du Sahara. Les flux financiers issus des migrants sont importants et sont estimés, pour la seule année de 2012, à plus de 30 milliards de dollars, soit quatre fois plus qu’en 1990. Les potentialités de l’Afrique sont considérées importantes par les rédacteurs du document. La population africaine doublera d’ici 2050 pour atteindre quasiment 2 milliards d’individus, ce qui en fera l’un des plus grands marchés du monde. Ce qui fera augmenter les dépenses des ménages africains de 840 milliards de dollars en 2008 à 1400 milliards de dollars en 2020. Les investissements annuels dans les infrastructures atteindront les 72 milliards de dollars. Védrine n’omet pas de soulever l’avancée du géant chinois sur le continent noir. La part de marché de ce dernier est passée de moins de 2% en 1990 à plus de 16 % en 2011 sur le continent.
D’autres acteurs, en dehors des pays de l’Union européenne, intensifient leurs activités en Afrique. Le rapport cite l’Inde, les États-Unis, Israël ou l’Iran, ainsi que de nouveaux acteurs qui sont apparus comme le Brésil, les pays du Golfe, la Turquie et la Malaisie. L’Afrique du Nord est devenue un partenaire important de l’Afrique subsaharienne et des acteurs africains de taille continentale sont apparus, ce qui a poussé le marché français dans cette région a décliné, entre 2000 et 2011, de 10,1% à 4,7%.