ENVIRONNEMENT-ENQUETES ET REPORTAGES –ALGER AVANT-REBAH M’HAMED/REPORTERS
(e) Écrit par M’hamed Rebah , in Reporters, mercredi 11 septembre 2013
«Une colonie de singes mâles et femelles vient de prendre possession des parties boisées du Frais Vallon, sur les hauteurs de Bab El Oued, près d’Alger. On présume qu’ils ont été attirés par les fruits des vergers, notamment les pastèques et les melons, dont ils sont très friands et qui ne se trouvent guère dans les gorges de La Chiffa.
Une nuit, les chacals, très gourmands de fruits eux aussi, ont engagé un combat contre les singes qui fit des morts et des blessés parmi les singes et les chacals, tous deux ayant été chassés à coup de gourdins par les riverains dérangés par le vacarme de la bataille.» C’était en mars 1857, par une nuit sans lune, les singes avaient envahi Alger comme ils l’ont fait cet été dans le village Aguouillal, une petite localité montagneuse, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Bouira, où ils étaient une centaine en quête de nourriture s’offrant un régal sur les arbres fruitiers qui ne manquent pas dans cette zone, figuiers et grenadiers, et semant, au passage la panique au sein de la population locale. Ce fait anecdotique montre combien Alger a changé. Depuis bien longtemps, il n’y a plus ni pastèques ni melons à Bab El Oued et aussi bien les singes que les chacals n’ont, heureusement, plus rien à y faire. Personne ne pourrait croire qu’au printemps 1857, les panthères avaient leurs quartiers dans ce qui est aujourd’hui un… quartier résidentiel : Kouba. C’est un journal de l’époque, La nouvelle estafette, publié à Alger par les autorités coloniales françaises, qui rapportait dans son édition du 2 mars 1857 une bien tragique histoire: «Mme Dubois travaillait dans un champ à demi défriché, situé à Kouba, près de hautes broussailles qui vont aboutir à un ravin profondément encaissé. Elle avait avec elle sa fille âgée de 4 ans qu’elle avait déposée à l’ombre sous une touffe de palmiers-nains. Tout à coup, le bambin poussa un cri perçant, Mme Dubois se retourna et vit une
panthère sortie du fourré tenir entre ses dents sa petite fille tout en regardant la pauvre femme avec des yeux flamboyants. Pétrifiée par cette apparition, la malheureuse mère demeura comme paralysée et le monstre profitant de cet instant d’indécision s’enfonça d’un bond dans les broussailles avec son précieux fardeau.» Dans la même édition, La nouvelle estafette donnait une autre information tout aussi effrayante: « Le vieux Mahmoud qui s’acheminait sur un âne de Staouéli vers Alger a été dévoré par un lion qui se présenta tout d’un coup devant lui au détour d’un sentier. Bien qu’il se soit précipité au bas de son âne, le lion ne lui laissa pas le temps de s’éloigner et d’un bond l’atteignit, le mit en pièces et le dévora.» Le journal conclut : «Nous ne saurions trop répéter nos conseils de prudence. Il est dangereux de fréquenter les broussailles et les bois qui entourent notre ville d’Alger. Les attaques dues aux fauves sont de plus en plus nombreuses.» Le journaliste termine par un appel aux chasseurs pour organiser des battues et «débarrasser le Sahel de ces animaux féroces». Son appel a été entendu, plus aucun fauve ne menace le voyageur sur les routes d’Algérie. Le dernier lion de l’Atlas a été tué en 1893 dans les Aurès et les dernières panthères ont été vues pendant la guerre d’indépendance du côté de Kherrata, il n’y en a plus trace depuis 1958. Seul subsiste le guépard, mais il faut aller très loin dans le Sud, en plein Hoggar, et avoir beaucoup de chance, pour espérer le croiser. Il est cité par l’Ordonnance du 15 juillet 2006 relative à «la protection et à la préservation de certaines espèces animales menacées de disparition». C’est donc la preuve qu’il existe encore dans notre pays
Mercredi, 11 Septembre 2013 09:50
Dans la plupart des secteurs où il est passé, il s’est montré plutôt pragmatique. Il a toujours privilégié la logique.
“Un homme de conviction, intellectuel, engagé, rigoureux jusqu’à l’intransigeance, un exemple de probité, de lucidité intellectuelles et de compétence”, ce sont là quelques traits de caractère que Fatiha Mentouri citera en parlant de son frère, Mohamed Salah Mentouri, ancien ministre et ancien président du Cnes, lors de l’hommage qui lui a été rendu, hier, par l’association Machaâl Echahid au Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid à l’occasion du troisième anniversaire de sa disparition. Une rencontre consacrée à de vibrants témoignages de la part de ses compagnons, dont pour beaucoup d’entre eux il a été leur responsable. De ses qualités, ils n’en tarissaient pas. “Son adolescence a été imprégnée par l’environnement patriotique dans lequel il a évolué : ses frères aînés étaient engagés dans le mouvement national. Mahmoud a été condamné par contumace lors du procès des étudiants de Lyon, avant de rejoindre les rangs de l’ALN en 1956 dans la Wilaya I, où il tombera au champ d’honneur en 1957, à l’âge de 26 ans, avec le grade de commandant. Bachir est aussi entré en clandestinité et rejoint l’Armée des frontières-Est en février 1957, et sera parmi les médecins qui ont créé les structures de santé de la Révolution”, dira, dans son intervention, notre ami et collègue, Mahmoud Boussoussa, un des anciens journalistes d’El Moudjahid. Mohamed Salah, se met, pour sa part, dès l’âge de 15 ans, à la disposition de la cause nationale de l’OCFLN de Constantine. Il est arrêté en 1956 avec l’un de ses camarades et échappe de justesse à une exécution sommaire. Après avoir obtenu le baccalauréat en 1958, Mohamed Salah Mentouri est envoyé avec une bourse du GPRA en Suisse où il est inscrit à la prestigieuse école HEC, tout en restant militant au sein de la Fédération FLN de France. Après l’Indépendance, il fait partie de la génération des bâtisseurs de l’Algérie, marqué par son attachement viscéral à la patrie et un sens aigu de la justice sociale. Mais ces principes ne seront pas toujours bien interprétés, puisque, comme le dit M. Boussoussa, en 1968, fonctionnaire à la SN Repal, il se retrouve licencié par la tutelle pour avoir, avec d’autres syndicalistes, lancé une grève d’ordre strictement professionnel. En 1970, il occupe successivement les postes de sous-directeur de la coordination, puis de DG de la Sécurité sociale où il laisse son empreinte comme signataire de la convention générale algéro-française encore en vigueur. Dans la plupart des secteurs où il est passé, il s’est montré plutôt pragmatique. Il a toujours privilégié la logique. Au début des années 1990, il est nommé ministre des Affaires sociales, puis ministre de la Santé et des Affaires sociales, à la suite desquelles, il appelle le gouvernement à la démission. Mais, c’est en 1996 qu’il accepte d’entrer au Conseil national économique et social (Cnes), dont il est devenu président. À la surprise de tout le monde, il démissionnera de cette institution en 2005. De toutes les interprétations issues de cette démission, l’on retiendra celle-ci : Mohamed Salah Mentouri avait refusé de faire de cette institution “une caisse de résonance” du gouvernement, lui qui avait un jour déclaré qu’il s’est fixé pour objectif de forger un instrument d’analyse critique et de réflexion constructive capable de fournir une grille de lecture avec ses référents éloignés des standards de l’autosatisfaction. Et comment en serait-il autrement lorsque l’on sait que l’homme intègre qu’il était adressait périodiquement des rapports sans ménagement à la politique gouvernementale, non sans apporter l’éclairage nécessaire sur la situation du pays. En visionnaire, il a toujours tiré l’alarme sur l’absence d’une stratégie profonde dans le plan de relance économique. C’était il y a dix ans. L’observation est valable aujourd’hui. L’homme n’a eu de cesse de se battre, notamment lorsqu’il était dans le secteur de la Sécurité sociale, comme le rappellera son ancien chef de cabinet, Djamel Eddine Belhadjoudja, où il a créé une symbiose entre les anciens et les nouveaux employés. “Au Cnes, il a créé un vrai débat pour garantir l’expression sans aucun embrigadement”, dira ce dernier. Pour Aïssa Badis, ancien cadre supérieur de la Direction de la Sécurité sociale, M. S. Mentouri a tout fait pour unifier les systèmes et rappelait souvent que la cotisation à la Sécurité sociale n’était pas un impôt, mais une obligation.
C’est vrai qu’au Cnes, les témoignages s’accordent tous à dire que lors des sessions ordinaires, les différents aspects de la politique gouvernementale étaient appréciés et jaugés avec objectivité. M. S. Mentouri évitait la langue de bois en se basant sur la réalité des statistiques et des faits économiques. Ses anciens compagnons disent que c’était un grand homme d’État qui a toujours servi son pays avec abnégation, dévouement, humilité et modestie. L’hommage s’est terminé par la remise d’un bouquet de fleurs par la directrice du journal El Moudjahid à la famille du défunt.