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Evenimation scorpionique- S.a.m/El Moudjahid
Date de création: 03-09-2013 13:37
Dernière mise à jour: 03-09-2013 13:37
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ENVIRONNEMENT- ENQUETES ET REPORTAGES – EVENIMATION SCORPIONIQUE – S.A.M /EL MOUDJAHI
Par S.a.m/ El Moudjahid, mardi 3 septembre 2013
• 608 morts entre 2002 et 2010
• 73% des décès sont des enfants de moins de 15 ans
• 68% des piqûres enregistrées dans les maisons
Considérées comme étant un véritable problème de santé publique en Algérie, les envenimations scorpioniques demeurent un vrai cauchemar pour les populations du Sud. Plus particulièrement pendant les grandes chaleurs qui voient le nombre de victimes accroître considérablement.
Chaque année, et sur 50.000 envenimations scorpioniques, près d’une centaine de personnes meurent en raison notamment d'un retard dans l'administration du sérum anti-scorpionique, a révélé récemment un responsable de l'Institut national de santé publique (INSP). Un chiffre qui est en baisse comparativement aux années précédentes, grâce notamment au «développement » des méthodes de traitement et aux campagnes de sensibilisation. La mise en place d’un programme de lutte à partir de 1997 a eu pour effet immédiat une baisse du nombre de décès.
Les statistiques demeurent toutefois inquiétantes. Les enfants en âge de scolarité sont plus exposés et représentent la moitié des victimes, d’où l’importance des campagnes de sensibilisation qui demeurent un excellent support pour lutter contre ce phénomène qui frappe essentiellement les régions du Sud et des hauts-plateaux. La stratégie de prévention doit s’articuler, selon les spécialistes, autour d’actions intersectorielles et s’intéresser aux zones à risque élevé de scorpions. En parallèle, les experts estiment l’urgence de réaménager le système d’information actuel et l’élaboration des stratégies locales de prises en charge et de prévention ainsi que le développement des plans d’action ayant trait à la formation et à la recherche. Souvent invisibles, les scorpions se cachent dans les gravats ou les ordures ménagères, ce qui constitue un gîte proche des habitations. A plus forte raison lorsque l’environnement s’y prête avec l’absence d’éclairage et une grande insalubrité publique. Les sites rocheux, les maisons construites en pierres ou encore les lieux désertiques sont les territoires favoris de ces arthropodes. La prévention contre ce danger consiste, selon les services de la Protection civile, à nettoyer les alentours des maisons, se débarrasser dans les jardins des débris et herbes mortes, des pierres inutiles, d’élever des poules et de colmater les murs de manière à les rendre lisses. Aussi, les spécialistes suggèrent une bonne éducation sanitaire et d’inculquer une culture durable dans l’esprit des populations pour réduire à néant les risques des envenimations scorpioniques. Question coût financier, il faut savoir que la prise en charge d’une personne hospitalisée pour envenimation scorpionique s’élève à 10.000 DA.
En Algérie, il existe des espèces de scorpions qui sont dangereuses pour l’homme. Il s’agit des «androctonus aeneas» que l’on trouve aux hauts plateaux, l’Atlas saharien, des «androctonus australis» du Sud des hauts-plateaux, l’Atlas saharien, des «androctonus crassicauda » qui peuplent la région de Tindouf, Tindouf et enfin des «buthus occitanus » dans la bordure septentrionale du Sahara.
Par le passé, l’un des moyens efficaces de lutte contre les scorpions a trait à la collecte et au ramassage de ces invertébrés venimeux avant de les «expédier» vers l’Institut Pasteur d’Alger pour en fabriquer un sérum anti-venin. Mais ce procédé a malheureusement perdu du terrain à cause, entre autres, de l’absence d’enveloppe budgétaire consacrée pour ces collectes initiées à une certaine époque à travers l’ensemble du territoire de la wilaya.
Le ramassage et la collecte des scorpions en déclin
A titre d’exemple, on compte cette année 434 scorpions seulement qui ont été ramassés dans la wilaya de Ghardaïa, ce qui est peu pour une région réputée pour la prolifération des scorpions. A M’sila, 500 chasseurs de scorpions ont été recrutés et pour chaque arthropode attrapé, une modique somme de 40 DA est offerte, histoire de motiver les jeunes. D’année en année, la population exposée au risque d’envenimation scorpionique n’a cessé de croître, particulièrement au cours de la décennie écoulée. En 2010, elle a atteint 72% contre moins de 30% seulement en 1997.
De 2002 à 2010, on a compté 608 décès causés par les piqûres de scorpion et rien qu’en 2010, plus de 49.570 piqûres ont été observées dans 38 wilayas du pays. Les caractéristiques épidémiologiques des décès par envenimation scorpionique en Algérie, réalisées par l’INSP, démontrent que 73,4% des décès touchent les enfants de moins de 15 ans, l’âge moyen étant 13,8 ans.
Les enquêtes diligentées par les différentes directions de santé des wilayas ont révélé que l’habitat précaire est un facteur aggravant dans les envenimations scorpioniques. En effet, sur les 608 morts en Algérie entre 2002 et 2010, on apprend que 36% des victimes, 220 décès, ont été piquées à l’intérieur de ce type d’habitations, tandis que près de 35% des morts résidaient dans des maisons individuelles plus ou moins décentes. Aussi, on compte près de 68% des personnes décédées qui ont été piquées à l’intérieur de leurs habitations. Mais il faut relever que la majorité des piqûres survenues à l’intérieur touchent des personnes de sexe féminin (58%) et que celles survenues à l’extérieur touchent des personnes de sexe masculin (60,4%). En outre, 55,7% des décès ont nécessité une évacuation vers une structure hospitalière. Plus encore, et pour les délais de prise en charge, il s’est avéré que la majorité des personnes piquées décédées se sont présentées rapidement à une structure de soins (moins d’une heure dans 53,2% des cas).
Mais le plus intéressant dans les enquêtes des spécialistes réside dans la différence des délais entre l’instant de la piqûre et le moment du décès. Car même si la moitié des victimes périssent entre 24 et 48 heures après l’accident, il semble bel et bien que pour certaines wilayas, le décès survient plus d’une heure après la piqûre mais pour d’autres régions du pays, le délai se limite à moins d’une heure. Le venin des scorpions diffère-t-il d’une région à une autre ? Possible si l’on tient compte de ces conclusions.
L’analyse du délai de prise en charge démontre que plus de 53% des décès ont été pris en charge au cours de la première heure qui a suivi la piqûre, alors que 28,5% l’ont été entre une et deux heures après avoir été piqués. Les wilayas qui ont enregistré le plus grand nombre de décès, telles que El Oued, Ouargla et Biskra, mentionnent, quant à elles, des délais de prise en charge inférieurs à une heure, chose qui donne une idée sur la dangerosité de ces bêtes dont la piqûre nécessite une réaction ultrarapide si l’on veut épargner les vies humaines.
Ce qui est certain en revanche, c’est que la proportion d’enfants décédés au cours des premières heures est élevée par rapport à celle des adultes (44,5% contre 37,1%). Les données relatives aux circonstances de survenue de l’accident scorpionique montrent par ailleurs que 47% des piqûres ayant causé des décès ont eu lieu entre 18h00 et 23h00 et 24,6 % au cours de la deuxième moitié de la nuit (00h00 – 05h00). Au final, l’heure moyenne de la piqûre est fixée à 20h56 pour la tranche horaire allant de 18h00 à 23h00.
Existe-t-il un chrono-risque scorpionique ?
Ces résultats suggèrent, selon les spécialistes de l’INSP, l’existence d’un chrono-risque scorpionique. Quant à la période de l’année la plus fatale, c’est naturellement durant les mois de juillet et août qu’on enregistre le plus d’accidents scorpioniques et représentent un taux de 62,4% de décès.
Ces deux mois enregistrent plus de 18 décès par envenimations scorpioniques au-dessus de la moyenne générale. Par wilaya, les données confirment que 63% des piqûres enregistrées dans notre pays ont eu lieu à Adrar, Biskra, Djelfa, M’sila, Ouargla et El Oued. 57,8% des décès notifiés entre 2002 et 2010 ont eu lieu dans les wilayas de Ouargla, M’sila, Djelfa, El Oued. Par commune, la palme des décès revient à El Oued, Ouargla, Touggourt, Biskra, Tamanrasset, Aïn Ouessara, Bousaada, Aïn Sefra, El Bayadh et Messaad qui représentent plus de 50% des morts par piqûres.
© S.a.m/ El Moudjahid, mardi 3 septembre 2013
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